« Bon le rabat-joie de service, tu vas accepter cette proposition, sortir et te changer les idées ! Cam, t'en as besoin … fais-moi plaisir, d'accord ? » Je déteste lorsqu'elle me lance ce regard de chien battu. Déjà petit j'étais incapable de lui dire non alors qu'elle l'usait pour parvenir à ses fins, ce n'est pas maintenant que ce fait à changer. Mais je la comprends. Casey se préoccupe seulement de mon bien-être. Nous nous sommes peut-être perdus de vue pendant près de dix-huit ans seulement elle reste ma jumelle, celle qui me connaît par cœur et qui sait à quel point toute cette histoire peut me détruire. Bien que j'adore mon métier, je n'ai jamais été un bourreau de travail pour autant. En ce moment c'est à se le demander. Je n'ai sans doute jamais passé autant de temps au bureau. J'ai besoin de me changer les idées, d'oublier cette crainte qui me ronge un peu plus chaque jour. Sortir est probablement une bonne idée. En tout cas, tous mes proches semblent s'accorder dans ce sens. Je ne compte même plus le nombre de propositions que j'ai pu recevoir et la dernière en date est de Satine. Même si j'adore passer du temps avec cette charmante brune depuis que je la connais, en ce moment elle n'est pas la seule que je refuse de voir. Malheureusement pour moi, j'ai reçu son message en étant en présence de ma sœur qui a la fâcheuse manie de lire par-dessus mon épaule. « Très bien ! J'y vais ! Mais je te rappelle que c'est toi qui m'a dis de me calmer avec l'alcool, si je finis aux urgences tu seras la principale coupable. » Casey lève les yeux au ciel bien que je sais que ça ne la fera pas changer d'avis pour autant. A vrai dire, c'est elle qui a eu un problème avec l'alcool par le passé, pas moi … enfin en ce moment je ne peux pas dire être clean. Enfin bref, je cède. J'abandonne ma sœur après avoir répondu à Satine que je la retrouverai au point de rendez-vous rapidement. La nuit est déjà tombée sur New York mais, comme d’habitude, cette grande ville est tout aussi agitée qu'en journée, si ce n'est pas plus. Je ne fais pas même un détour par chez moi, je me contente d'envoyer un message pour que Oliana ne s'inquiète pas et je prends la direction de Manhattan, empruntant le métro plutôt que ma voiture. Il me faut une vingtaine de minutes pour parvenir à destination et, à quelques mètres de notre lieu de rendez-vous je reconnais Satine sans le moindre mal. « Pile à l'heure, n'est-ce pas ? » Lui dis-je en regardant ma montre par la même occasion. Bon d'accord, j'ai deux petites minutes de retard mais je ne conduisais pas le métro ce n'est donc pas de ma faute. Un petit sourire étire mes lèvres et je passe un bras autour des épaules de la jeune femme afin de l'amener contre moi pour la serrer doucement dans mes bras. « Ça me fait plaisir de te voir. » J'affirme en brisant notre étreinte. Certes, j'ai été un peu invisible depuis septembre, mais ce n'est pas contre elle ou contre toutes les personnes qui ont essayé de me voir j'avais juste besoin de temps.

« Non, non nooon. Pas ce soir, ce soir je n'existe pour personne, compris ? Il n'y a plus de Satine sur cette planèèète! » J'avoue, je suis un peu dure. Mais ces derniers temps, je fais un léger burn out. Ras le bol des sorties à gogo, des faux sourires devant les photographes, de devoir tout contrôler pour être sûre de ne pas avoir d'ennuis avec la presse à scandale. Non, ce soir j'ai prévu de m'occuper de quelqu'un d'autre, à savoir Cameron. Oliana, j'y travaillais déjà, mais s'il y en a bien un autre qui souffre de sa situation de couple, c'est lui. En même temps... Avoir une femme amnésique qui a tout oublié de votre histoire, ça n'a rien de bien réjouissant. Alors j'avoue, j'ai passé la journée à faire pression sur mon garde du corps et ami pour lui demander de passer la soirée avec moi sur Broadway, pour qu'il se change les idées. Et à ma grande surprise, pour une fois, il a fini par céder. Ô miracle. J'ai donc bien validé le point de rendez vous, avant de sauter dans un jean et un pull, enfilant manteau et bonnet pour me couvrir en cette fraîche période d'hiver, bien qu'on aie déjà connu bien pire à la même période à New York. Je m'évadais rapidement de mon appartement en précisant à Lewis que noon, je ne voulais pas prendre la voiture et qu'il me dépose. Ce soir, je suis une New Yorkaise comme une autre, je suis la Satine d'avant. Sauf que je partais de l'Upper East Side, m'enfin, passons. En un petit quart d'heure j'arrivais sur Times Square, me fondant dans la masse en marchant rapidement jusqu'à Broadway, devant un des nombreux théâtres de la rue où j'avais donné rendez vous au jeune homme, que je repère d'ailleurs alors qu'il approche de moi. Je fis un sourire, rassurée de voir qu'il est bel et bien venu. « Pile à l'heure, n'est-ce pas ? » Je hoche la tête sans même regarder l'heure. « Même en retard je ne t'en aurais pas voulu. Je suis contente que tu sois venu. » Sans la moindre résistance, je laisse alors Cam m'attirer dans ses bras, passant mes bras autour de lui pour l'étreindre sans relâcher mon sourire. « Ça me fait plaisir de te voir. » Me détachant de lui, je me hissais sur la pointe des pieds pour embrasser sa joue. « On marche un peu ? Je pensais qu'on pourrait marcher, discuter, et finir par boire un bon chocolat chaud rempli de chantilly qu'en penses tu ? » Tout dans la simplicité à l'approche de ces fêtes de fin d'année. Je pris son bras sagement, avant de commencer à marcher à ses côtés. « Alors, t'as pas eu trop de mal à t'habituer à la lueur de jour en sortant de ta tanière ? A moins que tu aies attendu la nuit tombée avant de sortir ? » Tout dans la taquinerie, oui oui. Mais c'est loin d'être méchant, et il le sait bien. Je penchais d'avantage la tête sur le côté pour le regarder, plus sérieuse. « Tu vas mieux ...? »

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