Ce soir Jilly avait organisé une petite soirée à son appartement. Forcément, et comme souvent, j’étais à la bourré. La ponctualité n’était définitivement pas mon amie. En arrivant sur place, il y avait déjà pas mal de monde qui avait investi le salon de ma frangine, qui était d’ailleurs occupée, en pleine conversation avec un petit groupe de convives. Je lui fis un petit signe de main, ne souhaitant pas la déranger ou l’interrompre. Elle était quelqu’un de ses invités, on aurait bien l’occasion de discuter plus tard elle et moi. Et c’est donc sur une autre blondinette un peu plus loin que mon regard se posa ensuite. Charmante et captivante, elle sut attirer toute mon attention et quand nos yeux se croisèrent j’eus l’étrange sentiment de l’avoir déjà vue, sans être malgré tout capable de mettre un prénom sur ce visage. Je profitais que la demoiselle soit seule pour m’avancer vers elle. « Bonsoir… » la saluai-je avec un grand sourire. « Ca va peut être paraître cliché, tu vas surement croire que c’est une technique foireuse de drague mais… on s’est pas déjà vus quelque part ? » Oui oui on la connaissait tous cette approche complètement nulle pour aborder une fille qui nous plait, sauf qu’en l’occurrence, pour ma part, ce n’était pas qu’une tentative de flirt, c’était vrai. J’avais vraiment cette impression.  Puis à la rigueur, si ça pouvait me permettre de l’aborder au passage, même si ce n’était pas la technique de drague la plus originale qui soit, moi j’étais pas contre. Parce qu’une fois plus proche d’elle, je devais reconnaître qu’elle était encore plus jolie…

Une soirée chez Jill. Je ne pouvais pas rater ça, c'était juste inimaginable. Non seulement à chaque fois, on s'y amuse bien mais en plus de ça, c'était ma meilleure amie, je ne pouvais pas ne pas venir sans me faire étrangler, tuer, massacrer et j'en passe. J'avais même pris ma journée pour l'aider à tout organiser et aussi, pour me trouver une tenue adéquate parce que je dois dire que ça fallait un moment que je n'avais pas acheter de robe de soirée et, ça commençait à me manquer. J'avais besoin de dépenser, de faire chauffer la carte bancaire. En l'espace d'une heure à peine, j'avais déjà choisi deux robes et une paire d'escarpins. J'étais partie à la caisse et j'avais tout acheté avant de passer à autre chose. Au final, j'avais à peine eu le temps de rentrer chez moi pour me changer que me voilà déjà partie en direction de chez Jill. Heureusement qu'elle n'habitait pas loin sans quoi, j'aurais été en retard et, ça ne le fait pas vraiment. En parlant de retard, c'est ce jeune homme dont les traits m'étaient familiers qui arriva en retard. J'étais seule dans mon coin, mon verre à la main alors forcément, je l'avais rapidement remarqué. Je tournais la tête vers mes amis, tous occuper à bavarder et j'esquivais un léger sourire en les voyant tous aussi heureux. C'est à ce moment-là que ce bel inconnu, pas si inconnu que ça au final, vint m'aborder. Bonsoir. répondis-je un souriant davantage. Ok, cette voix, il ne me fallut pas plus de temps pour le reconnaître. Ce sourire aussi. Il avait changé certes mais, pas tant que ça en y regardant à deux fois. Sa petite remarque me fit légèrement rire. Ca faisait une éternité qu'on ne s'était pas vus, je ne pouvais pas lui en vouloir de ne pas me reconnaître. Fais marcher ta mémoire Carlton, je suis sûre que tu vas finir par te souvenir. Je pose  mon verre avant de lui donner un petit indice, juste histoire de... J'avais peut-être quelques kilos en plus et puis, j'avais une barbie, une blonde avec les cheveux longs mais malheureusement le charmant frère de ma meilleure amie lui a coupé les cheveux en disant que c'était plus la mode ! J'haussais les épaules en riant légèrement, me rappelant beaucoup de souvenirs, lointains pour certains, je dois bien le reconnaître.

Elle sourit en me voyant approcher, laissa même échapper un rire en écoutant mon blabla. C’était bon signe non ? Sauf que lorsqu’elle me répondit, je compris aussitôt que mon impression de déjà vu n’était pas imaginaire. Elle me conseillait de faire marcher ma mémoire. Donc je la connaissais. « J’arrive pas à croire que j’ai pu oublier le prénom d’une fille dans ton genre… » lâchai-je sur un ton flatteur, le même sourire charmé aux lèvres. Et espérons pour moi que l’on n’avait pas été intimes, la jolie inconnue et moi, sinon je venais clairement de me ridiculiser. La blondinette laissa ensuite échapper un indice précieux, qui m’éclaira soudain sur son identité, évoquant une barbie et le sort que j’avais réservé à la poupée en m’improvisant apprenti coiffeur. J’explosai de rire en me remémorant ce souvenir, avant de reprendre mon sérieux en réalisant ce que cela signifiait: « Vera ? Vera c’est vraiment toi ? » Je la regardais une nouvelle fois, la jaugeant de bas en haut. C’était vrai qu’avec son corps de femme aux courbes parfaitement dessinées, elle avait bien changé. Mais son sourire, son regard, maintenant qu’elle m’avait rafraichi la mémoire, je les reconnaissais parfaitement. « Si j’avais su que tu deviendrais une top model j’aurais moins fait le crétin quand on était mômes. » me marrai-je, façon indirecte de m’excuser de mon comportement sa sale gosse à l'époque. Et comme je n’étais pas du genre à reconnaître mes tords quand même, je me lançais dans un plaidoyer : « Et pour ma défense, je crois que si ta barbie a subi cette coupe, effectivement très fashion, c’était parce que Jillou et toi aviez piégé mon lit avec du poil à gratter… » De vraies petites pestouilles à l’époque. Même si je leur en faisais baver de mon côté, elles me le rendaient toujours bien.  « En tout cas, rassure toi, je ne suis pas devenu coiffeur. » Parce que vu la gueule de la poupée après être passé sous mes ciseaux, c’était mieux pour tout le monde que j’aie choisi une autre voie.

J'essaie de faire marcher sa mémoire en lui demandant de se rappeler mais finalement, je ne peux pas résister et je lui donne un indice des plus cruciaux. Je grimace légèrement en lui rappelant l'état de ma barbie après son passage et évidemment, ça le fait rire. J'en attendais pas oins de sa part surtout que je n'arrive pas moi-même à me retenir. J'hoche la tête en me décalant légèrement avant de rire. Ouais, c'était bien moi, en chair et en os. Finalement, je ne peux m'empêcher de le prendre dans mes bras quelques instants, super contente de le revoir après tout ce temps. J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'on ne s'est pas vus tous les deux et je crois que ce n'est pas juste une impression d'ailleurs. Sa remarque sur le fait qu'il ne se serait pas comporter ainsi s'il avait su que je reviendrais ce que je suis aujourd'hui me fait rire évidemment. Je te remercie, t'es pas mal non plus tu sais ! Je le souris en le regardant à mon tour de haut en bas. Ouais, il est vraiment, vraiment pas mal Nate et s'il n'avait pas été le frère de Jill... Non, non, n'empêche quoi, reprends tes esprits Vera ! Il commence à se défendre par rapport à ce qu'il a fait à ma poupée et me met à rire quand il me rappelle le poil à gratter qu'on avait mis dans son lit avec sa soeur. Je lève les bras comme si je me rendais. Ok, ok, je suis coupable ! Pour ma défense, c'était une idée de ta soeur. On a qu'à dire qu'on est quitte ?! Faut dire qu'on s'en est fait des crasses quand on était gamins mais bon, c'était de bonne guerre évidemment. Toujours à prendre à la rigolade même si parfois, ça nous faisait péter les plombs. J'approuve quand il me rassure en disant qu'il n'est pas revenu coiffeur. Sans vouloir te vexer, heureusement parce que t'en aurais fait des clients malheureux ! S'il avait eu des clients évidemment et ça, c'est pas gagné. D'ailleurs, qu'est-ce que tu deviens ?