Et comme d'habitude, tu le sentais le manque. Peut être même un peu trop. Sauf que là, c'était pas comme d'habitude, tu galérais pas pour payer tes doses, tu galérais pas pour récupérer tes consos. C'était même carrément l'inverse. Peut être parce que tu t'étais pris la tête avec celle qui était ta mère et que pour te venger, t'avais fais les poches de son cher mari. Yerk, rien que penser à ça, ça t'foutais vraiment la gerbe. Tu poussais un soupir, jetant un coup d'oeil dernière toi avant de t'engouffrer dans une rue pas forcément visible au premier coup d'oeil. Tu voulais pas tellement être repérée ici, après tout, t'étais la belle fille du maire, pas vrai ? Conneries. Poussant la porte de secours délabré, tu enjambais un junkie étalé au sol sans vraiment t'en soucier. C'était pas ton problème tout ça, t'avais juste besoin de ses foutus cachets. Deux coups sec contre la porte et tu voyais le regard du trou du cul de sbire par l'entrebâillement. Fais pas chier l'con, laisse moi entrer. Ouais bah ouais, la politesse c'était pas ton fort et après quelques secondes, la chaîne était enlevé. C'était habituel de te voir ici de toute façon. Le même chemin pour le salon et.. Un autre client. Tiens, c'était la première fois que t'étais pas seule, il aimait pas ça le Ryan d'habitude. Comme d'hab Ry', j'ai de quoi payer. Et peut être bien que tu passais devant l'inconnu mais t'avais pas que ça à foutre. Puis suffisait de le voir pour calculer que c'était juste un foutu riche, c'pas comme si ça te préoccupais de l'ignorer délibérément.

Pourquoi j'étais tombé en rade ? Ah, oui. J'avais la mise en bourse de la compagnie d'un de mes clients et, bien que je fais ça depuis des années maintenant, j'avais toujours un certain stress. Et je consommais bien trop de pilules pour rester éveiller, concentré que d'habitude. Et forcément, mon stock a considérablement baissé en quelques jours de temps. Un sms envoyé à Ryan, il était temps de foutre les pieds dans le Bronx, c'est-à-dire l'endroit où je vais quasiment jamais. Le gars venait jusqu'à Manhattan d'habitude mais là il ne pouvait pas. Bordel. Heureusement que mon GPS était de bonne qualité... et que mon chauffeur était discret quant à mes différentes occupations. Personne dans mon entourage - mis à part lui - était au courant de mes petites addictions et je préférais qu'il en soit ainsi. Sauf que très vite, quelqu'un venait frapper pour, visiblement, avoir sa dose aussi. Je soupirais, levant les yeux au ciel alors que Ryan allait ouvrir. Ça m'agaçait et lui aussi. Et voilà que la gamine faisait sa vie, me passant devant. Je posais ma main sur son épaule, la calmant alors de suite. « Où tu crois aller ? Laisse les grands gérer leur affaire et tu pourras faire mumuse après. » Je me tournais vers le dealer, me positionnant devant la jeune femme, prêt à assurer ma transaction pas si légale.

Ouais non donc du coup, tu te contentais juste de l'ignorer demandant ta dose à Ryan. T'façon, c'était toujours la même avec toi. T'avais l'habitude depuis des années et forcément, y avait pas besoin de lui faire un dessin pour qu'il te comprenne. Tu lui adressais même ton plus beau sourire parce que tu savais qu'il n'y résistait jamais et t'avais pas envie de perdre ton temps ici. Sauf que l'autre là, le richou de base, il faisait le rebelle à essayer de t'expliquer les choses et toi, tu te tournais vivement plantant ton regard dans le sien. Alors déjà, tu me touches pas. Donc ouais, tu virais sa main de ton épaule. Non mais pour qui il s'prenait lui ? Ensuite, tu ne me parles pas. Autant lui expliquer tes règles non ? Parce qu'il allait vite redescendre de ses grands chevaux ou tu lui faisais avaler son fric et toute sa bourgeoisie à la con. Et pour finir, tu recules et tu me laisse faire ce que j'ai à faire. Parce que tu vois, tes problèmes de pauvre gamin de riche, j'm'en contre fous. Alors t'es gentil mais tu fermes ta gueule.

Ok donc genre la petite se prend pour une grande et se sent pousser des ailes ? Je crois qu'elle n'a jamais du à apprendre à respecter ses ainés. Ouais bah elle va voir, j'vais lui apprendre moi pour le coup. Gamine de mes deux. Voilà pourquoi j'aimais pas devoir me déplacer chez les gens, si c'était pour me retrouver avec le petit peuple. Déjà que je m'étonnais de pouvoir la toucher. J'aurais très bien pu l'ignorer, l'envoyer valser à l'autre bout de la pièce. Ouais, j'aurais pu, mais j'étais pas un mec violent avec les femmes. De façon frapper en tout cas. Dans d'autres domaines, elles en redemandaient encore et encore. Mh. Je levais les yeux au ciel, la laissant piquer sa petite crise d'adolescente avant de m'adresser directement à Ryan « Tu vois, c'est pour ça que j'aime pas venir chez toi. Gamines et autres drogués complètement foutus. La prochaine fois, tu te déplaces, sinon je trouve quelqu'un d'autre. » Je glissais ma main dans ma poche pour choper de quoi le payer pour qu'il me file ce dont j'avais besoin. « T'as ce qu'il faut ? » Évidemment, j'allais lui donner moins que d'habitude, il n'avait pas tellement assuré pour le service irréprochable.

Et voilà. L'intrépide Blue avait encore frappé. Mais tu supportais absolument pas qu'on te dise quoi faire. Encore moins quand c'était fait avec ce ton et surtout pas qu'on on s'permettait de te toucher. T'aimais pas ça. Et peut être bien que t'avais un trop sale caractère, que tu devrais savoir faire preuve de retenue par moment mais.. Tu fonctionnais plus tellement comme ça. Disons que les aléas de la vie t'avais endurcit. Mais ce qui avait tendance à t'énerver là, c'était le fait qu'il parle de toi comme une gamine foutu. Ah ouais ? Tu fronçais les sourcils regardant le con ainsi que Ryan qui semblait un peu dépassé par votre altercation. Mais il sortait quand même le pochon destiné pour le riche et toi, avec tes réflexes, tu t'en emparais la première t'éloignant légèrement. Haaan, la gamine droguée et foutu a la marchandise du p'tit con imbu de sa personne. Un rire sortait de ta bouche alors que tu t'adossais contre le mur serrant fermement le paquet dans tes mains. C'est le moment de t'excuser tu vois ? Non mais parce que j'trouve que t'es pas très poli. Et voilà que tu riais encore, pure provocation. Comme d'habitude.

Il était évident qu'elle et moi, on venait de deux mondes différents et pour le coup, je préférais de loin le mien. Richesse, pouvoir. Ouais, y'a pas photo. Mais elle, elle devait se complaire dans sa médiocrité et c'était tant pis. J'allais pas me laisser faire par une gamine en manque d'attention. Alors je m'adressais directement à Ryan, commençant à sortir les billets pour que je puisse m'en aller le plus vite possible et ne jamais revenir. Sauf qu'à peine il commençait à me tendre le sachet contenant mes cachets, elle - la petite conne qui était arrivée en trombe - s'en emparait, allant même jusqu'à se réfugier à l'autre bout de la pièce pour pas que je puisse avoir ce que je voulais. « Non mais, tu te rends compte que tu agis exactement comme je l'avais prédit : une gamine. "Han, tu veux ça, bah je te le prends, juste pour te faire chier !" » disais-je pour imiter sa voix de petite fille adolescente. Je préférais l'ignorer encore une fois, m'adressant de nouveau à mon dealer. « Plus jamais ça. À partir de maintenant, tu viendras tout le temps me filer ma dope comme on fait d'habitude, je te filerai un supplément pour la course. Veille à canaliser les petites cruches pour pas qu'elles te fassent perdre tes précieux riches clients qui, mine de rien, servent à financer ton business et à te laisser fournir le petit peuple » Évidemment que sur la fin, je m'adressais à la brunette qui tenait ma dope. Je commençais à me diriger vers la sortie et finalement, je bifurquais vers elle. Je faisais bien trois têtes de plus qu'elle. Assez facile pour l'impressionner pour le coup. « Tu te crois intelligente peut-être ? » Ma main venait attraper la sienne, afin d'avoir de l'emprise sur ma marchandise.

T’étais totalement consciente d'agir comme une petite conne. Le pire, c'est que tu l'assumais totalement. Puis t'y pouvais rien de toute façon, ça t’exaspérait juste les mecs dans son genre. Le style petite bourgeoisie, beaucoup trop prétentieux qui se permettait de rabaisser toutes les personnes ne faisant pas partie de sa classe sociale, très peu pour toi. Donc oui, tu l'emmerderais jusqu'au bout. Chose qui ne serait pas arrivé s'il n'avait pas joué a la grande personne en premier lieu. Et maintenant, tu avais sa dope en main, le narguant considérablement avec celle-ci pendant qu'encore une fois, il te comparais a une enfant. Hee mais tire un coup hein, ça te rendra peut être un moins con. Non mais clairement, il avait l'air d'un pauvre type frustré. Puis le pire, c'est qu'il semblait préférer t'envoyer des piques en parlant de toi a une autre personne que toi même, affligeant. Le petit peuple ? Mais t'es vraiment un loser en fait. De quel droit il s'permettait de parler des gens de ta catégorie comme ça ? Des gifles qui s'perdent ouais. Puis quand tu pensais qu'il allait juste quitter l'appartement miteux, il faisait soudainement volte face attrapant ta main d'un air mauvais. J'ai pas la prétention de dire que je le suis, par contre, j'ai la prétention de dire que toi, t'as pas la lumière a tout les étages. Et il pouvait bien faire trois tete de plus de toi que ça changeait rien a ta façon d'agir. Difficilement impressionnable la petite.

Elle avait le don de m'exaspérer, bien plus que je ne pouvais l'admettre. Et.. ça avait un côté sexy. Enfin, c'était mon entrejambe qui parlait là pour le coup et non ma tête. Il était rare qu'une jolie fille ne me fasse pas d'effet et elle n'échappait pas à la règle. Mais faut aussi dire que son comportement avait le don de m'irriter et forcément, ça faisait retomber la température à un niveau presque glacial. « Tu t'proposes ? » Qui sait, peut-être que la gamine en avait dans le ventre et osait dire ce qu'elle souhaitait réellement. Faut pas le nier, j'avais un physique avantageux et j'en jouais à tous les coups. Et si elle pouvait clairement fermer sa gueule juste deux minutes grâce à ça, alors ouais, je sautais sur l'occasion. « Ou réaliste, je penche sur cette proposition » Elle n'avait pas l'air de connaitre Manhattan comme moi et c'était bien dommage pour le coup. Et du coup, ça faisait clairement d'elle le petit peuple. Oh, elle est vexée ? Ca me fait absolument rien du tout. Quoiqu'il en soit, j'allais presque quitter l'appartement. Ouais mais non, parce que j'avais besoin de ma dope et c'était la petite cruche qui l'avait. Je souriais face à sa répartie. « Faut croire qu'il serait mieux pour toi de revoir ton jugement sur les gens. Tu comprendrais un peu plus comment fonctionne la société actuelle.. avec ou sans ses personnes "qui n'ont pas la lumière à tous les étages". » Je lâchais sa main, récupérant malgré tout mon dû. Je lançais l'argent à Ryan avant d'enjamber les mecs totalement défoncés pour sortir et rejoindre ma berline dehors. En espérant qu'elle soit toujours intacte. Chose dont je ne suis pas totalement sûr.

Un peu trop tete brûlée même. Le genre de chose qui t'apportais trop facilement des ennuis. Mais c’était ton tempérament et t'avais vite compris que pour ne pas te faire marcher sur les pieds, t'avais besoin de montrer cette force de caractère. Spécifiquement quand tu tombais sur des personnes de son genre. Tu déconnes ? J'aurais trop peur de m'endormir. Ou comment lui balancer en deux deux que tu venais de le catégoriser "mauvais coup". D'quoi attaquer un homme dans sa fierté et clairement, c’était le genre de truc qui marchait tout le temps. Y a pas besoin d'avoir fais de graaande études pour comprendre que tu pètes plus haut que ton cul, t’inquiète pas. Et il recuperait sa dope mais disons que tu n'avais pas trop montré de résistance pour la peine. T'avais juste voulu l'emmerder un peu et c’était chose faite. Bref, tu tournais ta tete vers Ryan haussant les épaules. Garde ta merde, j'irais me fournir ailleurs cette semaine. Ou comment lui faire comprendre que tu l'avais en travers et.. Il détestait te mettre en colère mais tu savais que quand tu reviendrais, t'aurais quelques pochons surprise. Tout benef pour toi. Sortant de l'appartement, tu faisais le chemin inverse pour quitter l'immeuble en ruine et a peine t'avais pousse la porte que tu voyais l'con dehors. Shit. Sortant une clope, t'allumais celle ci passant a cote de lui sans pouvoir t’empêcher de lui balancer une pique cassante. Fais gaffe que le "petit peuple" ne te fasse pas les poches. Tu pues le fric a trois kilomètres.

Non mais ouais, clairement, j'avais bien mieux à faire qu'à trainer ici avec une gamine et un dealer. Certes, il me permettait de mieux bosser pour le coup mais.. ouais non, je pouvais clairement trouver mieux. Et s'il m'avait fait me déplacer aujourd'hui, jamais ça ne se reproduira. Tomber comme ça sur des personnes clairement satisfaites par la médiocrité de leur vie, non merci. « Si tu l'dis » J'vais pas courir après elle de toute façon, je pense que j'aurais limite besoin de me laver à plusieurs reprises par la suite. Faut dire qu'elle doit pas foutre du Chanel très souvent. Voir limite jamais. Tout son argent doit passer dans la dope, à tous les coups. Quoiqu'il en soit, je ne me rabaissais pas à la chercher d'avantage et je disposais du dealer, sortant dans la rue à mon plus grand plaisir. L'air frais, certes pas très bon du Bronx, était bien mieux qu'être en présence de ces deux énergumènes. J'étais partagé entre l'idée de prendre une clope ou de monter directement dans la voiture pour aller au bureau. J'optais pour la clope, la brunette m'avait clairement fait bien chier et les nerfs étaient presque à vif. Je me mis à rire jaune. « Ils vont faire quoi ? Me voler à peine 0.01% de ce que j'ai ? Je m'en remettrai. » disais-je avant de tirer sur ma cigarette. Fumer, je le faisais rarement, mais c'était clairement un cas d'urgence là. Tant pis si ma femme m'engueule ce soir. Si jamais je la vois.

Ouais, t'avais vraiment pas pu t'en empêcher. Ou en fait, t'avais juste pas fais l'effort. Ouais c'était ça aussi. Parce que tu devais dire qu'il t'avais sérieusement irrité et que pour la peine, t'avais pas envie de juste l'ignorer. Puis probablement que tu ne le recroiserais plus jamais, autant que t'en profite pour lui laisser le pire souvenir au monde. T'as vraiment un sacré souci d'égo. Clairement. C'était dingue c'qu'il pouvait s'mettre en avant toutes les deux secondes m'sieur le riche. C'était limite exaspérant. Et pour la peine, tu faisais volte face le dévisageant du regard avant de lui souffler toute la fumée de ta clope au visage. C'dommage que tu sois pas capable de la fermer. J'aurais presque pu t'trouver attirant. Mais il parlait trop et c'était un con. Forcément, ça ne l'avantageais pas. Genre pas du tout même. Tu te mordais la lèvre inférieure tirant une nouvelle fois sur ta clope avant de faire un pas vers lui. Alors, y a quoi de si pourri dans la vie du p'tit riche pour qu'il vienne traîner dans le pire quartier de New York ? Non mais tu comprendrais jamais comment ceux qui avait la belle vie pouvait venir s'fournir ici. Toi, t'avais des bonnes raisons et puis tu venais d'ici. C'était pas le cas du mec en costard, ouais, définitivement pas. Alors bordel, pourquoi est ce que les gosses de riches s'entêtait à vouloir s'foutre plus bas que terre alors qu'ils avaient la vie de rêve ? Fallait vraiment t'expliquer.

Un souci d'égo ? À peine. Je veux dire... ok, j'ai de l'argent, je sais ce que ça vaut, je sais ce que ça représente en tout, c'est avoir de l'égo que dire que ça représente seulement tant de ma fortune ? Je pense pas non. Alors bon, ça se voit que c'est encore qu'une gamine, vu la répartie d'autruche qu'elle peut avoir. Enfin bref. « Comme si ça m'intéressait d'être attirant pour une fille comme toi, j'aurais trop peur d'attraper le tétanos en te touchant. » Parce que oui, attirance voulait forcément dire plus chez moi et sûrement chez elle aussi. Je doute qu'elle soit une sainte vierge venue répandre la parole du Seigneur. Elle s'approchait de moi, fumant sa clope alors que j'en faisais de même pour le coup, bien que mes plans initiaux me disaient de me barrer d'ici au plus vite et, par un geste voulu, elle me recrachait toute sa fumée à la gueule. Oui, bon, elle sait que c'est plus vraiment une technique de drague depuis bien des années maintenant ? Faut croire que non, elle doit être dans sa période lubie du rock des années quatre-vingt. Un genre particulier, je l'avoue. « Qu'est-ce qui a de si ennuyeux dans ta vie pour vouloir chercher à comprendre ce qu'un riche comme moi vient faire ici ? Pire encore, à vouloir me taper la discut alors que clairement, t'es agacée de ma présence sur ce même trottoir. » Il fallait m'expliquer ouais, parce que je n'étais pas sûr de tout comprendre.

Puis en fait, pourquoi tu voulais savoir ? Parce que c'était généralement pas le genre de truc qui t'intéressais. Pas du tout en fait même. T'avais aucun intérêt à lui faire la conversation et rien que sa simple présence suffisait à te mettre en rogne. C'était de la stupidité que de rester à lui chercher la petite bête alors que ça n'avancerait à rien du tout. Ouais, j'dois sûrement me traîner toutes les mst de la terre. Paraît que j'pourrais rentrer dans le livre des records un jour. Non mais quel connard. Après t'avoir bien gentiment traité de pute, voilà qu'il en rajoutait une couche. Et. Ouais, en fait tu t'en foutais de ce qu'il pouvait dire, c'était pas comme si ça allait changer quelque chose à ta vie en fait. C'était même tout le contraire et de toute façon, tu l'emmerdais profondément. T'as raison, en fait je m'en branle. Tu tirais une nouvelle latte sur ta clope avant de la laisser tomber sur le bitume. Autant que tu te casses, t'avais plus rien à faire dessus et encore moins du temps à perdre avec lui. Puis c'était qu'un con prétentieux, qu'est ce que t'en avais à foutre de le laisser dans le quartier le plus mal famé ? C'était pas ton problème après tout. Haussant les épaules, tu le regardais une dernière fois avant de lui tourner le dos. Mission, trouver un nouveau dealer pour te fournir. Du moins pour cette fois.

J'étais un connard fini, je le savais, elle le savait aussi à présent. Et pourtant, elle était restée à taper la discussion malgré le fait que je puisse lui sortir par les trous, vulgarisation du langage évidemment. Non mais ouais, je comprenais pas pourquoi elle était là, à monter sur ses grands chevaux, me jugeant comme je la jugeais elle. Ouais, c'était la grande question de la journée et en fait, je crois qu'elle ne savait pas non plus de son côté. « Appelle moi quand ça sera le cas, je suis sûr de pouvoir faire fructifier ton chèque pour pouvoir te faire gagner gros » Enfin, il me semble qu'on gagne un chèque pour ce genre de truc. Ou peut-être pas. Dans tous les cas, je pouvais la rendre riche avec très peu, mais ça, ils le savent pas les gens. Je penchais la tête, la regardant s'éloigner avant d'aller m'installer dans la berline. Je demandais à John de faire demi-tour et d'aller dans la direction de la jeune femme pour le coup. Arrivant à son niveau, je baissais le carreau avant de la siffler. « Toi là, la gamine, t'as besoin qu'on te dépose quelque part ? Je dois changer de voiture bientôt alors bon, je sais que je risque pas grand chose à te faire rentrer dedans »

Blablabla. Tu l'écoutais même plus. Il en valait pas la peine et t'avais bien mieux à faire qu'écouter toute la merde qui pouvait sortir de sa bouche. Du coup, quitte à l'ignorer, tu tournais les talons et tu quittais la petite ruelle pour faire tranquillement ta vie. Et fallait vraiment que tu trouves un moyen de décompresser parce que mine de rien, il t'avais foutu en colère le con. Genre vraiment. Tu poussais un soupir alors que la voiture du richou s'arrêtait à côté de toi et qu'il en profitait pour te siffler. Non mais il voulait vraiment prendre ta main dans sa gueule ou ça s'passait comment ? Ne lui jetant même pas un regard, tu continuais d'avancer entendant sa voix résonner à côté de toi. Nique ta race. Ouais, voilà. C'était bien ça. Puis comment il pouvait t'proposer de monter dans sa voiture en t'insultant à moitié en même temps. Il était complètement con s'il pensait que tu pouvais dire oui. Quoi que.. Tu t'arrêtais brusquement croisant les bras sur ta poitrine alors qu'il ouvrait presque instantanément la porte comme s'il s'était attendu à ta réaction. M'ouais, après tout ça t'éviterais de marcher et de te faire emmerder par tout les gros cons du Bronx. Ouais, fallait voir les choses comme ça. Poussant un soupir, tu levais les yeux au ciel grimpant dans la voiture et refermant la portière derrière toi. Décale toi un peu. Sait on jamais tout ce que je pourrais te refiler si t'osais me frôler. Bah ouais non mais parce que t'étais presque sûre qu'il était à la limite de croire que rien que respirer le même air que toi était nocif. Non vraiment, t'avais tellement envie de le frapper en fait.

La voilà partie pour aller faire de nouvelles aventures tandis que moi, j'entrais dans ma berline toute propre. Pendant que John s'occupait de faire la manoeuvre pour prendre le bon sens de la route, je m'enfilais un des cachets que je venais d'acheter, mes nerfs se décontractant bien aussitôt. La voiture ralentissait et puis je baissais le carreau, faisant une proposition à la brunette bien malgré moi. Je regrettais presque aussitôt lui avoir proposé de monter pour le coup, parce que je savais qu'elle allait refuser et, quelque part, j'admettais un peu que sa présence ne me révulsait pas. Ouais non, c'était pas possible ça, ugh. Portière ouverte, elle finissait par entrer dans la carcasse noire et je m'étais décalé pour l'occasion, après qu'elle me l'ait si gentiment demandé. « T'en fais pas, c'était déjà prévu. Au pire je suis vacciné » Faut pas croire que je sors dans la rue non protégé non plus, ç'aurait été pire qu'inconscient de ma part. Ouais non, j'avais fait toute la batterie de vaccin avant de venir ici, pour ma propre sécurité. « Une adresse peut-être ? John ne peut pas lire dans tes pensées, malheureusement » S'il pouvait lire les miennes - et encore c'est vite dit - c'était par le simple fait qu'on se côtoyait tous les jours, pendant plusieurs heures. Elle ? Elle venait juste de débarquer.

Et t'avais aucune raison de te retenir. Tu savais même pas pourquoi tu le faisais en fait parce qu'il la méritait puissance mille sa gifle. Genre vraiment. Surtout avec tout ce qu'il t'avais envoyé dans la tronche depuis que tu l'avais croisé dans ce putain d'appartement. Ouais, ce serait totalement mérité que de lui coller une baffe juste comme ça. Waaaw, mais en fait t'as vraiment la répartie d'un gamin de cinq ans. Non mais c'était dingue. On pourrait croire un enfant, vraiment. Le style de sale gamin qui s'amusait à crier partout "ah non je te touche pas, j'veux pas être malade". Mais wtf ? Il avait quel âge pour faire ça ? Soupir. Tu te tournais vers le chauffeur esquissant un sourire avant de prendre un ton bien plus aimable que ce que t'avais pu employer avant. La troisième dans le queens s'vous plaît. Tu fronçais les sourcils avant de rajouter. J'peux t'aider à t'enfuir si tu veux, ça doit être relou de bosser pour pète sec. Bah quoi ? T'attaquais comme tu pouvais puisque lui, il faisait que ça depuis le début. Fallait bien que tu te venges au moins un peu pour le coup.

Bien évidemment que je m'étais décalé pour la faire entrer. J'veux dire, la meuf avait clairement quelques saloperies comme bagages et il était clairement impossible pour moi de la laisser me toucher. Trop peur d'attraper quelque chose. Donc oui, j'étais de l'autre côté de la banquette alors qu'elle s'installait confortablement. Est-ce que c'était sa première fois ? J'en savais trop rien, elle savait quelle force appliquer à la portière pour le coup. En temps normal, ça aurait claqué fort. Pas là. Peut-être qu'elle était juste assez intelligente ? Ouais non, ça m'étonnerait. « Venant de toi, c'est presque un compliment » C'était une gamine, alors pour elle cinq ans c'est vieux. Ouais ouais. Je la laissais donner son adresse à John alors que je regardais à travers mes carreaux teintés le paysage bien trop différent de mon monde. En aucun cas je ne peux comprendre qu'on puisse apprécier vivre ici, ça me rendait malade. « Sache que John est un bon ami à moi, il est ici comme un ami plus qu'un employé » Et c'était vrai. Elle ne pouvait pas comprendre le lien qui unissait un homme et son chauffeur. Malheureusement pour elle, elle ne devait se déplacer qu'à pied ou en métro, le taxi étant quand même bien assez cher ici dans la grande ville qu'est New York.

Bon il commençait vraiment à t'agacer. Genre encore plus que d'habitude et tu te tournais vivement vers lui levant les yeux au ciel. En fait, j'vais descendre ici. Plutôt que crever que rester une seconde de plus en sa compagnie. Il était bien trop insupportable et arrogant pour que tu ressentes l'envie de faire le trajet avec lui. J'ai pas envie d'faire le trajet, d'supporter tes remarques à la con et de t'entendre me rabaisser à chaque occasion parce que m'sieur me considère comme une clocharde. Ce que tu n'étais pas d'ailleurs. Puis tiens, t'aimerais bien voir sa tête s'il voyait réellement ou t'habitais. Ouais. T'aimerais bien le voir s'décomposer s'il savait que t'étais la belle fille du maire de la ville et que rien que pour ça, t'étais probablement au dessus de lui. Alors honnêtement, tu l'emmerdais lui et ses manières à la con. C'était un minable sans aucun intérêt. J'ai dis que je voulais descendre ! que tu répétais en haussant la voix. Il allait l'arrêter sa putain de voiture ? Non mais parce que t'allais lui faire un scandale sinon. Le genre dont il s'remettrait pas puisque t'étais.. Colérique ? Ouais. Et plutôt hargneuse aussi. Ça s'voyait qu'il avait jamais eu à affronter tes crises de colère. Dans le cas contraire, il serait peut être un peu plus attentif.

Descendre ? Pourquoi descendre alors qu'on est aussi bien ? C'était n'importe quoi pour le coup mais ce n'était pas moi qui contrôlait la voiture pour le coup donc c'était à John d'écouter les prières de la jeune femme, pas moi. Alors on continuait de rouler alors qu'elle ne cessait de déblatérer à quel point j'étais un être ignoble avec un égo surdimensionné. Ouais bah pour le coup je le savais et je le vivais bien. Levant les yeux au ciel, soupirant également parce qu'elle m'exaspérait, je faisais signe à John de s'arrêter afin qu'elle puisse descendre à sa convenance. « Madame peut sortir si l'envie lui dit » Ouais parce qu'en plus, une averse décidait justement cet instant pour s'abattre sur la ville et recouvrir toute la surface d'eau en un temps record. A moins qu'elle ait un parapluie sous le coude, elle risquait d'être trempée jusqu'aux os si elle décidait de sortir de la voiture. « T'attends quoi ? » disais-je avec un sourire suffisant, le coude posé sur l'accoudoir de portière, le regard posé sur elle.

Quel genre de chance t'avais ? Ah ouais. Aucune. T'aurais presque pu l'oublier. Non mais quelles étaient les probabilités pour qu'un orage éclate pile au moment où la voiture s'arrêtait ? Puis c'était pas l'orage de merde hein ? Non, c'était celui avec la pluie torrentielle qui trempait quelqu'un de la tête au pied en un temps record. Tu poussais un soupir alors que l'autre, il t'sortais un semi sourire victorieux t'invitant à quitter la voiture et.. Bah t'allais pas mourir pour de la pluie en fait. Et plutôt sauter d'un pont que lui donner la satisfaction de te voir capituler pour un peu -beaucoup- d'eau. Que tu t'étouffes avec ta salive mais visiblement, ça sera pas le cas aujourd'hui. Que tu répondais avec un sourire hypocrite avant d'ouvrir la portière. Allez, affronte la pluie Blue, c'est pas la fin du monde. Mais avant de sortir, tu le regardais une nouvelle fois. Au plaisir de ne jamais te revoir. Pauvre con. Ouais, t'aurais pu l'ajouter ça tiens. Peut être que tu te montrais un peu trop polie avec lui. Bref, là n'était pas la question. Il pleuvait, t'allais être trempé et t'étais plutôt loin de chez toi pour le coup. Chouette, ta journée ne pouvait pas être plus merdique. Bref, l'eau ça mouille.

Etait-ce de la chance ou carrément de la malchance que cet orage se soit abattu sur la ville à ce moment précis ? Il avait fallu que la porte s'ouvre pour que les gouttes d'eau ne cessent de tomber sur le sol, imprégnant tout matériaux d'eau. Ouais, si elle n'avait pas de parapluie, elle aurait clairement la grippe d'ici deux jours. Au moins ça. Mais faut croire qu'elle préférait affronter cet orage plutôt que rester dans cette voiture avec moi. Je pouvais la comprendre, j'étais pas la meilleure compagnie pour une fille comme ça. Trop de jugement dans mes paroles et elle n'arrivait pas à le vivre bien. Tant pis hein, c'est pas moi que ça blesse au final. « C'est réciproque » Je la laissais s'en aller tranquillement dehors, sous la pluie alors que j'entendais la porte claquer pour indiquer qu'elle n'était plus dans la carcasse de l'automobile. J'indiquais alors à John de rester ici quelques minutes. J'en profitais pour lancer un appel vers ma secrétaire, lui indiquant de repousser mes rendez-vous d'une, sachant pertinemment que je serai en retard. Tic, tac. Je me demandais bien si elle allait revenir ou pas. Mine de rien, la situation m'amusait bien plus que je n'aurais pu penser.

C'était bien beau de faire la rebelle mais maintenant, t'étais complètement trempée et en plus de ça, t'étais carrément gelée. Puis le problème c'était que la pluie était tellement abondante que tu n'arrivais même pas à discerner les choses autour de toi. Autant dire que t'étais plutôt dans la merde pour rentrer. Tu courrais jusqu'à un perron t'abritant comme tu le pouvais remarquant que l'autre con avec sa voiture n'avait pas redémarré. Soupir. C'qui t'agaçais le plus dans tout ça, c'était de savoir que si tu voulais rentrer, faudrait bien que t'y retournes. Mais t'avais tellement pas envie de voir son sourire de petit con victorieux que tu.. Mais merde, il faisait froid. Regardant autour, t'essayais d'apercevoir un taxi qui pourrait peut être te sauver la vie mais non, que dalle. D'toute façon, vous n'aviez même pas quitté le Bronx. C'était logique d'pas avoir grand chose ici. Et merde. T'façon tu resterais ici jusqu'à ce que ça s'calme. Il était hors de question que tu fasses un pas vers lui et quand tu sortais ta tête de con, c'était plutôt dur de tirer quelque chose de toi. Donc ouais, tu restais là quoi.