Aujourd'hui est un jour sans. Encore une fois, Teodor s'est attiré des problèmes à cause de son attitude je m'en foutiste, limite désagréable. Il a écopé d'une semaine d'exclusion de son école et là, il est assis sur cette vieille chaise en bois tout en écoutant d'une oreille distraite les sermons incessants de ses parents qui ne cessent de lui répéter qu'il doit prendre sa vie en main. Il reste impassible, presque neutre face à toutes les menaces qui déferlent sur lui tandis qu'en son for intérieur, il jubile. Pour une fois, c'est lui qui a toute leur attention. Pour une fois, il passe en priorité face à ses frères et sœurs. Ce n'est pas facile d'être l'aîné d'une fratrie aussi grande que celle des Weasley. De petit garçon adulé, il a été rétrogradé pour n'obtenir qu'une attention superflue au fil des années. Ce qu'il ne supporte pas, bien évidemment. La voix si moralisatrice de sa mère résonne dans le creux de ses oreilles. « Il y a deux semaines, tu as fugué trois jours entiers pour partir avec je ne sais qui à l'aventure. Tu as brisé le cœur et humilié la fille des Williams en la traitant de vierge effarouchée la semaine dernière. Il y a trois jours, tu es rentré bourré et là tu te fais virer ! Qu'est-ce que l'on va faire de toi Teodor ? » ça, bonne question. Il rêve de sa chambre et ses croquis de dessin qui n'attendent qu'une seule chose : être terminés dans les plus brefs délais. Par pure provocation, il regarde sa mère en esquivant un léger sourire de connard. Sauf qu'il ne lui répond pas. De toute façon, elle ne comprendrait pas. Il n'a pas fugué pour une aventure quelconque mais seulement parce qu'il y avait un sacré festival à quelques centaines de kilomètres de Vancouver. Cette pauvre fille Williams se voyaient déjà la bague au doigt alors qu'elle n'était pas foutue de lui montrer un téton. Fallait pas espérer de sa part qu'il la traite bien gentiment comme le ferait un bon garçon. Elle a voulu jouer avec lui, elle n'a pas réussi à gagner, c'est tout. Quant à son état de sobriété … Un léger problème de dosage … Ou de comptage de verres, tout dépend du point de vue. Pour tous les méfaits qui lui sont imputés, il plaide coupable. Madame Weasley perçoit bien qu'elle n'arrivera à rien avec Teodor ce soir. Lorsqu'elle se tourne vers son mari, ce dernier hausse les épaules de manière fataliste. Ils pensent qu'il a une grosse d'adolescence qui perturbe un peu trop dans le temps. Ils le congédient rapidement et le brun se met à rêver d'un avenir meilleur. Loin de Vancouver, loin du Canada.

Le pire jour de sa vie est bien ce onze septembre deux mille un. Il se baladait dans les rues de New-York et tout le destinait à passer une excellente journée. Il avait beau habiter le pays frontalier à celui des Etats-Unis, il se sentait comme un véritable touriste avec son appareil photo dans la main. Les américains se pressaient sur les trottoir pour aller travailler. Teodor suivait toute cette frénésie avec un léger sourire aux lèvres quand le premier choc vint basculer la vie de tous ces citoyens. Un vacarme assourdissant qui fut très vite suivit par un deuxième. Il se trouvait près des deux tours du Wall Street Center et c'est un nuage de poussière qui se déversa sur ce pan de la ville en quelques secondes à peine. Il leva les yeux vers le ciel pour découvrir toute l'horreur de la scène. Des avions venaient de s'écraser sur ces tours qui représentent la puisse de l'amérique. A cet instant, il ne savait pas encore qu'il s'agissait d'un attentat. Il pensait à une faute humaine, une erreur technique mais pas à un fait criminel. Puis il y eut les cris. De ceux qui se trouvaient bloqués et qui cherchaient désespérément de l'aide pour ne pas finir comme des rats. Les cris des passants qui, comme lui, se retrouvaient démunis face à cette catastrophe sans précédent. Les gens se bousculaient, se piétinaient pour se sauver et aller se cacher dans l'espoir de pouvoir survivre à cette journée noire. Le jeune homme était comme pétrifié par tout ce qu'il voyait. Les réseaux téléphoniques devaient être saturés parce que chaque personne qu'il croisait, avait un téléphone à la main. Soit pour envoyer un message ou téléphoner à un autre. Savoir si ceux à qui l'on tient sont en vie est la nouvelle la plus précieuse du monde. Des messages de paix et d'amour qui contrastaient fortement avec la terreur qui habitait chaque habitant. Les sirènes des pompiers et de la police retentirent très rapidement pour envahir les rues. Il y eut ce court espoir durant lequel tout le monde crut qu'on allait pouvoir les sauver. Mais ça, ce fut avant que la première tour ne s'effondre totalement à la vue du monde entier. Un fracas sans précédent. Comme un séisme. Teodor prit ses jambes à son cou et s'enfuit sans demander son reste en priant pour que ces âmes soient sauvés. Puis à son tour, il prit son téléphone pour avoir la voix rassurante de ses parents à l'autre bout du fil. Juste pour s'assurer que lui était bel et bien vivant. Des années plus tard, il est toujours hanté par ce onze septembre qui a jamais bouleversé le court de son existence.