La journée avait été pleine de rebondissements. Jamais je n’aurais cru croiser le chemin de cette jeune femme. En effet, ce matin ma route avait croisée celle de Jilly Carlton. La jeune fille à qui j’avais volé la virginité autrefois, ce fantôme du passé que je n’avais jamais rappelé par la suite. Qui l’eût cru ? Le monde est petit, et sans arrêt surprenant. Le monde se joue de nous.

Ce matin avait été électrique, nous avions quelque peu réglé nos comptes, la jeune femme était rancunière, et elle avait bien raison de l’être, j’avais été un vrai idiot. J’avais dix-sept ans, et rien dans la tête, uniquement de la bêtise, en grande quantité. J’avais grandis, changé et j’étais plus mature qu’autrefois, j’étais un homme, un homme avec des principes, une éthique et du respect envers les femmes qui en méritaient. Jilly était devenue, elle aussi, une femme extraordinaire, avec beaucoup de répondant et un charme à en couper le souffle. Ce soir j’avais décidé de rattraper mes erreurs, même si j’étais intimement convaincu qu’on oubli jamais réellement quoi que se soit, ce soir j’avais l’opportunité d’adoucir la chose et de montrer que je n’étais plus le même. C’était une espèce de revanche sur moi-même, et une manière de revoir la belle blonde par la même occasion. Joignons l’utile à l’agréable.
J’avais donc décidé de donner rendez-vous à Jilly dans ce petit restaurant italien reconnu à New-York. Il était vingt heures lorsque j’arrivai dans cet endroit où j’avais réservé une table quelques heures plus tôt. J’avais pris soin de bien m’habiller, j’étais assez élégant. Ce dîner comptait pour moi, je ne prenais pas ça à la légère. Une jeune femme m’accompagna à la table pour deux comme convenu, ce restaurant était follement romantique, la lumière y était tamisée, beaucoup de bougies étincelées, le calme régnait. Je m’assis, seul, attendant Jilly qui, je l’espère ne devrait pas tarder. Et si elle me mettait un lapin ? Oserait-elle faire cela, par vengeance ? Il fallait avouer que ce serait sacrément bien joué. Mes pensées s’en allèrent lorsque je la vis entrer dans le Lavo à son tour, mon regard ne pût s’arrêter de la fixer, j’étais presque absorbé par sa personne. Je me levai en la voyant s’approcher, elle m’avait elle aussi vu. Je souris avant de me pencher vers elle pour lui dire doucement. « Vous êtes magnifique Maître Carlton. » Une personne lui tira sa chaise, aussi je pu alors me réinstaller. On m’apporta la carte des vins que j’ouvris, levai les yeux pour à nouveau la regarder. « J’ai cru que tu ne viendrais pas. » C’était un aveu. D’habitude je m’en serais fichue si quelqu’un me posait un lapin, j’aurais simplement passé un coup de fil pour que quelqu’un vienne me rejoindre, sans prétention bien-sûr. Mais ce soir je ne m’en fichait pas, je n’avais pas envie que quelqu’un d’autre vienne, c’était elle. L’échange que nous avions eu ce matin m’avait agréablement surpris, j’aimais la femme qu’elle était devenue, et même si ça n’irait pas plus loin, j’appréciais simplement la compagnie de Jilly.

Il était plus de midi lorsque j'avais enfin pu rentrer chez moi. Être appelée au travail un dimanche, ce n'était vraiment pas le top et surtout pour la surprise que j'avais eu. Je savais que dorénavant, le dimanche je ferai la morte si c'était pour me retrouver face à des fantômes du passé. Mais celui là était quand même différent. Je n'avais pas été douce ce matin, encore moins gentille et naïve, niaise à souhait devant ses beaux yeux, non je n'ai rien était de tout cela et pourtant cela de l'a pas empêché de vouloir se racheter et m'emmener au restaurant. En plus, comme s'il ne pouvait pas attendre, presque comme s'il était pressé, il m'avait invité le soir même. Posée sur mon lit, j'attendais. Qu'est ce que j'attendais ? Que la réponse à ma question vienne toute seule : est ce que je dois y aller ou non ? A quoi me servirait ce repas à part renouer avec le passé, un passé pas des plus gais si on le regarde sur sa globalité, mais il n'en sait rien, il sait à peine pour l'accident, ben oui il ne m'a jamais donné de nouvelle. A cette réflexion je me dis que je me suis habillée et préparée pour rien, que je n'irai pas. Mais si je suis habillée justement et si je me pose toutes ces questions ce n'est pas parce que j'ai une envie folle d'aller passer cette soirée avec lui ? Peut être bien que si. Et puis est ce qu'on parle de la manière dont je suis habillée ? Une belle robe noir de marque, elle est près du corps, elle n'est pas très longue, mais on ne voit pas tout non plus car la vulgarité n'est pas mon fort, mais elle est surtout très prononcée au niveau du décolté. Hum... Sur un coup de tête, dans un coup de speed, je prends ma pochette, mon blouson et mon écharpe, je me parfume une dernière fois et je sors, attrapant un taxi au passage puisque le métro est à bannir si je veux arriver dans le même état que je suis actuellement. La circulation est dense, comme toujours, j'avoue que je ne me déplace en taxi que rarement, j'aime râler dans les transports en commun, je suis un peu sadique. Je regarde mon téléphone, je sais que je vais être en retard, il est déjà vingt heurs. Mais c'est à ce moment que le chauffeur de taxi me dit que nous sommes arrivés dans deux minutes. Je lui souris, et quand il me dépose, je lui donne un peu plus pour sa gentillesse et j'entre. Le restaurant est assez beau, mais surtout très romantique, je n'aurais pas dû venir, je vais me faire avoir au piège. Je remarque Jayden dans le fond et je me dirige vers lui sans attendre un serveur, le serveur me rattrape juste à temps pour pouvoir me tirer la chaise pour que je m'assois. « De votre côté vous auriez pu faire un effort vestimentaire ! Me voilà déçue Maître Lewis. » Je ne vais pas lui dire que dès l'instant où je suis entrée dans le restaurant je l'ai trouvé des plus séduisants et que ma seule envie est maintenant de me retrouver seule avec lui pour lui enlever toute sa belle tenue non ? Non vraiment ça ferait fille facile et même si mon corps a des envies, souhaite se souvenir, il y a une bataille intérieure entre moi et lui qui se passe. « Je vous avoue que je me suis posée la question... » Puis me penchant légèrement sur la table un peu comme ce matin, je continue : « Il était tentant de te rendre la monnaie de ta pièce Jayden ! » Je pourrais lui sortir que je suis venue pour faire l'économie d'un repas et m'acheter une nouvelle robe ? Mais non ce serait trop, il finirait vraiment par croire qu'il n'y a pas une goutte de sang en moi qui voudrait être là, et ce n'est pas le cas.

Elle était arrivée dans le restaurant. Moi qui pensais qu’elle ne viendrait pas, mais elle était bel et bien là, et elle était magnifique. Sa robe noire lui allait à ravir, elle était très sexy, légèrement extravagante, mais pas trop, pour laisser une part de mystère, comme j’aime. De nos jours, les femmes ne cessent de s’exhiber, de dévoiler chaque parcelle de leurs corps. Ça ne laisse plus vraiment libre court à l’imagination, on a plus de curiosité, puisque tout est étalé devant nous,  en vérité, nous n’avons plus qu’à nous servir.
J’aimais que les femmes gardent cette part de mystère, c’était tellement plus beau, plus tentant. Jilly était classe, elle était très belle, mais au delà de cela, elle avait énormément de charme. Et l'inaccessible m'attirait. Jayden serais-tu entrain de craquer là ? Calme-toi donc !

Déçue ? Elle était déçue ? C’était certainement de la provocation, j’étais habillé de manière élégante. Je souris. « Je saurais me rattraper d’une quelconque manière, ne vous inquiétiez pas. » Elle avait décidé de jouer encore alors, nous jouerons ! J’adorais ça, je crois que j’étais même doué pour cela. La manipulation est un don que nous devons exploiter dans notre métier, il s’agit de convaincre, de se jouer de personnes pleines de convictions, je prends ça comme un jeu, étrange n’est-ce pas ? Mais autant rendre ça amusant après tout. Chaque personne a des idées en tête, des idées qu’elle s’est forgée à force de temps, d’expériences et de témoignages, le tout est d’aller contre ses idées en donnant des arguments qui tiennent la route, et vous avez gagné. C’est aussi simple que ça.

Mais l’heure n’est pas au droit ce soir, il est au pardon, je dirais même l’heure est à la séduction ce soir, car j’avais l’impression que en dépit de tout notre vécu, c’était ce qu’il était entrain de se passer. La jeune femme se pencha, ce qui me rappela la scène de ce matin, je regardai bien entendu, je suis un homme, rien qu’un homme. Je relevai les yeux vers les siens, d’un regard franc, accompagné d’un sourire légèrement coquin. Je fermai ensuite la carte des vins que j’avais ouverte quelques minutes auparavant, pour la poser sur la table. « Tu as bien fait. Tu aurais regretté de ne pas venir, je le sais. » Dis-je, sûr de moi. Je comptai bien faire passer une soirée de rêve à Jilly, et peu importe comment celle-ci se finirait, je ne commettrai plus les mêmes erreurs, j’étais devenu un gentleman, quelqu’un de bien et respectable, enfin, quand j’en avais envie. Un serveur s’approcha alors de notre table. Je commandai un vin blanc, pour commencer, il acquiesça, satisfait de ma commande apparemment, et se retira. « Et si tu me racontais un peu ce qui t’es arrivé durant toutes ces années ? » J’ignorai ce qui avait pu arriver à Jilly, j’avais simplement eu un petit aperçu ce matin lorsqu’elle m’avait parlé d’accident, ça m’avait beaucoup intrigué. J’avais envie d’en savoir plus, oui j’étais curieux, surtout quand il s’agissait de la vie d’une personne aussi intrigante que la belle blonde. Je passais certainement pour quelqu’un d’indiscret, mais je savais pertinemment que Jilly ne manquerait pas de me le faire remarquer. Le vin arriva à notre table. Mon  regard plongea dans le sien presque malgré moi, ses yeux étaient ensorcelants.

Venir ou ne pas le faire, voilà la question qui avait trotté dans ma tête après qu'il m'ait invité à diner. C'était tentant, mais c'était surtout très osé de sa part. Est ce qu'il oubliait que j'avais toujours en travers de la gorge l'absence de nouvelle dont il avait fait preuve après avoir eu ce qu'il voulait de moi c'est à dire mon corps, un moment charnel aussi torride que délicieux même si à l'époque j'étais légèrement moins sûre de moi. Enfin quand on dit sûre de soi, ce n'est qu'une apparence, qu'un jeu auquel je me prête. J'ai des doutes, des incertitudes aussi dans la vie, j'en ai plein même, comme tout le monde, et pourtant j'avance, j'avance la tête haute, la tête droite parce que je sais que n'importe qui se fera un plaisir de me balayer comme une vulgaire feuille morte sur un trottoir si je ne donne pas cette impression de force. Ce soir, elle est encore avec moi. J'avance d'un pas sûr vers le jeune homme qui était autrefois mon petit ami, mais à l'intérieur mon cœur ne cesse de manquer des battements tellement il bat vite. La situation est étrange, me retrouver face à lui c'est étrange, tout l'est ce soir encore plus que ce matin. Alors oui malgré tout je m'assoie, mais je ne peux m'empêcher d'être un peu sur la défensive, d'être toujours dans le jeu de la taquinerie où le plus fort est celui qui renvoie le plus vite les pics que l'autre vient d'envoyer.

La conversation s'engage et mes yeux sont plantés dans les siens lorsque son regard n'est pas porté soit sur la carte des vins, comme en bon gentleman il va choisir pour nous deux, sur le serveur qui vient prendre la commande, ou sur mon décolté qui en dit ni trop peu ni pas assez, juste assez pour le faire saliver. « Je dois t'avouer que ça fait longtemps que je n'ai pas mangé dans un restaurant de ce genre et que mon frigo est vide, c'est uniquement pour cela que je suis là ! » Ma tête se penche légèrement sur un côté et je me décide à lui adresser un nouveau sourire, des plus charmeurs, comme toute l'attitude qu'il adopte. Quand le serveur revient, je le remercierai presque de m'ôter le moment gênant qui est celui de parler de moi, mais une fois parti et nos deux verres de blanc en main en guise d'apéritif, je comprends que Jayden n'a pas posé cette question pour combler un silence mais qu'il veut bel et bien savoir ce qu'est devenue ma vie, cette vie dont il aurait eu un récit petit à petit à chaque contact s'il l'avait pris ce fameux contact. « La vie, c'est comme l'âge d'une femme, ça ne se demande pas ! Mais si tu insistes vraiment : adolescence heureuse, études de droit comme je le voulais, mon frère a eu une leucémie, j'ai été sa donneuse, j'ai eu mon diplôme, mon boulot et mon accident, mon meilleur ami qui conduisait alcoolisé et mort sur le coup, ma volonté de vivre m'a sauvée. » Après de longs mois à me battre dans les ténèbres et pour remarcher et revivre ma vie comme elle l'est quand même. « Et si tu te poses la question : mes parents sont riches et je gagne bien ma vie, c'est ce qui explique mon train de vie, je n'ai pas porté plainte contre la famille de mon meilleur ami pour avoir un dédommagement alors qu'il est parti. » Cette dernière phrase est une déformation professionnelle mais de nos jours on le voit tellement souvent ce genre de chose que je préfère le préciser. Il apprend de moi que l'amitié est une valeur important à mes yeux, que la confiance et l'échange qu'il y a à avoir est bien plus important que tout le reste. En effet, même si je viens d'un milieu assez superficiel, je ne suis pas cette fille là quand on creuse un peu, je suis attachée à des valeurs de partage et de respect qui sont importantes pour moi.

Je réponds par un sourire à cette petite réflexion, je savais qu’elle blaguait, du moins je l’espérais très fortement. Jilly avait certainement les moyens de se payer de la nourriture sans avoir besoin de se faire inviter. Je pris une gorgée du vin blanc légèrement sucré que j’avais commandé en guise d’apéritif pour nous deux. Pour être franc, je n’y connaissais rien en vin, je faisais juste semblant, ça fait toujours mieux quand on est un homme non ? La vérité est que je préfère la bière et les alcools plus forts, le vin … C’est plus classe, plus raffiné, le vin est réservé aux connaisseurs, et je n’en n’étais absolument pas un. Vous me direz, ça ne m’empêchait pas d’en boire.

J’avais posé à Jilly, une question indiscrète, mais je l’assumais pleinement. Je voulais en savoir plus sur elle, c’était quelque chose d’important pour moi. Après tout, je connaissais la jeune femme, ou plutôt je l’avais connue, et ce soir, je me retrouvais à ses côtés pour partager un dîner dans un restaurant renommé, j’avais besoin de savoir qui j’avais en face de moi, et surtout, j’en avais envie. Elle n’avait pas l’air enchantée à l’idée de parler d’elle, et me le fit d’ailleurs remarquer, mais peu importe, elle allait le faire quand même. Mes yeux dans les siens, j’écoutais, je buvais ses paroles. J’étais silencieux, face à cette vie pleine de drames, cette vie qu’elle venait de me décrire en quelques phrases. La jeune femme semblait si forte face à tout cela, elle semblait impassible, presque intouchable. Ça m’intriguait énormément. Je serrai mes lèvres, ne sachant pas réellement quoi dire, que voulez-vous dire face à tout cela ? Dire que vous êtes désolé ne changera rien, dire que j’ignorai tout ça, tomberait sur le sens. Je baissai les yeux, comme affaibli par tout ces propos, comme si je n’avais pas de réelle solution, alors que je n’étais pas censé arranger quoi que se soit. Je sortis de mes pensées lorsque la jeune femme ajouta qu’elle n’avait pas porté plainte suite à ce tragique accident. Ce qui ne me choqua pas, après tout. La perte d’un être cher était déjà bien assez difficile comme ça, sans qu’on y ajoute des problèmes juridiques. Ce petit moment me rappela encore une fois à quel point nous avions grandis tous les deux, à quel point nous nous étions forgés. Je relevai la tête, toujours aussi silencieux, quelque peu choqué de cette déclaration. « Jilly … » Je marquai une courte pause, comme si ma question ne voulait pas sortir, comme si je n’arrivai plus formuler mes phrases. « Tu n’as pas eu la vie facile, bien au contraire... » Je me penchai contre la table pour être sûr que ses yeux ne voyaient que les miens, une manière de marquer la sincérité de mes paroles. « Et pourtant, aucune émotion n’émane de toi, aucune sensibilité. » Ces paroles allaient peut-être la vexée, mais j’avais joué franc jeux. Je voyais Jilly comme une véritable joueuse depuis ce matin, quelqu’un qui n’a pas froid aux yeux, et ça me plaisait. Mais je me doutais bien que derrière tout cela, une femme avec un cœur se cachait, mais le fait qu’elle me raconte les péripéties de sa vie sans la moindre émotion me laissait sans mot. Je n’y croyais pas, j’avais besoin de creuser plus, d’en savoir plus. «  Pourquoi ? » dis-je dans doucement, mes yeux toujours figés dans les siens. Peut-être que tout cela ne me regardait pas, sans doute que ce n’était pas mes histoires, à moi le pauvre imbécile, disparu et envolé avec la virginité de la jeune femme, depuis bien des années.

Le jeune homme était déboussolé face à mes révélations. Je le voyais dans sa manière de me regarder, de fuir mon regard parfois aussi. C'était assez troublant de le mettre mal à l'aise à cause des étapes que j'ai dû traverser dans la vie alors que c'est normalement moi qui devrait être mal à l'aise de lui en parler. Je profitais du silence ambiant mais pas pesant qui régnait pour le coup à notre table pour détailler son visage, chercher les petites rides qu'il avait déjà pu prendre aux coins des yeux, ou vers le sourire à cause du temps qui passe, mais non, il n'y en avait pas, pas encore ou alors j'étais bien trop envoutée par ses yeux assez expressifs et envoutant ou ses lèvres charnues pour remarquer des détails infimes. Finalement, il se décida à exprimer ce qui le tourmentait et je dois dire que je ne fus pas réellement surprise par ses mots, cependant je fus surprise par son intention. Alors c'est ça, il voulait vraiment creuser, il voulait vraiment voir ce qu'il avait loupé pendant qu'il avait fait le mort, le vivre presque comme s'il avait été là le moment venu. Je fus légèrement hésitante face à sa question, face à sa sincérité et le rapprochement qu'il avait exercé son verre en main, les coudes sur la table et le regard planté dans le mien. J'en fis de même, il y avait maintenant à peine de la place pour la tête d'une personne entre nous deux. Je tournais légèrement la tête pour boire un peu de vin, un blanc sucré, délicieux, parfait pour la mise en bouche. Après avoir pesé mes mots, les avoir choisi, je finis par formuler une réponse : « Jay, toi et moi, ça fait des années qu'on ne s'est pas vus et même si on bosse ensemble sur un dossier, je n'oublie pas qu'on est amenés à pouvoir s'affronter. » Tout d'abord, je pose les bases, histoire qu'il comprenne bien où je veux en venir. « Comme la vie m'a déjà montré que je ne pouvais pas franchement te faire confiance, est ce que tu penses que je vais te parler de mes failles mais en plus te donner les détails pour savoir exactement ou appuyer le jour où tu devras t'en servir ? » Depuis septembre, je vis boulot, je pense boulot, je dors boulot. Je sais que c'est un tort, je sais que ce soir je devrais lâcher un peu de lest pour profiter de cette soirée, mais pour le moment c'est trop tôt. Je ne sais pas quel est son but, cette soirée me trouble, ses intentions me troublent, tout en lui me perturbe et me fait presque perdre mon centre de gravité. « Si je ne pleure pas la leucémie de mon frère c'est parce que j'ai eu la chance d'être compatible et de pouvoir le sauver. » Aujourd'hui il va bien et nous sommes presque comme des jumeaux, très proches, très protecteurs l'un avec l'autre, lui encore plus avec moi que je ne le suis avec lui. « Si je ne pleure pas mon accident c'est parce que je suis en vie et en pleine santé, mon ami n'a pas eu cette chance là et heureusement qu'il n'a pas survécu, il aurait été un légume et n'aurait jamais accepté de vivre sa vie ainsi. » Voilà une nouvelle facette de moi. Je suis une amie attentive, je veux le meilleur pour mes amis, je veux respecter leur souhait, leur volonté même si ça inclue de souffrir et de les perdre. Et puis il y a cet autre pendant, celui de la jeune femme qui sait qu'elle en a déjà vécu un peu trop pour son âge et qui préfère relativiser que se laisser emporter dans un tourbillon de négativité. Je suis trop jeune pour voir la vie en noir et ne plus vouloir en profiter, voilà l'idée qui clignote dans ma tête. « Je suis désolée si tu ne t'attendais pas à ça de moi. » Croyait il vraiment que je laisserai tomber toutes les barrières avec un diner et un peu de vin blanc ? Est ce qu'il était assez naif pour croire que ce serait si simple ? Est ce qu'il serait toujours aussi confiant envers le jugement de mon patron s'il voyait que j'abandonnais toutes mes réserves et ma volonté de lui en vouloir au moins un petit peu si vite ? Aucune idée. « A ton tour de me parler de toi. » Et à mon tour d'analyser ce qu'il va dire, pas en tant qu'avocate, juste en tant qu'amie, en tant que personne qui dine avec une autre, je veux simplement savoir s'il est honnête dans sa démarche.

L’ambiance était devenue étrange, presque électrique, quelque chose passait, quelque chose d’insaisissable, d’inexplicable. J’avais clairement dit ce qui me tracassait à travers ses paroles, je me posais des questions, questions auxquelles j’aurais apprécié avoir des réponses, mais la belle blonde en avait décidé autrement apparemment. Elle mit carte sur table, et me parla de boulot très clairement. Elle se préservait de moi ? Elle avait ses raisons de ne pas avoir confiance en moi, et elle avait amplement raison, mais tout de même ! Je levai les yeux aux ciels, presque lassé de cette courte déclaration. « Jilly, avant d’être un avocat, je suis un homme, autrement dit, un humain, avec des émotions, un cœur. » Je pris une gorgée de mon vin blanc, marquai une courte pause. « Je ne suis pas un robot. » dis-je presque comme si je souhaitais lui faire comprendre que elle, en était un. Je laissai mon dos aller contre le dossier de ma chaise, j’étais presque déçu qu’elle puisse penser cela de moi, mais dans un sens, n’avait-elle pas raison ?

Un avocat c’est cruel, ça ne pense pas sentiment, ça ne pense pas humanitaire, ça pense uniquement argent et gain, sans trop se soucier des conséquences, voilà, nous sommes payer pour ça. Autrement dit Jilly, était promise à un grand succès. J’avais l’impression de savoir faire la part des choses, mais encore une fois, j’avais perdu sa confiance à la seconde où je l’avais quittée, et j’aurais du me douter qu’un dîner n’effacerait pas tout ça. En l’écoutant parler, je découvris à quel point elle était optimiste, et à quel point elle savait voir le bon côté des choses, malgré les dures épreuves qu’elle avait enduré, malgré tout. Pas de doutes, elle savait relativiser, et en y réfléchissant bien, malgré cette épaisse carapace avec laquelle elle se couvrait sans arrêt, Jilly était une femme forte, qui avait su braver les dures péripéties de sa vie, je l’admirais presque pour le coup. Je secouai la tête. « Tu n’as pas à être désolée. » Pourquoi le serait-elle ? Je n’étais pas déçu, je n’étais que surpris de tout cela, de sa droiture, de son sang froid. A côté de tout ce que la jeune femme avait vécu, ma vie semblait paisible et tranquille, j’avais presque honte d’en parler, je ne voulais pas qu’on se compare elle et moi, nous étions tous les deux différents, et nous étions passés par des chemins opposés. Je la regardai, un sourire en coin. « Me pensez-vous assez bête pour vous parler de moi Maître Carlton, nous pourrions venir à nous affronter un jour. » Je repris une gorgée de mon vin, satisfait de ma réponse. Pour le coup, je me moquais clairement d’elle, je trouvais ça ridicule qu’elle pense une seconde que je puisse me servir d’informations douloureuses comme les précédents aveux pour lutter contre elle. « Plus sérieusement, il n’y a pas grand chose à dire sur moi, j’ai obtenu mon diplôme haut la main, je suis retourné à Los Angeles pour travailler, et on m’a proposé du boulot à New-York. J’ai eu des hauts mais aussi des bas, des filles, une en particulier… Je vis au jour le jour, sans trop me soucier de quoi sera fait demain. » La description de ma vie était très brève, mais je ne savais pas quoi rajouter. C’était moins dramatique, mais tant mieux pour moi. Jilly savait que je n’avais plus de parents depuis mes quinze ans je n’étais pas obligé de le raconter, et puis je n’en n’avais pas franchement envie.

Je ne suis pas un robot. Cette phrase faisait écho dans ma tête. Je savais qu'il l'avait dit pour lui mais qu'elle était directement dirigé contre moi, je l'avais compris dans son ton de voix et son expression. Je tentais de décortiquer cette phrase dans tous les sens, est ce que j'étais vraiment un robot ? Non. J'étais juste un peu trop en mode tortue, avec une carapace. Je sors juste la tête mais dès qu'une attaque approche, je me planque. Voilà, je ne suis pas un robot je suis une tortue. Peut être que je devrais lui souligner la différence. « Je ne suis pas un robot Jayden, j'ai juste du mal à accorder ma confiance. » Et c'est peut être pour cela que je n'ai jamais trouvé l'amour, que je ne me suis jamais laissé aller à ce genre de sentiments à part à un début avec Jayden, mais quand on voit comme ça s'est terminé, on comprend pourquoi je n'ai jamais retenté l'expérience. « Mais je t'ai parlé. Tu en sais surement plus que les 3/4 de mes amis actuels. » Nate sait tout de moi mais alors les autres, moins ils en sachent mieux s'est, seuls certains petits chanceux ont ses droits et au final, Jayden, malgré ma rancune, fait partie des chanceux. Quand je lui demande de me parler de lui, il me ressort ma phrase d'il y a quelques minutes et je ne peux m'empêcher de laisser passer un petit rire tout ce qu'il y a de plus naturel, le début du lâcher prise. Je me laisse aller contre le siège de ma chaise pour être dans une position similaire à lui, je porte mon verre à mes lèvres, ce vin est vraiment divin mais je sens qu'il va me taper sur la tête rapidement si je ne lève pas le pied. Mais mon petit trouble dû à mon alcoolisme de la soirée ne m'empêche pas d'être attentive à ses paroles. En fait, je bois presque tout ce qui sort de sa bouche, heureusement que ce n'est pas du vin. « Je vois que les rôles n'ont pas trop changé... Quand c'est la tempête dans la vie de l'un, l'autre est stable, et inversement. » C'est ma manière de souligner que je n'ai pas oublié pour ses parents, que je n'ai pas oublié qu'à l'époque, ma vie était calme et que j'étais celle qui lui apportait un semblant de paisibilité, de stabilité, aujourd'hui, ça serait surement l'inverse. « Mais les points communs sont toujours présents tout de même, le principal est de vivre au jour le jour. » Si j'avais dû penser hier que je serais appelée au travail dimanche matin et que je retrouverai Jayden, je ne me serais surement pas levée. Alors que finalement, ça valait le coup, cette soirée valait le coup et se passait étonnamment bien. Je ne me lassais pas de dévisager mon ex petit ami. En l'espace d'un instant, je me demandais ce qu'il passait dans la tête de toutes les personnes autour de nous, est ce qu'ils sont dans leur bulle eux aussi ou seul leur voisin de table compte, ou bien est ce qu'ils nous regardent et se demandent quand est ce que Jay va se lever pour me faire sa demande en mariage parce qu'on a l'air d'un parfait petit couple ? Si certains le pense, c'est assez drôle, j'aimerais le savoir. « Le petit robot peut poser une question gênante ? » Entrons dans le vif du sujet, dans les questions sur le passé. Eclaircir les choses, les faits, c'est ce qui va me permettre d'atténuer ma rancune, c'est même sûr. Je n'attends pas qu'il m'accorde la question, je la pose alors que mon regard est accroché au sien, impossible de lui mentir dans cette situation. « Je n'étais qu'une fille de plus ? Pourquoi tu ne m'as pas écrit ? » Ok il y a deux questions mais j'ai bien le droit à ça pour la durée d'attente qu'il m'a fallut endurer pour avoir la réponse à ces deux questions.

J’y avais sans doute été un peu fort en la traitant de robot. Il est vrai que ça ne fait jamais plaisir, mais c’était uniquement dans le but de la faire réagir, d’exprimer en fin de compte, comment je la voyais actuellement.
Avoir du mal à accorder sa confiance n’est pas un défaut à mon sens, au contraire, cela prouve que l’on est suffisamment mature, que l’on n’est pas naïf, j’appréciais cela. Et puis, elle avait toutes les raisons du monde de ne pas m’accorder la sienne, et pourtant, elle l’avait visiblement fait, au moment où elle m’avait tout simplement parlé d’elle. Ce qui me ravis d’ailleurs, je souris à cette réflexion. Je n’étais pas une personne avec de mauvaises intentions, il est vrai que plus d’une fois j’avais du profiter de certains aveux pour arriver à mes fins dans le domaine professionnel, mais ce n’était pas le cas ce soir, ce n’était pas un rendez-vous professionnel. D’ailleurs, je ne sais même pas quel était le but de ce rendez-vous avec la belle Jilly ce soir, mais si l’on devait trouver un but à chaque fait et geste que l’on fait, je crois que la vie serait beaucoup moins amusante, moins captivante.
Elle se souvenait, elle me le fit d’ailleurs comprendre, et il est vrai que lorsque j’avais rencontré Jilly la première fois, sa vie respirait le bonheur, au contraire de la mienne, qui était chaotique. J’hochai la tête. « Je crois qu’en dépit de tout, nous nous complétons Jilly. » Je souris de plus belle, je ne pouvais m’en empêcher, un sourire ne coûte rien et rapporte tant alors pourquoi sans priver ? Je passai une soirée délicieuse avec une fille à couper le souffle, que demander de plus ? Ce soir, j’avais beaucoup de chance, et j’en étais conscient.

Je lâchai un petit rire lorsqu’elle repris le terme de « robot », décidément, elle ne l’avait pas du tout bien prit ! Je ne voulais pas avoir deux choses à me faire pardonner ce soir. « Le ravissant petit robot peut. » Tentons de nous rattraper tout doucement, tant bien que mal, comme si ça allait changer quoi que soit, t’as quoi dans la tête Jay ?

Le moment fatidique arriva, l’heure des aveux. Jilly voulait en savoir plus quant à ma réaction il y’a bien des années. C’était son droit, et je le comprenais parfaitement. J’avais volé la virginité de la jeune femme et l’avais abandonnée sans la moindre nouvelle depuis. Je baissai les yeux quelque peu gêné par cette question, et ne sachant pas trop comment y répondre surtout. « Jilly … » Je relevai les yeux vers la jeune femme, je voulais qu’elle me prenne au sérieux, qu’elle voit à quel point j’étais sincère, et qu’elle se rendre compte des remords que j’avais, aujourd’hui. « La vérité, c’est que, oui. » Je pris une longue inspiration. «  Tu n’as été qu’une fille de plus ce soir-là. J’étais attaché à toi, j’avais le sentiment ça collait bien, sauf que, je n’avais que dix-sept ans. » Je laissai un petit temps de pause, je voulais être honnête vraiment, elle méritait bien cela. « Après le décès de mes parents, j’ai enchaîné les conneries, drogue, alcool, les filles … C’était ma manière à moi de montrer ma colère. Lorsque l’on s’est rencontrés toi et moi, j’étais encore un gamin, avec rien dans le cerveau. » Je me penchai un peu plus sur la table, faut croire que ça allait devenir une habitude. Mon visage était plus proche du sien. « Je n’ai pas d’excuse, et je n’en chercherai pas. Je suis entièrement fautif, je suis désolé si ce n’est pas ce à quoi tu t’attendais. Mais tu mérites la vérité et je regrette que tu sois tombé sur moi durant ces vacances. » Je pensais ce que je disais, j’étais franc. L’espace d’un instant, j’imaginais à quel point Jilly avait pu souffrir de toute cette histoire, et je m’en voulais énormément. Mes yeux ne décollaient pas des siens, tandis que le serveur approchait avec les menus.

« Parfaitement. » Nous nous complétons parfaitement. Je ne peux pas le nier, je suis le chaud quand il est le froid, il est le feu quand je suis la glace, on arrive à un juste milieu en se fréquentant qui n'est peut être pas loin de l'équilibre parfait. Mais comme il sait le souligner, je suis tombée au mauvais moment dans sa vie. Il venait de perdre ses parents, il était dans la naissance de sa jeunesse, des idées de conneries plein la tête et c'est bien ce qu'il a fait, des conneries. Je me suis attachée à lui, à cet homme parfait, ce parfait amour de vacances, j'ai eu des sentiments amoureux pour lui, pas de l'amour, pas un truc pur et franc, non un début, mais heureusement où ça n'aurait été que plus dur. Il m'a trahi, a trahi ma confiance à l'époque mais après tout, de l'eau a coulé sous les ponts de mon côté et du sien non ? Autant mettre carte sur table, repartir de zéro et donner une chance au jeune homme de me montrer celui qu'il est. Je dois souligner qu'il est honnête puisqu'il ne me ment pas, qu'il me dit clairement que je n'ai été qu'une fille de plus dans sa vie qu'il veut être franc avec moi. « Je ne regrette pas d'être tombée sur toi moi. » Je me redresse pour m'approcher de lui. Non je ne regrette pas du tout d'être tombée sur lui même si j'ai eu mal au coeur et que Nate a dû éponger des litres de larmes mais au moins j'ai fait ma première fois avec une personne qui m'a donné assez confiance pour le faire, avec qui j'étais bien, j'étais rassurée. Il n'a pas été l'homme parfait après mais il l'a été avant... La jeunesse. Et puis je ne serais pas en train de passer cette soirée aussi délicieuse, que surprenante et intrigante si nos deux routes ne s'étaient pas croisées il y a de cela des années. Il y avait pire quand même dans la vie que d'avoir offert sa virginité à un si bel homme qui a aussi bien réussit au niveau professionnel. Je dépose ma main sur la table, allongeant mon bras sur le bord de la table. Ma main est là posée, le dos contre la table, la paume prête à accueillir la sienne, oui clairement je l'encourage à ce contact, je ne sais pas pourquoi, un petit laissé allé qui lui donnerait peut être trop de confiance, qui lui indiquerait qu'il avait déjà réussi à gagner ma sympathie. Alors que je vais pour me raviser ne sachant pas trop si c'est une bonne idée, le serveur me sauve la vie en apportant les menus, timing parfait pour un geste peut être précoce. Je ne sais pas s'il la vu, s'il a compris que c'était une main tendue, un geste d'affection, de tendresse ? Je ne trouve pas le mot pour le qualifier. En tout cas, j'adresse un sourire au serveur qui repart, indiquant qu'il reviendrait rapidement prendre notre commande. « L'ancien vilain adolescent révolté sait il déjà ce qu'il va prendre ? » J'ouvre la carte devant moi et la place légèrement devant mon visage. Je me concentre sur la carte mais non, bien vite je lève les yeux pour regarder discrètement mon partenaire pour cette soirée et futur partenaire de travail pour un petit moment dans les mois à venir. Des milliers de questions arrivent dans ma tête, est ce qu'on va réussir à cohabiter, comment est ce que ce diner va se terminer et est ce que la confiance qu'il tente de regagner ce soir, je lui porterai pour le travail ? Ce ne sont que trois questions parmi toutes les autres. Ma tête est complexe, je suis une femme, rien d'étonnant.

Elle ne regrettait pas ? Serait-ce un mensonge ? Aussi surprenant qu’agréable entendre, me voilà ravi. Malgré tout, malgré la déception et la colère qu’elle avait pu éprouver envers moi, elle ne regrettait pas. Je souris, heureux de cette révélation, cela me faisait extrêmement plaisir. Elle était décidément une personne très mature, une personne vraie.
J’étais content d’avoir pu m’expliquer sur mes vieilles erreurs, cela m’enlevait un poids que je ne soupçonnais pas, c’était presque magique.
La main de la jeune femme se posa alors délicatement sur la table, de manière très inattendue, paume vers le plafond, comme si elle m’invitait à la lui prendre, était-ce réellement une invitation ? Décidément très surprenante cette soirée. J’étais conquis. Mes yeux s’égarèrent sur cette main, qui attendait visiblement la mienne. Mes yeux croisèrent les siens, un petit sourire aux lèvres, je m’apprêtais à joindre nos deux mains lorsque le serveur arriva. Merde. Mauvais timing. Légèrement déçu, je l’avoue. Mais il m’en fallait plus pour que je renonce, cette invitation de la belle blonde m’ouvrait bien des portes désormais. Je regarde Jilly ouvrir sa carte, avec toujours ce petit sourire aux lèvres. Mais heureusement pour moi, je n’ai pas qu’un tour dans mon sac et lorsqu’il s’agit de me faire pardonner, je sais y faire. « Oui je sais ce que je veux. » lui dis-je les yeux dans les yeux, j’avais volontairement dit ça d’un ton très sûr de moi, comme si je lui disais clairement : Ce que je veux c’est toi. C’était assez déroutant, assez spontané, mais surtout volontaire. « Mais je ne le veux pas ici. » Je me levai doucement de ma chaise, m’approchais de Jilly, me penchais doucement vers elle, qui était restée assise. « Suis-moi. » Je tendis ma main pour qu’elle la prenne cette fois-ci. Je souris au serveur qui était au courant de ce qui se tramait. Je décidai de laisser planer le mystère. J’avançai avec Jilly jusqu’au bout du restaurant où un bel ascenseur très moderne était clos. Un homme nous fit entrer dans celui-ci avant d’appuyer au dernier étage. « Excellente soirée Monsieur Lewis. »dit-il avec un large sourire. Je le remerciai avant de laisser passer Jilly en bon gentleman qui se respecte. Nous entrâmes dans cette salle absolument magnifique, des baies vitrées entouraient la pièce qui donnait sur une vue à coup le souffle. D’ici, nous pouvions voir New-York illuminait, et bon sang ce que c’était beau. Une belle table était au centre de la pièce, une table pour deux. J’avais pris soin de la réserver. Je n’étais venu ici qu’une seule fois, avec ma sœur, un client m’avait parlé de cet endroit secret, cet endroit réservé aux privilégiés. Disons que j’avais des contacts à New-York et je savais me montrer convaincant. Des plats sous cloche étaient posés sur la table, ça sentait déjà très bon. Une musique douce résonnait, mais à un volume parfait. Cet endroit était follement romantique, c’était une manière de montrer à Jilly que même si, j’avais été un parfait idiot avec elle auparavant, je n’étais plus ce garçon là. Me faire pardonner était une priorité ce soir, et même si tout cela n’était que matériel, le cœur y était profondément. Ma main était toujours dans la sienne, je la regardai, un sourire au coin des lèvres. « Ici c’est mieux, pas vrai mon petit robot ? »

Son regard me dévore lorsqu'il me dit qu'il sait ce qu'il veut et cet aveu fait que mon rythme cardiaque s'accélère. Je suis forte, je sais ce que je veux aussi, et ce que je veux c'est ne pas flancher si facilement face à ses beaux yeux. Pourtant, la main que j'ai tendu quelques minutes auparavant montre que je suis prête à laisser l'eau entrer par la fissure de ma carapace, cette fissure qu'il a créé en me faisant parler de mon passé, de mon frère, de sa leucémie, de mon accident. Puis il avoue qu'il ne veut pas les choses ici, là je prends peur, une bonne peur mais quand même, je suis surprise, il se lève rapidement prend ma main, m'intime de me lever et de le suivre. Je suis silencieuse, je ne sais pas quoi dire, la surprise me rend muette. Je le laisse me trainer jusqu'à l'ascenseur, je vois le sourire du serveur, puis celui de l'homme qui nous fait monter dans l'ascenseur et sa petite remarque... Là je lance un regard noir à Jayden, s'il compte m'enfermer dans une chambre et croire que je vais m'offrir à lui une deuxième fois si rapidement après nos retrouvailles, si facilement, il se met le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Mais au moment où je vais faire un petit commentaire cinglant, le ting de l'ascenseur le sauve et là je suis bouche bée. Je sors de l'appareil, il se referme derrière nous, nous sommes seuls et je suis encore sans voix. Il a vraiment fait tout cela pour nous ? Enfin je veux dire pour moi ? « Je... Tu... Enfin... Tout ça ? Pour moi ? En quelques heures ? » Parce qu'il n'était pas possible qu'il ait su avant ce matin que j'étais ici, qu'on allait travailler ensemble, alors oui, depuis qu'on s'était quitté après avoir parlé du dossier, il avait orchestré tout ça, il avait dû remuer ciel et terre. Mon regard pétillant se tourna vers lui, non non non Jilly, ne lui offre pas ce regard conquis. Du coup, j'avance vers les baies vitrées pour admirer la vue qu'on a d'ici, c'est sublime. « Tu es complètement fou ! » Voilà les quelques mots sans bafouillement qui arrive enfin à sortir de ma bouche. « Pourquoi tout ça pour moi ? » Si je n'étais qu'une fille à l'époque... Pourquoi se donner tant de mal à se faire pardonner, pourquoi de cette manière ? Un petit diner tous les deux bien sympa en bas, ça m'aurait suffit. Je me contente des choses simples parfois, surtout depuis mon accident, mais alors là... Là ça n'avait rien de simple et mon amour propre de princesse était brossé dans le sens du poil. Il avait tout juste, vraiment tout, s'en était presque trop facile.

Jilly semblait être très surprise, visiblement elle ne s’attendait pas à tout cela, à mon plus grand bonheur. J’étais fier de ce que je venais de faire, et j’espérais qu’elle s’en souviendrait.
Fou ? Sans nul doute que oui. Il est vrai que d’avoir le privilège de dîner ici, dans cet endroit à couper le souffle, n’avait pas été gratuit, mais j’avais de l’argent et je le pouvais, et par dessus tout, j’en avais éperdument envie.  Cela n’avait pas été une tâche facile, mais New-York aussi grand que cela semble être, je connaissais du monde, du beau monde, grâce à ce métier. Il ne m’avait fallu que quelques minutes pour réussir à organiser cela. Je m’approchai de la chaise de Jilly pour la lui tirer en arrière, j’étais un parfait gentleman, mais pas trop longtemps quand même, chassez le naturel et il revient au galop. Je la regardai s’asseoir, et en même temps, lui glissai à l’oreille. « Parce que j’ai la conviction que tu le mérites Jilly. » La position dans laquelle j’étais me permettait de sentir son doux parfum, c’était presque enivrant, je souris. Me reculai, presque malgré moi pour gagner à mon tour ma place, en face d’elle. Oui la jeune femme le méritait, pour ce que je lui avais fait endurer durant notre jeunesse commune, pour tout ce qu’elle avait vécu au cours de sa vie, non ce n’était pas de la pitié, mais j’avais simplement envie de lui faire plaisir, de faire en sorte qu’elle passe un moment inoubliable. Je soulevai la cloche devant moi et découvris une assiette creuse avec la spécialité de la maison : Un risotto aux Saint Jacques. Le plat fumait encore, ça sentait très bon. L’inconvénient, c’est que dans ce genre de grand restaurant, la qualité prime sur la quantité, aussi notre assiette n’était pas très copieuse. Un serveur avança vers nous pour nous servir du vin, rouge cette fois-ci. J’avais laissé carte libre, encore une fois, moi et le vin n’étions pas bons amis. Je commençai donc à manger. « J’espère que tu n’es pas affamée. » dis-je en grimaçant en vue de la quantité restreinte de risotto présente dans notre assiette. Je souris. « En toute honnêteté, ce genre d’endroit … Je trouve ça fabuleux. Mais ça ne me ressemble pas vraiment. » Confiai-je alors à la jeune femme. Je pris une gorgée de vin. « A mon tour de te poser une question indiscrète. » Je posai alors mon verre, marquai une pause dans mon repas afin de paraître plus sérieux, même si je devais avouer que le vin commençait lentement à me monter à la tête et à me donner chaud. « Tu as quelqu’un dans ta vie ? » Vraiment indiscret, mais j’ignorai comment poser réellement cette question mais il est vrai que la réponse m’intéressait beaucoup. Et si c’était le cas ? Que faisait-elle ici à mes côtés ?

J'étais choquée par tout ce qu'il avait réuni en si peu de temps pour qu'on passe une belle soirée. Autant dire qu'il avait réussi. Après avoir admiré tout ce qu'il y avait autour de nous, je pris le chemin de la table où il me tirait la chaise tel un vrai gentleman, je lui fis un clin d'oeil complice et je pris le temps de m'installer tout en rigolant légèrement. Il déclocha nos deux assiettes et il est vrai que ce n'était pas copieux mais l'odeur dégagée par le plat ravivait déjà mes papilles pour mon plus grand plaisir me faisant oublier tout ce qui pouvait être négatif dans cette assiette pour ne garder que le goût. Parce qu'avec l'odeur que ça avait, j'étais sûre qu'on allait se régaler. Jayden s'inquiéta de la quantité et ne manqua pas de souligner que de son côté il était plutôt du genre gourmand, qu'il aimait un peu plus manger. « Ne t'en fais pas ça ira très bien pour moi. En revanche, ne m'en veut pas, mais je ne suis pas très vin rouge. » Malgré tout le niveau de raffinement que le droit et les avocats méritaient d'avoir, il y avait des choses sur lesquelles je ne pouvais vraiment pas et le vin rouge en faisait parti. C'était plus fort que moi, j'allais le laisser reposer dans mon verre sans le toucher, à moins qu'il ne veuille me voir grimacer à chaque gorgée, mais là je perdrais surement de tout mon charme. « La prochaine fois tu viendras découvrir mon appartement dans l'upper east side, je ferai appel à mon ami traiteur et tu auras un repas abondant et gouteux si tu veux. » Je lui adresse mon plus beau sourire, révélant toutes mes belles dents blanches parfaitement alignées. Clairement j'étais en train de lui proposer un autre diner, un autre rendez vous, lui proposer de découvrir un peu plus ma vie en l'invitant à visiter l'endroit où je vivais. Mais à première vue il était vraiment enclin à en savoir plus sur moi et la question la plus indiscrète qu'il soit à part mon âge qu'il connaissait déjà fut posée. Je marquais un petit temps de silence comme si c'était un truc inavouable, comme si j'allais lui sortir une bombe. D'ailleurs je tentais un peu d'ironie. « En fait, je ne te l'ai pas dit, mais je suis mariée... Enfin en train de divorcer. Et j'ai deux enfants. » Je suis sérieuse, directe et presque froide pour le coup mais en le voyant se décomposer je ne peux m'empêcher de rire de bon coeur. « Si c'était vrai tu penses vraiment que je serais là ? » Aie. Je venais peut être de révéler que mes intentions n'étaient pas qu'amicales, que peut être je voyais un peu plus loin ou que cette éventualité n'était pas complètement rayée de mon esprit. D'ailleurs je me mordis la lèvre inférieure, comme si j'avais dit une bêtise, puis je me servis un verre d'eau pour le porter à mes lèvres. En reposant mon verre, ma maladresse me rattrapa me faisant déposer mon verre assez bancalement, celui ci se renversant donc dans ma direction. Je me retrouvais trempée, ma robe était toute mouillée. Bien joué Jilly, bien joué. « Pardon, je suis vraiment maladroite. » Je reculais ma chaise de la table, fort heureusement après un coup d'oeil dans mon assiette je vis que le plat n'avait pas été endommagé. Je pris plusieurs serviettes pour tenter d'éponger un peu ma robe qui ne manquait pas de me coller un peu plus au corps. J'étais vraiment gênée que ce soit arrivé maintenant, j'espérais ne pas gâcher la soirée.

Elle n’aimait pas le vin rouge ? Elle était parfaite, et franche. Certainement plus que moi qui me forçait à aimer ça pour rentrer dans les normes d’un vrai homme. Je lâchai un petit sourire, rassuré de cet aveu. Et je chuchotais   « Moi non plus. » Je poussais doucement mon verre, presque plein, quel gâchis, mais peu importe, nous n’allions tout de même pas nous forcer !
Le risotto était absolument divin, mais le plaisir fût bref, notre assiette fût vide très rapidement, ce soir nous ne serons pas gourmands, ou peut-être serait-ce une toute autre forme de gourmandise à laquelle j’allais succomber ce soir ? Jayden calme-toi tout de suite ! La prochaine fois ? Ai-je bien entendu ce que la jeune femme vient de dire ? Je souris de plus belle à cette pensée. « Il y’aura donc une prochaine fois maître Carlton ? » Je lançai mon regard le plus charmeur. « Avec grand plaisir Jilly. »
Ma question avait été un peu subite, mais j’avais besoin de la poser, en effet cela m’intéressait énormément dans le sens où j’étais charmé ce soir. Je ne voulais pas avoir de faux espoirs, je ne voulais pas me tromper, pas encore. Je pensais réellement que Jilly avait le cœur prit. Une jolie femme comme elle, intelligente, avec ce caractère, que beaucoup d’hommes convoitent selon moi, elle était forcément casée. J’attendais sa réponse, un peu comme si j’attendais un coup, un coup qui allait faire mal, mais peu importe après tout, j’aurais essayé. Mes yeux s’écarquillèrent en attendant sa réponse, comment était-ce possible ? Si jeune et déjà divorcée ? Je me posais tout de suite énormément de questions, ça fusait presque, ça devait d’ailleurs se voir sur mon visage, la stupeur, le questionnement, et la déception également. Je ne répondis pas tant j’étais surpris. La jeune femme me surpris d’avantage lorsque je l’entendis rire, mes yeux qui s’étaient baissés sur mon assiette vide, se relevèrent soudainement, je compris que ceci n’était qu’une blague, je soufflais, comme rassuré et souris ensuite en la voyant rire. C’est fou comme elle pouvait être belle. Sa réponse m’enchanta d’autant plus dans le sens où il s’agissait presque d’une déclaration. En effet Jilly, si tu étais en couple, je ne pense pas que tu serais là, mais pourquoi pas après tout ? Si nous ne sommes qu’amis toi et moi ? J’arquai un sourcil volontairement pour mettre la demoiselle mal à l’aise, sans rien ajouter. Je ris également. Le verre d’eau se renversa alors malencontreusement sur la robe de la jeune femme, déjà bien moulante il est vrai, mais la vision désormais n’en n’était que plus belle. Le spectacle était plaisant pour tout homme qui en était le spectateur. Je souris lorsque j’entendis ses excuses, elle semblait gênée. «  C’est moi suis désolé pour toi, je vais devoir t’enlever cette robe, tu vas tomber malade … » Jayden t’as vraiment dit ça ? Mon regard plongé dans le sien, j’étais très sérieux. Je souris, un peu coquin en effet. Je me levai doucement de ma chaise, sans quitter son regard, je me montrai perturbant et je le savais, je le faisais exprès. Je m’approchai d’elle, me positionnai derrière elle, pour me pencher ensuite en avant, en posant délicatement mes mains sur ses deux épaules avant de lui chuchotai. « Et si je te kidnappai ce soir Jilly ? » J’avais conscience que c’était clairement du rentre dedans, mais qu’est-ce que cela pouvait faire après tout ? Elle me plaisait, et je pensais lui plaire également. Nous étions tous les deux adultes, et conscients de nos actes, en plus, nous avions bu tous les deux. Je n’avais pas envie que cette soirée s’arrête, j’avais envie de passer plus de temps avec elle, mais chassez vos pensées obscènes, j’avais envie de la découvrir un peu plus, de passer mon temps avec elle. Et si les choses venaient à déraper, tant mieux ! Je me reculai un peu d’elle, et tendis ma main en signe d’invitation. « J’habite pas très loin, et j’ai des habits secs chez moi. » Je souris, j’étais ironique. Je contemplai sa robe trempée sur son corps absolument divin. Dieu qu’elle était sexy.

« Si je laisse tomber mon côté robot pour être avec toi, laisse tomber ton côté " faire semblant " toi aussi. » Je penche la tête sur le côté en lui donnant un petit sourire. Je suis naturelle, j'arrête de me cacher derrière la personnalité que je me suis construite mais lui, il se laisse aussi aller. Il n'aime pas le vin rouge, il n'en boit pas. Je ne juge pas un homme en fonction de ce qu'il boit et encore moins lui, pas dans ce contexte magnifique, pas avec une gastronomie parfaite dans mon assiette. Le vin n'en est que secondaire pour le coup. Je tente de paraitre détachée, de garder une certaine proximité avec lui mais j'ai l'impression que tout ce que j'essaye de faire est réduit en cendres dès que j'ouvre la bouche. Pour le coup, en quelques mots j'ai réussi à lui faire espérer une autre soirée. Peut être que ça va le mettre en confiance et qu'il va devenir détestable, après tout il n'aura plus à me conquérir s'il l'a déjà fait, peut être qu'il ne changera pas et gardera ses traits de jeune homme bien élevé qui se laisse aller à quelques plaisanteries, à quelques envies surement comme celle de m'avoir invité ici ce soir. « Pour le moment oui il y aura une prochaine fois, si tu deviens insupportable d'ici la fin de la soirée, tu pourras faire une croix dessus. » Au moins c'est clair, net et précis, il sait ce qu'il y a en jeu pour la fin de la soirée... Enfin il peut aussi y avoir bien plus surtout à cause de ma maladresse. Je suis trempée, je sens que je vais tout gâcher même si dans l'endroit somptueux dans lequel on est je pourrais vraiment finir la soirée avec la robe humide ça ne me dérangerait pas. Je ne veux pas réduire à néant la soirée qu'il nous a organisé. Sauf qu'il saute sur les dégâts de ma maladresse pour laisser parler ses envies et il me dit clairement qu'il va devoir me retirer ma robe. Je ne dis rien, légèrement surprise par tant de laisser aller chez lui, agréablement surprise. Je ne réponds rien préférant mordiller ma lèvre inférieure pour toute réponse implicite mais lorsqu'il me parle de kidnapping je ne peux plus me contenter de ne pas réagir. Lorsqu'il se recula et me tendit la main, je la pris, me levant et me plaçant juste devant lui, nos deux visages dangereusement proches. Je soufflais quelques mots en face de lui mon regard fixé dans le sien : « Je suis à deux doigts de te suivre... » Ma main toujours dans la sienne bougea légèrement pour que mes doigts se glissent entre les siens et que je resserre ma paume contre la sienne. J'ajoutai alors : « Sois plus convaincant. » Depuis quand on suit un homme si facilement ? Non, clairement, je joue du pouvoir que je peux peut être avoir sur Jayden ce soir, je joue parce que j'aime cette ambiance taquine qu'il y a entre nous deux même si nous gardons beaucoup de tenue. J'aime aussi tous les traits de son visage qui ont vieilli, qui se sont endurcis, qui sont toujours aussi sexy. Alors oui clairement là j'ai envie qu'il ose, qu'il m'embrasse, que se soit son argument pour que je le suive, pour que je sois complètement convaincue et que je ne réponde plus du rien, je ne sais même pas si je serais capable de l'empêcher de m'enlever cette robe une fois chez lui tellement je ressens toujours cette attirance pour lui, une attirance physique mais due aussi à ce côté très mystérieux qu'il a. Bien que j'avoue que le faire patienter jusqu'à un prochain rendez vous pourrait être une bonne idée. Attendre et le frustrer, lui donner de suite et qu'il soit comblé et ne cherche pas plus loin, ou attendre et que mon entêtement lui plaisait, ou lui donner de suite et qu'il aime ça et en veuille encore. Pile ou face, quite ou double.

Jamais je n’aurais pensé inviter Jilly chez moi ce soir, du moins, jamais je n’aurais pensé lui avouer tout simplement. L’objectif de cette soirée était avant tout de me faire pardonner et de passer un agréable moment avec une vieille, très vieille connaissance, une jeune femme que j’avais appréciée il y’a longtemps de cela. Mais rien ne se passe jamais comme prévu, et c’est ça que j’aime bizarrement, dans la vie. Elle était loin la jeune fille innocente que j’avais rencontré sur la plage, la belle blonde était une vraie femme, accomplie et indépendante, et j’aimais ça. Elle se mordilla la lèvre, ce qui décrocha un sourire supplémentaire sur mes lèvres. Elle saisit enfin ma main pour se lever et être proche, très proche de moi. Cette proximité m’intimidait, elle jouait encore. Et quelle joueuse hors pair ! Ma main était entremêlée à la sienne, mes yeux dans les siens, un rien nous séparait, c’était plaisant, excitant. La convaincre ? Défis relevés, je savais me montrer très persuasif après tout, j’en avais même fait mon métier. Je jouai avec sa main en la serrant un peu plus fort, mais pas trop. Je penchai ma tête, toujours ce petit sourire aux lèvres. Je n’avais pas encore eu l’occasion de voir la jeune Carlton d’aussi près, et elle était encore plus belle, je pouvais le confirmer, c’était captivant. Mon autre main se posa sur la hanche de la jeune femme doucement, pour ainsi aller se balader dans le bas de son dos pour la rapprocher un peu plus de moi. Sans quitter ses yeux. Jilly avait envie de me suivre, sans même qu’elle n’est à la préciser, ça se voyait. Le langage corporel parle beaucoup plus que la parole elle-même. « Eh bien … Chez moi, il n’y a pas de vin rouge … » Je levai les yeux au ciel faisant mine de réfléchir en gardant cette même position, être aussi proche d’elle était sérieusement plaisant. « Je pourrai t’offrir le dessert … » Je faisais semblant de chercher des arguments nuls, mais la vérité était que j’avais follement envie de l’embrasser, et notre proximité était une véritable opportunité pour cela. Mais je voulais la faire languir, la faire patienter, j’adorai faire durer le plaisir. Mes yeux encore levés en l’air retrouvèrent le sien, et s’attardèrent quelques secondes sur ses lèvres, ses magnifiques lèvres pulpeuses et sensuelles à souhait. Elles m’attiraient comme un aimant, c’était presque incontrôlable. Un regard sur sa bouche, dans ses yeux, puis de nouveau sur ses lèvres, mon souffle était assez court, je ne pouvais plus me retenir, à vrai-dire la tentation était trop grande. J’approchai mes lèvres des siennes, pour l’embrasser, tendrement, de manière très douce, je n’avais pas envie de précipiter les choses. J’avais le sentiment d’avoir envie de faire les choses bien, pour une fois. J’en avais eu des filles, oh oui, des tas de fille ! Et la plupart du temps, ce n’était que des conquêtes supplémentaires, rien de très attractif, mais j’ignorai pourquoi, avec Jilly c’était différent. Déjà puisque nous avions ce vécu, et s’il s’agissait d’un trophée, alors je l’avais déjà eu. Je ne voulais pas juste faire l’amour avec elle, et la laisser repartir. Je voulais profiter du moment, être avec elle et peu importe s’il ne se passait rien.
Le baiser échangé avec la jeune femme était très agréable, il avait un goût de vécu, mais aussi de renouveau. Je me reculai doucement après celui-ci, tout en gardant cette même position, ma main serrant un peu plus la sienne. « Dis-moi oui Jilly.» dis-je dans un souffle, un petit sourire aux lèvres.

Me lever et me planter devant lui, si proche de lui, c'est clairement entrer dans son jeu, le jeu de la séduction. Mais après tout, n'a t'il pas fait tout cela pour me séduire ? Qu'importe la séduction, qu'importe le fait de savoir s'il a voulu que je le trouve séduisant pour avoir juste un pardon sur les actes du passé ou pour que ça me conduise droit à son lit, je m'en fiche, j'apprécie tous les efforts qu'il a fait, la surprise qui était de taille. Vraiment il n'a fait aucun faux pas, c'est moi qui ait renversé ce verre écourtant notre soirée ici, notre repas même, alors qu'on a mangé juste l'entrée et qu'il faut dire c'est qu'elle était pas très généreuse. On a donc plus d'alcool dans le ventre que de nourriture. Est ce grave ? N'est ce pas la normalité pour la plupart des jeunes de nos jours ? Jayden se joue de ma demande, dans notre petit duel, on se pique sans cesse la place de maitre du jeu. Il l'a été, puis j'ai pris les rennes et il vient de les reprendre. Je lève les yeux au ciel lorsqu'il me dit qu'il n'a pas de vin rouge même si c'est un très bon point. Quand il me parle du dessert je regarde la table comme pour dire qu'on pourrait aussi le prendre là. Mais très vite son regard alla de mes lèvres à mes yeux, je le regardais faire un instant, retenant toute envie de briser les quelques centimètres qui restaient entre nous puisque ce n'est pas à moi de le faire, puis je sens sa main se glisser dans mon dos, me rapprocher, ses doigts se serrer sur les miens et enfin, ses lèvres se posent sur les miennes. Dans un premier temps ma bouche reste hostile à ce contact. Sentir ses lèvres sur les miennes, c'est bien assez suffisant, mais rapidement une envie remonte, un souvenir, un bon souvenir me donne envie d'en avoir plus et mes lèvres s'entrouvent pour que ma langue et la sienne se retrouvent. Ce baiser n'est pas fougueux ou brutal comme il pourrait l'être à cause de l'envie réprimée, de l'attirance due à nos retrouvailles mais aussi à nos postures, ce petit côté 'on travaille ensemble alors c'est interdit'. Il est doux, tendre et sensuel, tout ce que j'attends, tout ce qu'il faut pour me donner envie d'aller plus loin, de le suivre jusqu'à chez lui qu'importe ce qu'il a à me proposer, qu'importe ce qu'il va se passer. « Peut être que... Il est tout de même vraiment dommage que tu te sois donné tant de mal pour nous organisé tout cela et que... » Et que nous n'en profitions pas, ou que nous ne continuions pas la soirée en privé ? « Et que je refuse de te suivre. » Je m'approche à nouveau de lui et je dépose un baiser au coin de ses lèvres. Je laisse sa main se délier de la mienne et je mets ma veste alors que le serveur qui avait presque tout prévu était déjà là pour me la présenter. Alors que nous étions tous les deux devant l'ascenseur appelé par le serveur, quand il arriva seul Jayden et moi montèrent dedans et je dis au serveur avant que les portes ne se ferment : « Merci pour ce bon repas, je devrais plutôt dire pour ce bel apéritif et cette succulente entrée. » Oui je n'appelle pas cela un repas, c'est un début uniquement. Puis les portes se ferment et je me retrouve en tête à tête avec Jay. Ma tête se tourne légèrement et je lui adresse un regard en coin.

Le baiser que nous venions d’échanger Jilly et moi était délicieux. J’avais beaucoup apprécié ce moment, tellement que j’avais déjà hâte que ça se reproduise. Elle accepta enfin, de me suivre jusqu’à chez moi avant de me déposer un baiser au coin des lèvres, ce qui me fit d’ailleurs frissonner, je fermai les yeux pour savourer ce petit instant. J’enfilai à mon tour ma veste, le serveur était décidément très observateur, il n’avait même pas posé de question. Je le remerciai et grimpai dans l’ascenseur qui n’attendait que nous. Nous étions désormais seuls dans cet étroit ascenseur, des idées traversèrent soudainement mon esprit, des pensées osées. Les ascenseurs font toujours de l’effet après tout. Je jetai à mon tour un coup d’œil à la jeune femme. « Ne me regarde pas comme ça. » dis-je de manière assez provocatrice. J’avais envie de recommencer ce que nous avions entrepris tout à l’heure, ce baiser magique. Je mordillai ma lèvre en retenant un sourire. Pas le temps de faire quoi que se soit que nous arrivâmes au premier étage, où nous nous trouvions quelques minutes auparavant. Je saisi sa main pour sortir de l’ascenseur, je me penchai légèrement pour atteindre son oreille. « Attends-moi là.» étais-je autoritaire ? Peu importe. Je lâchai sa main pour m’avancer vers le bar où une jeune femme s’empressa de me saluer. Je réglai la note en bon gentleman que j’étais, du moins, en gentleman que je tentai d’être. Une fois fait, je remerciai le personnel et m’approchai à nouveau de Jilly, plongeant mon regard dans les siens, un regard plein de désir et d’envie. Elle était tellement belle et sexy. Je repris alors sa main pour la conduire dehors où un taxi nous attendait. La course fût brève puisque j’habitais très près. Mais il faisait tellement froid à cette époque-ci à New-York que je ne voulais pas que madame Carlton prenne froid. Arrivés devant chez moi. Il avait fallu monter quelques marches pour arriver devant ma porte d’entrée. J’habitai un petit immeuble qui abritait trois appartements immenses. J’avais un très bel appartement, et très spacieux. J’ouvris la porte, un sourire dirigé vers Jilly, encore et toujours.   « Bienvenue chez moi Maître Carlton.» Il faisait assez sombre dans l’appartement, j’ouvrai quelques lumières mais pas trop, je tenais à garder cette ambiance tamisée que j’appréciais. Je laissai entrer Jilly avant moi puis refermai la porte à clef derrière elle. Je m’avançai vers elle. Je regardai sa robe encore trempée et me rappelait qu’à la base, c’était pour cela que nous étions venus. « Je crois qu’il faut qu’on enlève cette robe.» dis-je en souriant. Cela faisait un peu pervers, mais je la taquinais avant tout, bien que j’aurais aimé lui retirer cette robe sur le champ, jamais je n’aurais osé.

Une fois dans l'ascenseur, une certaine tension se dégagea du lieu, je lançai un petit regard à Jayden, le sien se tourna aussi vers moi et il me demanda de ne pas le regarder ainsi. J'haussais les épaules et les sourcils en même temps comme pour faire l'innocente, parce que je n'ai rien fait à part le regarder mais je suis contente de voir qu'il a surement la même envie que moi derrière la tête. Sauf que la descente est bien trop courte et à peine l'idée est elle venue nous traverser l'esprit qu'il faut l'oublier puisque nous sommes arrivés. Assez autoritairement le jeune avocat me demande de l'attendre pendant qu'il va payer le repas et notre moment tout là haut. Je ne bouge pas, je ne fais pas de chichi, dans notre domaine, les hommes payent souvent et les femmes ne font pas des pieds et des mains pour leur faire ranger leur carte bleue, je n'ai pas envie de lui faire une petite scène ici pour payer ma part. Au pire, ce n'était que partie remise, j'inviterai la prochaine fois, chez moi, comme je lui avais déjà proposé quand nous étions en tête à tête. Lorsqu'il revint vers moi, il se ressaisit de ma main, quelque chose devenue presque une habitude en moins d'une journée et nous grimpions dans un taxi déjà là. Je me demandai pourquoi il l'avait appelé d'ailleurs puisque nous aurions bien pu rentrer à pied au vu de la rapidité de la course, mais il faisait froid et ma robe était trempée à cause de ma maladresse alors le taxi était surement le mieux. Je n'avais donc pas eu à attendre très longtemps avant de me retrouver dans l'appartement de mon ex, de celui qui avait pris ma virginité, et je le découvris grâce à un fin filet de lumière mis par Jayden, ne brisant pas l'ambiance tamisée qui s'en dégageait. « C'est très masculin mais très charmant ici. » Petite taquinerie pour lui souffler l'idée qu'il avait besoin d'une petite touche féminine pour que l'ambiance soit un peu plus cosy, moins brute comme les hommes ont l'habitude de faire. Mais en même temps, quand on est avocat, vu le peu de temps qu'on passe chez soi et que quand on y est c'est uniquement pour dormir, je peux comprendre qu'il se fiche un peu que sa décoration soit soft, épurée mais efficace. La décoration n'était pas sa préoccupation première ce soir non plus. Non ma crève menaçante l'était et ma robe mouillée était l'ennemie à abattre. Je déposai mon sac et ma veste sur le dos du canapé et m'approchai de lui : « Cette robe... » Je mordillai une nouvelle fois ma lèvre inférieure pour contenir mon envie d'aller goûter ses lèvres puis je me tournai, il ne voyait plus que mon dos et la fermeture éclair de la robe qui descendait jusque dans le creux de mes reins. « Je crois avoir besoin de votre aide Maître Lewis pour m'en débarrasser... » Jeu dangereux certes mais nous étions tous les deux des adultes responsables aujourd'hui.

 La jeune femme remarqua la décoration assez masculine. En effet, elle ne pouvait pas plus l’être. Je n’étais pas un grand fan de décoration, je devais l’avouer. Plus c’était simple et sobre, mieux c’était. J’avais laissé quelqu’un s’en charger pour moi, si c’est pour vous dire. Il était rare que des femmes viennent ici, il était très rare que je daigne en emmener ici. En général, lorsque ça devait aller plus loin avec l’une d’entre elles, j’allais chez elle, ou dans tout autre endroit opportun. Je n’aimais pas me mélanger, et les inviter chez moi était comme partager quelque chose d’intime avec elles. Ironique n’est-ce pas ? Mais j’ignorais pourquoi, j’avais eu envie que Jilly vienne ici, qu’elle découvre mon univers, là où je vivais. J’avais envie de partager plus avec elle, ce n’était pas que corporel. A part ma sœur, mes cousines, et ma femme de ménage, aucune femme ne venait ici. Je vivais éternellement seul, mais avec la vie que je menais, je ne passais que très peu de temps ici, cet appartement n’était clairement pas rentabilisé avec mes allés et retours.
J’avais clairement fait une avance à Jilly en suggérant de retirer sa robe encore trempée par le précédent incident. Je m’attendais clairement à me faire remballer, je m’attendais à ce qu’elle me calme directement, mais sa réponse fût tout autre. Je la regardai retirer sa veste et poser celle-ci avec son sac sur le dos de mon canapé noir en cuire. J’examinais chacun de ces gestes, comme s’ils voulaient dire quelque chose, mais c’est bien connu, le langage corporel parle beaucoup plus que nos propres voix. Je la dévorais clairement des yeux. Elle mordilla sa lèvre ce qui me remplis de désir, mais je me contrôlai, je n’étais pas un vulgaire animal en quête de sa proie. Elle s’approcha et se tourna dos à moi. Sa robe possédait une fermeture qui descendait jusqu’aux creux de ses reins. De là où je me trouvais, je pouvais observer ses délicieuses courbes, je n’avais pas encore les courbes délicieuses qu’offrait cette robe à la jeune Carlton, c’était follement excitant. A ma grande surprise, la jeune Jilly souhaitait que je l’aide à ôter cette vilaine robe qui aurait rendu fou plus d’un homme. Je souris, il était clair qu’elle aurait pu l’enlever toute seule, elle n’aurait eu qu’à tendre légèrement son bras en arrière. Un jeu s’était installé, un jeu délicieux, un jeu que j’adorais. Je laissai quelques secondes se déroulaient avant de me rapprocher un peu d’elle, un peu beaucoup, nous étions collés désormais. « Avec grand plaisir. » soufflais-je doucement dans la nuque de la jeune femme, un sourire aux lèvres. De ma main experte, j’approchai un doigt de sa nuque dénudée, et le fit parcourir jusqu’à la fermeture  pour enfin la faire descendre tout doucement, elle descendait très bas, jusqu’à ses reins. Je regardai, curieux. Son dos était désormais nu devant moi. Elle sentait terriblement bon. Mes mains s’en allèrent jusqu’à ses épaules afin de tirer un peu sur les côtés, ce qui fit tomber la robe parterre. J’étais toujours derrière elle, le jeu était devenu dangereux. Elle se trouvait presque nu devant moi, mais je ne fixai que sa nuque, attendant le moment où elle se retournerait. Ma main se dirigea vers ses beaux cheveux blonds que je décidai de mettre doucement sur le côté que je puisse dévoiler un peu mieux sa nuque, même de dos, elle était splendide. J’approchai enfin mes lèvres de son cou pour y déposer quelques baisers assez sensuels, mes mains se posèrent sur ses hanches, froides sous le contact de mes mains chaudes. Je me rappelai la fois où nous avions fait l’amour Jilly et moi, je me rappelai à quel point elle était une jeune fille fragile à l’époque, et à quel point elle avait changé aujourd’hui. Je ne voulais plus commettre les mêmes erreurs, je ne voulais pas être ce salop qu’elle avait connu au mauvais moment sur la plage. Nous étions très collés, son corps était encore froid à cause de la robe trempée certainement. « Tu es sûre Jilly ? » lâchai-je entre deux baisers, baisers qui devenaient de plus en plus fougueux. Je voulais être sûr qu’elle n’allait pas regretter ce qui allait se passer, qu’elle ne regrette pas de vouloir encore moi, qu’elle ne regrette pas de m’accorder à nouveau cette confiance. Je ne voulais pas être un sal type ce soir, ce soir j’étais moi-même, et je ne voulais être avec personne d’autre.

Son souffle chaud dans ma nuque me fit fermer les yeux rapidement pour profiter de ce rapprochement. Il avait l'air d'hésiter un peu face à la proposition que je lui faisais, et il prenait bien plus de temps à se décider que moi quand j'avais pris l'initiative d'aller me positionner devant lui, dos à lui, lui montrant la fermeture éclair pour le laisser faire ce qu'il demandait. Je l'avais surement un peu pris de court, j'avais surement bouleversé ce qu'il prévoyait pour le reste de la soirée : à savoir galérer pour se faire pardonner et pouvoir m'approcher à nouveau. Mais j'aimais surprendre, j'aimais être imprévisible et surtout avec lui, je ne savais pas vraiment pourquoi surtout que je le retrouvais à peine après des années de silence mais c'était ainsi. Quand je sentis ses doigts dans mon cou se saisir de la fermeture, j'eus un léger frisson que je contrôlais au mieux pour ne pas paraitre trop fébrile, trop soumise déjà. Ma robe ouverte jusque dans le creux de mes reins, Jayden ne s'arrêta pas là repoussant les bretelles qui glissèrent le long de mes bras nus et la robe atterrit par terre. J'étais à moitié nue, portant seulement un bas de sous vêtement et des bas puisque ma robe ne me permettait pas de mettre de soutien gorge et pourtant je n'eus pas le moindre mouvement pour me protéger. Il était derrière moi, au pire il avait une vue plongeante sur tout cela mais il n'était pas en face. Ses mains vinrent se poser en une caresse sur mes hanches, elles étaient chaudes, ce contact était délicieux et les frissons apparents sur mon corps en réclamaient clairement plus. Mais est ce que c'était assez sage de se donner à un homme aussi facilement ? Et le premier soir en plus ? Surtout avec notre passé et ce qu'il y a fait dedans ? Mes questions se lisaient peut être dans le creux de mon cou qu'il dévorait de baisers puisqu'il me demanda si j'étais sûre. Je lui dis alors en rigolant légèrement : « Je suis sûre de savoir qu'il faut que tu fasses quelque chose où je vais geler sur place. » Il ne faisait pas froid dans cet appartement, il était tempéré mais nue comme ça, venant du froid de dehors et avec une robe mouillée il y a peu... Ajouté à cela que j'étais légèrement frileuse... Je me retournai rapidement venant me plaquer à lui, impossible de trouver une quelconque vulgarité dans ma position, je n'étais collée à lui que pour me rechauffer et l'empêcher d'avoir une vue complètement libérée sur mon corps... Mais bien sûr, comme si je n'appréciai pas le contact. Je relevai la tête pour croiser son regard alors que nos deux visages s'effleuraient : « Et je suis sûre que je te ferais la peau si tu utilises la moindre chose de cette soirée ailleurs qu'entre nous deux. » Mes craintes revenaient alors je préférai prévenir. « Maintenant, je crois que tu es un peu trop habillé pour qu'on soit à armes égales pour se battre et savoir qui gagnera ce procès. » Mes mains remontèrent jusqu'à sa cravate pour la desserrer puis je la fis passer par dessus sa tête pour la lâcher par terre et je me mis à défaire les boutons de sa chemise, très concentrée, pour ne pas être déconcentrée par l'attraction de ses lèvres.

 Cet instant avec la belle Carlton me faisait plaisir à un point inexplicable. J’étais bien là, avec elle, seuls. Nous étions très proches, elle presque nue, moi encore vêtue de toutes mes affaires, c’était franchement inégal, mais personnellement ça m’allait parfaitement. Je ris à sa réflexion, la jeune femme avait froid, et ça se voyait sur sa peau qui commençait à frissonner quelque peu. Elle se retourna ensuite contre moi, pour se coller contre mon torse, sensation très agréable. Ce qui m’empêcha d’observer son magnifique corps de face. Sa poitrine était collée à moi, mais je tentais de rester concentré, de faire le mec qui a l’habitude. Elle me mit alors en garde à nouveau quant à mes attentions, ce qui me fit sourire un peu plus. « N’ai crainte Jilly. » Je voulais la rassurer, je voulais que ce soir elle puisse avoir confiance en moi, si elle y arrivait de nouveau. Je laissai faire la jeune femme qui commençait à me déshabiller, trouvant tout comme moi que j’étais bien trop vêtu pour le moment.  Elle ne me regardait pas, très concentrée par l’ouverture de ma chemise, elle s’y prenait parfaitement bien. Elle finit d’ouvrir ma chemise, si bien que mon torse était nu à mon tour. Mes mains se posèrent sur le haut de ses cuisses pour s’y déposaient ensuite en dessous. J’attrapai Jilly par en dessous pour la lever tout contre moi, ses jambes m’entourèrent alors. « On va bien trouver un moyen de vous réchauffer Madame. » ça n’avait rien de vulgaire,  rien de pornographique, c’était très doux. Tous les deux, nous ne faisions que jouer, à un jeu auquel nous étions visiblement experts. Je commençai à marcher en direction de ma chambre, heureusement pour moi il n’y avait pas d’escalier, ce n’est pas que Jilly était lourde, mais disons simplement que la musculation ce n’était pas mon fort, je n’étais pas ce genre de type qui pratique la gonflette et qui peut prétendre avoir de la force dans les bras. J’ouvrai la porte de ma chambre avec ma jambe. Arrivés dans la chambre, nous étions postés devant mon lit, heureusement pour moi la femme de ménage était passée et avait prit soin de tout ranger convenablement. Je posai Jilly devant, elle glissa contre moi dans sa descente c’était divin. Nos regards se croisèrent alors de nouveau, mes mains remontèrent jusqu’à son visage. Je me décidai à l’embrasser j’en avais trop envie. Ma langue se glissa dans sa bouche avec un peu plus de fougue. J’avais encore ma chemise ouverte sur les épaules. Je tendais mes bras tout en continuant de l’embrasser pour la laisser tomber à terre. « C’est moi qui ai chaud maintenant. »  Je souris, me reculai un peu d’elle, je décidai de la faire patienter un peu, de faire monter le désir un peu plus. Je me dirigeai vers ma fenêtre où les petites lumières de New-York scintillaient encore, je me décidai à fermer les rideaux, je n’avais envie de choquer personne ce soir. Je me retournai vers elle à nouveau, de là où j’étais je pouvais admirer son corps magnifique, qui avait soit-dit en passant, beaucoup changé. Je mordillai ma lèvre inférieure pour savourer cet instant. « Viens me déshabiller Jilly. » Je lançai mon regard le plus défiant.