Je m'appelle Noelia, mais mes proches m'appellent tous Noe. Je viens d'une famille assez stable, avec des parents aimants et un grand frère qui est très vite devenu mon modèle dans sa philosophie de vivre et son mode de vie. Mes parents sont tous les deux des personnes très scientifiques: ma mère est infirmière et mon père médecin en neurologie. J'ai grandi à Athens, dans l'état de l'Ohio en Amérique du Nord. C'est une petite ville comparé à New-York, mais mes parents s'y plaisent et je ne connais rien d'autre avant d'aller passer mes premières vacances chez ma cousine à New-York, du temps où elle vivait à Brooklyn. Quand on vit à Athens, on connait tous certaines histoires. Comme les histoires de fantôme, notamment dans un asile abandonné un peu en dehors de la ville qui s'appelaient "The Ridges". C'est, parait, le treizième lieu le plus hanté du monde. J'ai toujours été plus ou moins attiré par ce genre d'histoires, mais mes parents, très sceptiques, ne cessaient de me dire qu'il ne s'agissait que d'histoires pour faire peur aux gens et que les fantômes n'existent pas.

Sauf que mes parents le savent très bien, tous mes proches le savent: je suis quelqu'un de très têtue et ce trait de caractère s'est manifesté très tôt chez moi. Je suis une aventurière et j'ai toujours eu besoin d'en le coeur net. J'ai besoin de voir les choses par moi même pour le croire. J'ai demandé plusieurs fois à mon grand frère, Luke s'il voulait venir avec moi à l'asile hanté, mais mon frère, bien que nous soyons proches, ne voulait pas trop se mêler à ce genre d'endroit. Mon frère, c'était le genre à avoir sa petite réputation, sa petite popularité et il n'avait pas envie qu'on sache qu'il trainait dans ce genre d'endroit. Moi, j'ai toujours cru qu'il avait bien trop peur et qu'il se dégonflait. Du coup, c'est quand Satine est venue passer un mois chez moi lors d'un été que je l'y ai trainé. Au début, je ne lui ai pas vraiment dit où nous allions, elle me faisait beaucoup trop confiance la pauvre. Quand on est arrivés devant l'immense asile désaffecté, elle a commencé à se douter qu'il devait y avoir un truc louche. Il était vingt trois heures trente et trainer par ici n'était pas forcément quelque chose d'habituel.

"Tu veux vraiment qu'on entre là-dedans ?" Je regarde ma cousine et je souris en coin, "T'as peur ?" Elle rit, un espèce de rire nerveux. "Moi ? Peur ? Pas du tout." J'hausse les épaules, un sourire sur le coin des lèvres et on entre. Le bâtiment est immense et nous ne sommes éclairés que par des lampes de poches. Satine tremble comme une feuille mais essaie de faire bonne figure pendant que je nous installe dans une pièce immense. "On a qu'à faire ça ici", que je lance alors que je pose mon sac à dos à terre. Satine me lance un regard interrogateur et j'explique, "Tu sais, pour leur parler." Elle me regarde et je la fixe, comprenant qu'elle ne pige vraiment pas ce qu'on vient faire ici. "Aux esprits ?" Elle éclate de rire, un petit rire nerveux comme celui de tout à l'heure. "Dis moi que tu n'es pas sérieuse Noe ? J'veux sortir d'ici." J'hoche la tête et je m'assoie à terre, ouvrant alors mon sac à dos pour sortir mon téléphone. "J'ai lu sur internet qu'on peut enregistrer les voix des esprits là-dedans. Cet endroit est méga réputé pour être hanté, allez sois sympa ! " Elle soupire et s'assoie face à moi en grognant quand tout à coup, on entend comme.. quelqu'un qui toque à la porte. Je fronce les sourcils et je regarde Satine, "S'te plais, c'est pas drôle." - "Eh.. j'ai rien fais j'te le jure." Elle regarde derrière elle, puis me regarde en me lançant un air paniqué. Je tousse légèrement et je dis alors, "Oh hey, y'a quelqu'un avec nous ? S'il y a quelqu'un.. dîtes quelque chose, on ne vous veut aucun mal." Satine se lève, presque en faisant un bond, "On part, maintenant !" Un autre claquement contre la porte et je me lève à mon tour. Des bruits de pas, la sensation que quelqu'un vous frôle, comme un courant d'air glacial alors que la température est étouffante.

Cette nuit fut intéressante. Bon, j'ai traumatisé Satine, mais ça m'a passionné. J'ai réellement ressenti quelque chose là-bas. Quelque chose qui m'a intrigué, quelque chose qui m'a donné envie de continuer dans cette voie. Mes parents n'aimaient pas tellement me voir aussi.. passionnée par le paranormal. Ils auraient certainement préféré avoir une adolescente normale qui s'intéresse à des trucs comme.. le shopping, les garçons, faire la fête, les amis. Oh, j'avais des amis, une très bonne moyenne au lycée mais je ne savais pas du tout ce que je voulais faire dans la vie. Quand mes parents m'ont entendu dire que je voulais faire des études de paranormal, ils ont failli recracher tout ce qu'ils avaient en bouche. Ils m'ont sermonné mais c'était inutile. J'veux dire.. mon frère est partie vivre en Australie alors que j'avais dix huit ans pour vivre son rêve de plongée sous marine et je voulais moi aussi vivre de mon rêve. Et ce que j'aimais, c'était le paranormal.

Après le lycée, je vais donc à l'université de New-York pour faire des études d'histoire et de paranormal afin de vivre mon rêve. Je suis diplômée depuis juin 2015 et j'essaie de monter une agence. Je voudrais créer une agence avec un médium et d'autres spécialistes en paranormal afin d'aider les personnes qui pensent avoir leur maison hantée ou qui aimeraient renouer contact avec un proche décédé. Je ne prétends pas être médium, disons que j'essaie d'avoir toutes les cartes en main pour créer un lien entre le monde des morts et des vivants. Beaucoup me demandent ce qui me passionne tant dans le paranormal.. avant, je ne savais pas quoi répondre mais.. peut-être que c'est parce que, au fond, je suis terrifiée par la mort ?