la journée avait été infernale. d'un côté, les journées de meike étaient bien souvent de ce genre, mais la jeune femme tenait le choc à chaque fois. sûrement grâce à son éducation allemande qui voulait qu'elle soit dure et forte. des origines difficiles à renier. une journée qui se finit par un rendez vous chez sa meilleure amie. elle ne sait pas encore trop ce que l'autre jeune femme avait prévu, mais elle lui avait fait savoir que ce soir, elles sortaient et même si ça n'avait pas ravi meike, elle a juré à son amie de toujours la suivre dans ses plans, sauf si elle avait mieux de prévu, et comme tout le monde le sait, passer une soirée à passer derrière un coloc crasseux, c'était pas un meilleur plan. dix-neuf heure. elle est au rendez vous, une ponctualité encore héritée de son éducation. seulement, la porte ne répond pas. elle a fait demi-tour, pour demander au portier s'il l'avait vu passé. pas de réponse. semblerait que contrairement à l'allemande, la jeune fille soit pas si ponctuelle. comme si c'était la première fois que cette situation se produisait. heureusement, suite aux réclamations de meike, elle avait fini par lui donner la clé, en cas d'urgence seulement. mais comme, elle va pas rester devant la porte 107 ans, on va estimer que, c'est un cas d'urgence. voilà qui pousse donc la jeune femme à ouvrir la porte et à pénétrer dans l'appartement.  « ouhouh, y'a quelqu'un ?»

au premier coup d'oeil, il n'y a l'air d'y avoir personne. du moins, pas de réponse, ce qui vaut à meike de lancer un long soupir de blasitude. c'est pas la première fois qu'elle lui fait l'coup, d'lui donner rendez-vous, pis d'pas être là. mais d'habitude, y'a un mot sur le frigo. et après passage dans la cuisine, rien, pas de nouvelle. meike s'apprête donc à emprunter le téléphone de l'appartement pour savoir où son amie est, quand une voix l'interpelle. elle sursaute, par surprise. puis son visage se met à tirer la gueule, comme à chaque fois qu'elle se retrouve face à ce type. le cousin de son ami. sans arrêt, elle se demande comment deux êtres aussi différent peuvent être lié génétiquement. mais bon, la science et ses secrets. Qu'est-ce que tu fous là ? Elle l'observe, sans répondre. Elle n'aime pas les questions cons. Il la connait, il sait que sa cousine est son amie. Qu'est ce qu'elle peut bien foutre là ? « bah, ça se voit pas ? je viens promener le chien » répond t-elle d'un ton sarcastique et moqueur. évidemment son amie n'avait pas d'animal, et de toute façon meike ne les aimait pas mais elle s'était sentie obligée de donner une réponse con à sloan, tout simplement parce que sa question l'était déjà. « qu'est ce que je peux bien faire là à ton avis, j'attend ta cousine. on doit sortir. » ajoute t-elle en posant le téléphone et en croisant les jambes. elle soupire, encore. Qui t'as dit que tu pouvais rentrer ? euuh, mais qui lui a dit à lui de faire comme chez lui ici ? voilà qu'elle le sent venir à vouloir faire son homme des cavernes, comme s'il était le propriétaire des lieux. « et toi ? qui t'a dit que tu pouvais parader ici comme sur un terrain conquis ? j'te signale que j'ai les clés et autorisation de m'en servir. maintenant retourne à ta place » dit-elle avec un geste pour lui faire signe de partir. après tout, ça ne l'enchante pas de le voir, chose réciproque. qu'il retourne d'où il vient.

et la voilà, assise, une tronche de six pieds de long, en train de regarder l'autre idiot faire son fier dans le salon. elle déteste les gens riches. c'est inscrit dans leur conduite qui puent le fric, ils sont pourris jusqu'à la moelle, incapable d'être productif ou de se construire quelque chose. juste bon à gaspiller l'argent et le temps des autres. Et le voilà qui l'observe, il la fixe. il s'approche aussi, trop. mais pas de quoi la faire sourciller. ce gosse, il a pas grandit dans la rue c'est sûr, il sait pas se faire intimidant. la façon dont il se conduit, c'est si peu naturel, à tenter de la dévisager comme si ça allait produire quoique ce soit, comme s'il était le premier sang bleu qu'elle rencontrait. Il la toise, c'est pas pour autant qu'elle va baisser les yeux. C'est pas avec elle que son p'tit jeu de mâle dominant va marcher, elle lui doit rien et elle n'a pas peur de lui. « Tu crois réellement qu'une fille comme toi est bien placé pour me dire de retourner à ma place ? Regarde toi ! Personne veut toi, t'es une paumée ! J'pourrais même pas te dire la même chose, parce que t'as pas ta place que ça soit ici ou ailleurs. » Bouhouh, c'est qu'il se croit méchant en plus. Sa remarque ne vaut même pas un haussement de sourcil, elle s'en fou de lui. Royalement. S'il pouvait le comprendre. Mais non, parce que y'a son égo là à lui qui le travaille et lui donne le besoin chronique de foutre dans la face de chacun qu'il est né riche. « Tu devrais réellement faire un effort vestimentaire quoi ! Au moins quand tu te pointes ici ! T'as jamais pensé que tu pouvais foutre la honte à ma cousine ? Elle est trop gentille pour te le dire » Là, elle hausse le sourcil. Voyons, c'est qu'il l'aurait presque habitué à mieux. Elle soupire et prend même ses aises dans le fauteuil où elle s'est assise. Parfois, un geste peut valoir mille parole et subitement elle lâche de façon très neutre. « Tu vannes comme une femme. » avant de finalement poser les yeux sur lui pour soutenir son regard. « T'es aussi pas très malin, aussi con que fier. Parce que plutôt que de rester là à me sortir tes vannes de femme, tu pourrais être ailleurs à faire beaucoup mais tu t'imposes ma présence. Personne ne t'a dit de rester là, et je t'ai sûrement pas demandé de venir me tenir la jambe alors. »

Elle maudit son amie. C'est pas le genre, mais pour l'avoir foutu dans une situation comme celle-ci, elle le mérite bien. Non pas que les paroles de Sloan lui fassent quelque chose. C'est comme entendre un gosse en plein crise de la tourette. Non, c'est juste qu'elle est coincée. Elle va pas bouger, pas maintenant qu'elle sait que ça ferait trop plaisir à l'autre idiot. "T'as pas compris que je me mets à ton niveau?" Oui, c'est ce qu'ils disent tous quand on souligne leur puérilité. Meike ne dit pas grand chose, ça lui ferait bien mal qu'on lui en fasse le reproche tiens'. Elle ne répond pas, ses lèvres se contentent de former un rictus. Avec des gens comme ça, ça ne sert à rien de répondre. Il s'monte la tête seul. "C'est plutôt toi qui va bouger ton cul de là et partir. Ma cousine est pas là, donc t'as pas de raison d'être là. Alors casse toi." Et bien, à s'demander qui a réellement reçu la bonne éducation. La prochaine fois qu'elle entendra que celle des riches est irréprochable, elle se souviendra de ce moment. " Donc maintenant, tu vas me faire le plaisir de retirer ton gros-cul de ce fauteuil et aller attendre que ma cousine rentre dehors. Sauf si tu veux avoir des emmerdes avec les flics." Et là, c'est le moment où elle comprend qu'elle l'emmerde. Et comme elle n'a strictement rien fait pour ça, que c'est lui tout seul, elle a de quoi rire. Mais, ça lui ferait perdre son sérieux et ça, ce serait pas bon. « Et maintenant, tu te comporte en gosse. » ajoute t-elle en l'observant faire son caprice de sale enfant gâté. C'est juste tellement stupide, il allait partir. Il a rien à prouver, il n'est pas chez lui. « Je ne vais pas bouger. Et toi, tu ne vas déranger des gens font un vrai métier pour un de tes caprices. Surtout que, ça ne servirait à rien puisque, y'a pas eu effraction, j'ai les clés et que le concierge pourra très bien témoigné que je suis une invitée ici. En revanche, toi, t'intéresse tu seulement assez au bas peuple pour le laisser notifier de ton identité ? Je ne pense pas. » explique t-elle sans s'inquiéter pour un sou. « Je te retiens pas, alors arrête ta fixette et va la où tu devais aller. »