à l'école, t'as toujours été une tête. du genre à sauter des classes. deux en tout. tu parlais couramment anglais, français, italien et russe. tu ne passais pas ton temps à apprendre, plus à dessiner mais, tu avais des facilités. déjà à l'époque, ton caractère était merdique. la petite fille à papa, hautaine, légèrement prétentieuse, trop ambitieuse, qui en demandait déjà trop à tout le monde à l'époque. même à ses professeurs d'ailleurs. lançant des débats farfelus quand tu t'ennuyais. capitaine des cheerleaders de ton lycée, juste pour faire genre parce qu'en réalité, t'as jamais apprécier cela. sportive, souriante, toujours à la pointe de la mode, merci maman. les hommes te couraient après. les femmes t'enviaient. t'étais déjà une vraie petite peste un peu trop sûre de toi. malgré tout, tu avais les pieds sur terre. tu savais ce que tu faisais, pourquoi et où tu voulais en venir. t'as toujours été plus mature que ton âge de toute façon. depuis que t'es gamine tu sais ce que tu veux, être à la tête d'une vraie entreprise. c'est à ça que tu jouais dans la cours de récré alors que toutes les petites filles se promenaient avec leurs barbies. avec le temps, quand les demoiselles sortaient des cours pour aller voir les garçons à leur entrainement de football toi, tu te foutais dans un coin pour bosser, regarder la bourse de wall street au lieu d'encourager et d'applaudir avec tes copines. on ne peut pas dire que les choses se soient arrangées avec le temps.

colin ? je voudrais le projet sur mon bureau demain matin à la première heure s'il vous plait, c'est urgent ! t'adresses un signe de la tête à plusieurs personnes, ton café brûlant au creux de ta main. tu pénètres dans ton bureau, poses tes affaires, retires tes gants et attrapes les dossiers qui sont posés sur la table. tu feuillettes quelques pages avant de soupirer. marta ?! lances-tu assez fort pour que ton assistante puisse t'entendre. elle va encore se faire engueuler. parfois, tu te dis que t'es vraiment ignoble comme patronne. en fait, c'est même une certitude. t'es une vraie garce quand il s'agit du travail. à peine finis de la sermonner que c'est ton frère que tu aperçois dans l'encadrement de la porte. il se racle la gorge pour signaler sa présence et tu lèves les yeux pour croiser son regard. un large sourire finit par se poser sur ton doux visage et tu t'approches pour le serrer dans tes bras, déposant un baiser sur sa joue. salut frangine ! toujours en train de gueuler, pas vrai ?! tu hausses les épaules et il passe un bras sur ses dernières pour t'emmener déjeuner. c'est le petit rituel du lundi, sans doute le meilleur moment de la journée vu que tu enchaînes les réunions, plus barbantes les unes que les autres.

alors ma chérie, c'est pour quand les enfants ?  surprise par une telle question venant de la part de ta mère, tu manques de t'étouffer et te mets à tousser en plein repas. ton petit frère rigole évidemment mais, tu n'en attendais pas moins venant de sa part. quant à ton père, il attend impatiemment une réponse et regarde ton petit-ami avec un regard menaçant. tu finis par lever les yeux au ciel alors que lui-même tourne la tête en ta direction, comme s'il attendait une réponse lui aussi. tu le questionnes du regard et il hausse un sourcil. toi, moi, salon tout de suite ! tu poses ta serviette sur la table en te levant finalement. non, le repas n'est pas terminé. oui, c'est impoli de se la jouer comme ça mais, t'en as vraiment besoin là. il semble désespéré et ton frère lui lance quelques mots en douce. tu n'y prêtes pas vraiment attention mais, ça sonne comme un bon courage !. tu te mords la lèvre inférieure et recherches la porte du salon derrière vous. c'était quoi ça ? ça le fait rire. toi, tu restes on ne peut plus sérieuse, super stressée comme toujours. tu te poses tout un tas de questions et lui, il semble super serein, comme si tout était normal. c'st son caractère après tout. tout le contraire de toi. quoi ? c'est vrai, on en a jamais parlé et... et peut-être que lui voudrait des enfants. après tout, vous êtes des adultes, vous avez tous deux une bonne situation et votre couple fonctionne plutôt bien. pourquoi n'avoir jamais parlé d'enfants ? peut-être parce qu'ils t'ont toujours fait flippé. tu n'as jamais été à l'aise avec les enfants et puis, tu n'étais pas prête à voir ton corps changer. tu n'avais jamais pensé à avoir un enfant simplement parce que c'était ni ta priorité, ni une obligation à tes yeux. former un famille, c'était une maison, un travail et un petit chien. peut-être que ça changera plus tard mais pour le moment, c'est comme ça que tu vois les choses. du coup, tu lui coupes la parole. et je suis pas prête à avoir un bébé ! tu croises les bras contre ta poitrine, signe de frustration. t'as pas envie d'en parler et il le voit parce qu'il finit par s'approcher de toi, déposer un baiser sur ton front avant de glisser quelques mots et de quitter la pièce : on se voit à la maison.

t'es rentrée chez toi, vous en avez jamais plus parlé. quelques semaines après, vous vous sépariez. trop de temps passer au boulot, pas assez à la maison. vous n'étiez pas sur la même longueur d'ondes et pourtant, vous vous complétiez tous les deux. c'est surement pour ça qu'il te manque autant. stupide carrière. c'est ce que tu te dis parfois.