Au cas où vous vous poseriez la question, je ne suis pas née aux Etats-Unis. Je suis née à Londres, une ville qui, bien que magnifique et vivante, ne rivalisera jamais avec la grandeur de New York. Je suis née à Londres, disais-je, mais mes deux parents sont d’origine écossaise et j’ai hérité de leur délicieux accent qui fait que les plus mal élevés d’entre vous – oui, vous qui lisez ça et vous situez sur le continent américain – se plaindront parfois que je ne parle pas anglais parce que vous ne comprenez pas.

Ma vie a plus ou moins toujours tourné autour de la danse. Dès l’âge d’un an, je prenais des cours de découverte avec ma mère et à quatre ans, il lui suffisait de me déposer au studio et de venir me chercher après le cours. Comme vous pouvez vous en douter, la danse n’était pas une passion, au début. Je la pratiquais parce que ma mère m’y avait inscrite, je m’y amusais et j’avais beaucoup d’amies. Pour moi, c’était suffisant pour que je sois assez motivée pour y retourner chaque semaine. Je n’ai pas commencé par la danse classique. Ma mère avait décrété, à juste titre, que j’avais besoin de bouger. Ainsi j’ai commencé par le jazz. Vous le savez sans doute, les passions se forment rapidement. A sept ans, je savais déjà que je voulais danser plus tard. Alors un jour, je me suis assise avec mon professeur de jazz et je lui ai dit que je voulais être comme elle plus tard. Je me souviens encore d’elle. Et comment, c’était ma deuxième maman. Elle avait d’époustouflants cheveux rouges et frisés. Tout le monde l’aimait. Surtout moi. Elle m’a dit que si c’était vraiment ce que je souhaitais, il fallait à tout prix que je persévère et que je commence la danse classique le plus vite possible. Le plus vite possible étant, suite à un gros caprice de ma part, le lendemain. Même école de danse, juste le cours changeait.

Ah, croyez-moi, mes parents ont été – financièrement – soulagés quand ma sœur a décidé qu’elle ne ferait pas de danse. Car l’année suivante, j’ai aussi commencé la danse contemporaine pour me diversifier. Oui, ma vie n’a tourné qu’autour de la danse pendant un très long moment. En fait, elle tourne encore essentiellement autour de cette passion dont j’ai fait mon métier. Je ne vais pas vous faire un dessin, j’ai déménagé à New York peu après mes dix-huit ans pour la simple et bonne raison que c’est la ville où tous les rêves se réalisent. Je voulais que mon rêve de danseuse étoile se réalise aussi. Avec le soutien de mes parents et de ma sœur – non, pas celui de mon petit ami qui a décidé de rompre quand je lui ai annoncé mon projet de départ –, j’ai déménagé l’été suivant pour m’installer dans un confortable petit appartement dans le Queens avec le chat que j’ai adopté à mon arrivée à New York. Afin de gagner ma vie en enchainant les auditions, je travaille actuellement en tant que danseuse dans un cabaret de Manhattan.