Je sais pertinemment ce qui m’attend quand je pousserais cette porte. Il y a ce cœur qui bat encore dans ma poitrine renforcée. Ce cœur est un muscle, enfermé dans ses remparts il semble imprenable. Pourtant, elle a toujours sa place. Si personne ne peut y entrer, personne ne peut en sortir. Mon ex fiancé, la seule femme que j’ai réellement aimé au point de vouloir finir ma vie à ses cotés. J’avais pensé à nos enfants, au bonheur de les voir grandir. De voir vieillir cette femme à mes cotés, je l’ai imaginé et tout cela c’est écroulé. Je n’ai jamais exprimé mon chagrin face à elle, je n’ai pas l’intention de sa détruire. Je l’aime bien trop. Le sport avait été ma première solution, mon cœur s’est transformé et bien que j’aie toujours été imposant par la taille, je l’étais à présent par la carrure. Puis est apparu le premier tatouage, puis ce fut les autres. Décoloré mes cheveux, plaqué mon job, devenir fou dans le fond. Tout cela m’a semblé être dérisoire, à coté de ce que j’ai vécu. A cause d’elle. Par sa faute. Je suis incapable de lui vouloir du mal, de vouloir le lui faire payer. Elle culpabilisait tout simplement et j’avais tout simplement le besoin de savoir qu’elle allait mieux sans quoi je ne pourrais pas relever la tête. Je ne peux pas la laisser s’enfoncer parce qu’elle pense qu’elle doit payer de ce qu’elle m’a fait. J’ignore quand elle me pardonnera.

Je pousse quand même cette fichue porte. C’est encore le désordre, mais comme elle est allé travaillée, je n’ai pas l’intention de gâcher son temps libre avec ça. Probablement passerais-un de ces jours pour faire le tri. Il n’est pas question de la laisser vivre dans une décharge. Je n’en serais pas à mon premier essaie et j’ai essayé de la remotivé et je ne désespère pas d’y parvenir. C’est la femme que j’aime, de n’importe quelle manière. Je pose le sac de nourriture chinoise dans le frigo vide, allume la cafetière. Je suis persuadé qu’elle est encore au lit. Comme bien souvent. Une fois le café coulé, je rempli un bonne tasse et me dirige vers la chambre. Je n’ai jamais peur de la surprendre avec quelqu’un, ce serait d’ailleurs bon signe… Si elle pouvait être heureuse avec quelqu’un… Je crois que je pourrais alors essayer de l’être moi aussi, j’étais si dépendant d’elle.

J’entre dans la chambre, il y a cette chanson… Je souris faiblement, un de mes rares sourires désormais. Je me suis assis à ses cotés et pose ma main sur sa chevelure blonde « J’ai apporté de la bouffe chinoise. » Même si je n’en étais plus aussi friand que par le passé, j’aimais toujours partagé cela avec Amy. Je dégage une mèche de cheveux et tend la main pour couper le son de cette mélodie aux paroles parlantes. « Comment c’est passé le travail ? » Oui, parce que je n’avais été la voir qu’une seule fois cette semaine, parce qu’elle était probablement fatiguée et j’imaginais qu’elle n’avait pas besoin de moi dans l’immédiat. Mais je crois qu’elle aura encore longtemps besoin de moi, je serais là. Aussi longtemps qu’elle le nécessitera même si parfois elle me dit de partir, elle sait que ça ne sert plus à rien de me rejeter. Je me lève, bien que j’aurais pu rester là, a caresser ses cheveux et admirer son visage même si celui-ci était creusé par la fatigue, me semblait être le plus beau de tous. Je me suis suffisamment endurci pour me faire une raison : elle ne sera plus jamais mienne. J’ouvre peu à peu les volets, couvrant la chambre d’une lumière apaisante provenant de l’astre majestueux.

Sloan, à croire que ce gamin avait décidé de me hanter. Je l’appréciais, à ma manière. Je l’avais gentiment recadré à plusieurs reprise quand il m’avait prit pour son gorille bien qu’en réalité j’étais payé pour ça. Payé pour le protéger, mais j’étais loin d’être son esclave. J’étais d’une telle froideur qu’il savait que c’était inutile de jouer sur cela avec moi. Je ne sais pas si je me sens beau ainsi, pas vraiment. Je me sens fort et cela me suffit. J’ai besoin d’être protéger et de protéger. J’écarte les autres de ma vie, Amy était encore au centre de ma vie, bien que mes amis me déconseillent fortement de m’accrocher à elle. Ils ne peuvent pas comprendre, cette femme est à jamais mon âme sœur. Mon bonheur est dépendant du sien. C’est alors qu’elle fit une remarque vis-à-vis du changement de notre situation. Dans le fond agent immobilier m’avait vraiment plu, j’avais travaillais durement pour y parvenir. J’avais aimé ses études, j’ai été passionné par les quartiers de cette ville, la découverte d’endroits particuliers. Puis finalement, je n’avais plus trouvé d’attrait et simplement la monotonie que l’on puisse associer à ce métier. Je me suis ennuyé, parce que je ne suis plus moi-même. Je ne le suis qu’auprès d’elle finalement. Elle est ma moitié, quoi qu’il arrive. Quoi qu’elle en pense, sans elle je serais toujours incomplet. Probablement est-ce pour cela qu’il n’y avait nulle place pour une autre femme dans ma vie. J’imagine que cela viendra un jour. Que peut-être une femme percera cette carapace du monstre que je suis devenu. Physiquement, je ne suis qu’une machine, j’aimerai l’être parfois cérébralement. Mais je n’abandonne pas. Je suis le plus fort de nous deux, je prendrais soin d’elle car c’est mon destin.

Je lui adresse un faible sourire et je m’approche d’elle, devinant sans peine son invitation. Oui, je la connaissais par cœur. Je me suis assis à ses cotés et pose mon regard bleu sur elle. Bientraitant. Je ne lui ferais jamais le moindre mal. Je lui montre d’un signe de la main le café sur la table de nuit, je l’avais préparé de la façon dont elle préfère le déguster. On pourrait croire que je cherche à la récupérer, mais c’est faux. Bien sur que je l’aime, mais je suis au dessus de ça. Je crois que j’ai définitivement accepté l’idée qu’elle ne m’aimera jamais comme je l’aime. Mais je suis persuadé qu’elle-même, d’une certaine façon. Différente, c’est tout. Mais cela me suffit.

« C’est vrai, il y a eu beaucoup de changements dans nos vies. Je me sens bien, j’aimerai que cela en soit de même pour toi ; Amy. » Je me sens bien oui, je n’ai plus peur. Peur d’être abandonné et livré à moi-même dans une certaine impuissance. Bien sur… J’ai pleuré, j’ai versé bon nombre de larmes après avoir rendu mon costume de marié et annulé les festivités. J’ai fait le fier devant mes parents, je ne leur aie pas montré à quel point j’ai souffert. A cause d’elle, j’ai eu ce trou dans ma poitrine et j’ai du le colmater comme j’ai pu. Je suis devenu ce personnage étrange. Qui que soit cet homme, je me sens en sécurité d’être lui. Je pose ma main sur la sienne avant de lui dire avec un franc sourire « Cela prendra le temps qu’il faudra. » Je mêle doucement mes doigts aux siens, je veux qu’elle sache à quel point je la soutien, comme je suis son ami le plus loyal. Mes amis pensent que c’est de la folie. J’imagine que c’est vrai. Qu’importe. Je l’aime, je ne l’abandonnerai pas. Même si elle n’a pas hésité à m’abandonner, moi. « Il y a une soirée au Coyote Bar sur Manhatthan, certaines de nos vieilles connaissances seront là… » Est-ce que ça te dis d’y aller… De rencontrer de nouvelles personnes et de voir comme tes amis oubliés pensent encore à toi. Je ne pose pas la question, je ne veux pas la brusquer. Elle en bave assez comme ça.

Quand elle déverse sur moi son amertume, une fois de plus. Je ne répondais pas, c’est vrai. Je ne suis pas totalement heureux, mais je suis en paix avec ce que je suis. Enfin je crois. Du moins, c’était le sentiment que je pouvais avoir actuellement et cela me suffisait. Bien sur que j’ai le cœur brisé, mais j’ai appris à vivre avec, à devenir plus fort. Je le lui aie dit par cent fois, mais j’ignore si elle me croira un jour seulement. Elle me rappelle tous ces vieux souvenirs, me les jette en plein visage et même si ça fait mal je me montre inexpressif. J’étais capable de ça à présent, non pas une indifférence, mais une impassibilité nécessaire. Pour son équilibre à elle. Le moment où elle me surprit, fut ce qu’elle disait au sujet de mon regard. Probablement ma seule faiblesse, la seule fenêtre encore ouverte sur mon âme alors que mon être se montrait presque froid. Je prends sa main, avec douceur. Baissant légèrement ses yeux qui me trahissent. Je m’en voulais, je n’aurais pas du la laisser voir ma tristesse. Alors je décide de ne rien répondre à ce sujet, parce que l’émotion pourrait s’entendre dans ma voix. Je lui propose une sortie avec nos anciens amis, je n’espère pas trop une réponse positive pour cette fois, mais je laisserais l’idée germer dans son esprit et peut-être alors qu’un jour… Elle acceptera. Qu’elle s’acceptera tout simplement, comme moi je l’accepte.

Evidement elle cherche à décliner l’invitation avec des excuses. Je ne lui en veux pas, je ne lui en voudrais jamais. Elle était délicate à mes yeux, à prendre en douceur. Je l’aime ainsi, Amy. La femme de ma vie. Je me moque de ces femmes qui bavent sur moi ; elles ne lui arrivent pas à la cheville. « Pourquoi je reste ? » Répétais-je seulement pour attirer son attention et capter son regard avec une certaine tendresse dont j’ai toujours fait preuve à son égard. « Tu l’as dit toi-même. Je t’aime encore. Amy, je t’aimerai toujours d’une quelconque manière. Tu as partagé ma vie et je t’ai pardonné depuis bien longtemps. » A vrai dire, je ne sais pas si je lui en ai voulu une seule seconde. Je me suis seulement senti détruis, malheureux. Mais je n’ai pas éprouvé de haine ; j’en étais incapable. Je me disais que c’était aussi de ma faute dans le fond… « Tu n’aurais jamais été heureuse avec moi, alors je ne l’aurais pas été. » D’une manière ou d’une autre, je m’étais condamné en aimant cette femme.

Malgré tout, je lui adresse un faible sourire. J’ai connu le véritable amour malgré tout, à notre manière. « Tu n’es pas un monstre, tu n’as jamais voulu ce qui est arrivé. Pourquoi tu te fais souffrir de la sorte, alors que personne ici ne t’en veux ? Je n’étais tout simplement pas fait pour toi, même si tu es parfaite pour moi. » Je pose ma seconde main sur le dos de la sienne, réchauffant ainsi sa peau froide bien qu’elle sortait du lit. Je n’ai pas l’intention de l’abandonner. Je ne suis pas ce genre de personne. « Si tu n’es pas prête, je comprends. Mais sache que personne ne t’en veux et que tout le monde a envie de te voir heureuse. » Je m’étais dit que je n’avais pas été la personne de ces rêves, qu’au fond d’elle physiquement je n’ai jamais pu la combler. C’était aussi de ma faute tout ça. Je me demande comment je n’ai pu m’en apercevoir. J’ai été aveugle alors qu’elle était malheureuse ; je l’avais peut-être même forcé à accepter de m’épouser. Si elle n’avait pas décidé de me tromper, peut-être que nous aurions été malheureux toutes notre vie. J’ai espoir qu’elle soit heureuse, maintenant qu’elle sait qui attendre.