Je serre les dents, non pas que j'ai froid ou mal, mais je retiens mon excès de colère comme je le peux. Je sens le regard de Maëlys sur moi. Je le sens transpercer ma peau et mes os. Sa fureur je peux la comprendre mais je n'en ai pas envie. Je suis allé trop loin et alors ? Ce type ne mérite que ça ! Pire encore, j'aurais dû lui signer un aller direct six pieds sous terre. Oh je sais que je suis pas Dieu mais y a des moments où je me demande ce que ce dernier peut bien être en train de foutre. « Cameron ! » Voilà, elle se réveille. Je me retiens de partir sans un mot. A la place je me tourne afin de lui faire fasse. Ses cheveux blonds sont lâchés sur ses épaules et je préfère me concentrer sur ce détail plutôt que sur son regard assassin. « Qu'est-ce qui t'as pris ? T'as peut-être foutu notre affaire en l'air ! » J'en doute. Certes, cet enfoiré peut porter plainte contre moi, ma droite lui presque explosé le nez, mais il ne le fera pas. Il sait tout ce que nous avons contre lui et pour éviter qu'on ne l'enfonce encore plus et qu'il soit obligé de se prendre des années en taule et risquer de ne pas pouvoir récidiver il va fermer sa gueule. « Il a eu moins que ce qu'il mérite. » Je me permets de dire ce qui agace aussitôt ma partenaire. « C'est pas à toi d'en juger. » Je soupire. Je sais qu'elle a raison mais en ce moment disons que j'ai du mal à me contrôler. Je peux facilement être violent mais là … là c'est pire que d'habitude. Je ne réplique pas. Je me contente de lui tourner le dos et de partir alors qu'elle crie de nouveau mon prénom.

Je n'ai pas fini mes heures mais je prends le droit de partir malgré tout. Je croise Andrew, mon supérieur, en partant. Au lieu de me remonter les bretelles il pose une main sur mon épaule. Au bureau, il doit être le seul à comprendre et surtout être le seul à excuser mes débordements. L'immeuble du F.B.I quitté, je laisse ma voiture sur le parking et je marche dans les rues de New York. La nuit est tombée depuis un petit moment maintenant et les températures se sont rafraîchies. J’enfouis mes mains dans les poches de ma veste et je continue ma marche jusqu'à n'en plus pouvoir d'être seul. Evan supporte que trop mes sauts d'humeur en ce moment, je préfère le laisser tranquille. Seulement j'ai besoin de quelqu'un pour m'accompagner de ma beuverie, quelqu'un que j'apprécie et immédiatement j'attrape mon portable lorsqu'un prénom s'est imposé à moi. Maxwell. Il n'est pas seulement le médecin qui suit Oliana depuis notre accident, il est également un de mes amis et là, j'ai bien besoin de ça. Mon message envoyé et sa confirmation reçue, je prends la direction du lieu de rendez-vous devant lequel je l'attends. Lorsque je l’aperçois sur le trottoir d'en face, je me détends. « Merci d'être venu. T'as pas fuis une garde juste pour moi ? Je sais que tu m'aimes mais ça serait mal, surtout que je suis marié. » Je plaisante, évidemment. Blaguer est depuis toujours mon moyen favori pour cacher que je vais mal. La plupart de mes proches le savent ce qui ne m'empêche pas de continuer. Et puis, je peux parler ! Je devrais être au bureau jusqu'à minuit et pourtant je suis parti bien avant, c'est l'hôpital qui se fout de la charité.