Miami, le soleil ainsi que la chaleur même si décembre n’était pas la meilleure période pour se prélasser au soleil de toute évidence. Une jolie maison et une bonne nourrice pour m’apprendre toutes les bonnes coutumes de ce monde, dès mon enfance j’apprenais un fondamental de ma vie : les parents n’étaient pas toujours avec les enfants et il y avait des gens pour s’occuper de ce genre de choses. C’est ainsi que je grandissais dans une belle bâtisse sans présence parentale mais cela ne m’empêchait pas d’être une femme équilibrée avec un parcours scolaire exemplaire. Je décidais d’intégrer une université à Dublin même si Harvard m’accueillait avec un grand sourire ainsi que Stanford. Encore aujourd’hui je reste muette par rapport à cette décision, c’était une envie d’ailleurs, d’autre chose et sûrement que je me cherchais légèrement. Devenir avocate n’était pas ce que je voulais faire dès le départ, je me penchais vers le droit à cause de mon côté psycho-rigide et cette profession se présentait à moi avec une promesse prometteuse, en effet dès que je sortais de l’école un chasseur de tête me repérait afin de m’offrir un travail idéal à New-York, néanmoins je devais d’abord exercer en Irlande afin de me faire la main, bien évidemment, j’acceptais. Ma carrière était ma fierté, ma réussite quant à elle était ma raison de vivre, j’étais prête à accomplir le meilleur et j’avais tous les moyens pour y arriver. Avec tout cela je pourrais presque oublier de la deuxième partie de ma vie et de ma première raison de vivre : Savannah, un joli prénom pour une magnifique petite fille. Ma fille.

Autant dire que j’étais loin d’être prête à endosser le rôle de mère exemplaire car malgré le beau tableau que représentait ma vie idéale, je n’étais pas exemplaire. Avant de rencontrer Zach et avant de tomber enceinte j’avais eu le malheur de mêler ma petite vie à certaines mauvaises choses. Dublin était une belle ville, une opportunité que je voulais saisir mais elle signait également le début d’une liberté à laquelle je n’étais pas préparée. Je faisais beaucoup la fête, je buvais et j’avalais une tonne de cochonneries. J’obtenais des bonnes notes afin de couvrir ma vie nocturne, mais ça ne suffisait pas, je n’étais plus la même personne et je tombais de plus en plus bas. Je ne voulais plus me relever, je voulais seulement une dose de plus et j’avais des idées noires. Encore aujourd’hui j’essaye d’oublier cette période de ma vie : il n’y a rien d’idéal ni de quoi se venter en expliquant qu’une belle et brillante avocate est en fait une ancienne camée. Il paraît que tout le monde à ses tares et bien voici la mienne. Malheureusement même dans mon malheur qui semblait être du bonheur à mes yeux, une mauvaise chose arrive si vite. Quelqu’un était mort, à côté de moi. Je me souviens encore de ce sentiment lorsque j’avais découvert ce corps inerte, une seringue encore dans le bras, j’émergeais à peine et j’étais en petite culotte. Je le secouais doucement, l’appelant sans connaître son prénom, ou disons que j’avais oublié. Je comprenais relativement vite qu’il n’était plus vivant, essayant de prendre son pouls mais je n’étais pas assez lucide pour jouer la parfaite petite infirmière. C’est alors que je prenais une décision déterminante dans ma vie : je décidais de partir. J’attrapais mes affaires, enfilais un tee-shirt ainsi qu’un jean et je quittais la bâtisse inhabitée. Personne ne chercherait à savoir qui squattait ici ce soir-là, personne ne s’intéressait jamais à ce quartier de toute manière. Ni à ses habitants et c’était sûrement mieux comme ça. Enfin pour moi. Je n’étais pas égoïste, juste conservatrice et j’étais surtout une jeune femme à cette époque qui venait de connaître l’électrochoc de sa vie. J’arrêtais tout du jour au lendemain essayant de reprendre une vie normale. Je jouais une comédie sans réaliser à quel point j’étais ridicule, je n’étais pas capable de me relever toute seule et c’est alors que je rencontrais l’homme qui allait devenir l’amour de ma vie. Zachary.

J’étais assise dans un bar, pas le plus branché qui puisse exister mais un bar familial avec une ambiance réconfortante. Enfin, un bar est toujours bien plus réconfortant lorsqu’on a un verre de whisky pour se déshydrater. J’humais les différentes odeurs qui s’échappaient des bouteilles, cherchant à faire le point sur ma vie lorsque je croisais son regard, il était magnifique. Ce n’était pas qu’un physique, c’était un tout et lorsque je plongeais mon regard dans le sien, je savais. Il savait également et cette rencontre nous amenait à un mariage. Mes parents n’appréciaient guère cette décision mais pour une fois, je m’en fichais. Zach n’était peut-être pas l’homme parfait, il ne gagnait pas des millions mais je l’aimais malgré tout et notre amour se soldait pas une grossesse. Est-ce que je voulais tomber enceinte aussi tôt ? Sûrement pas, mais je l’acceptais avec le sourire et la petite fille que je mettais au monde me comblait de bonheur. Mais ça c’était jusqu’à ce que je déménage à New-York.

D'apparence, je filais le parfait amour et ma petite famille marchait comme sur des roulettes, mais la réalité était beaucoup moins ravissante. J'étais une femme avec un passé lourd et loin d'être parfait mais j'étais également une femme avec des problèmes, j'étais abimée et tordue et légèrement autodestructrice. Autant dire que la gloire que mon travail m'apportait ne me laissait pas insensible et je retombais rapidement dans mes vices d'une autre manière. Un voyage, un collègue et une bonne bouteille de vodka suffisaient à signer l'arrêt de mort de mon mariage. Je commençais à tromper mon mari, à jouer une comédie sans forcément m'en vouloir, je vivais bien et je conciliais parfaitement ma vie de famille et mes aventures. Si je pensais cela, c'était surtout parce que je n'avais pas la même vision que les autres d'une famille parfaite : mon éducation refaisait surface et il me semblait évident qu'un père qui faisait office de nourrice pouvait suffire à ma fille. Je me trompais sûrement mais cela m'importait peu, j'étais prête à jouer cette petite comédie encore longtemps tant que je pouvais en tirer un certain bénéfice.