Elle est là, allongée à mes côtés. Elle me tourne le dos et je ne peux admirer que sa chevelure. La blondeur de ses cheveux. Je passe mes doigts dedans et approche lentement mon corps du sien. Ses cheveux sentent tellement bon. J’ai l’impression d’être un psychopathe accro à sa proie. Sa proie qu’il ne veut plus quitter. C’est la femme de ma vie, je le sais. De toute façon, je l’ai épousé, elle a accepté. Donc, elle est à moi. Sauf que, ce n’est pas ma proie, ce n’est pas une proie du tout d’ailleurs. Elle se retourne afin de se retrouver face à moi. Je la regarde droit dans les yeux. Ses beaux yeux bleus. A mes yeux, il n’existe pas de femme plus belle qu’elle sur terre. Si ce n’est ma mère, maaaais, disons que les deux n’ont rien à voir. Je ne peux pas les placer au même niveau, ni même au même endroit. L’une est ma mère et la seconde est ma femme. Ça ferait un peu bizarre. Je vois qu’elle hésite. Elle a la bouche entrouverte. Mais, elle la referme aussitôt. « Qu’est-ce qu’il y a ? ». Elle hausse les épaules. Elle a vraiment peur de ce que je pourrais penser. Ce qui est étrange dans un sens car, je ne sais pas encore ce qu’elle a à me dire. « Je me dis qu’il ne manque plus qu’un petit nous, pour qu’on soit enfin… Je sais pas, comblés tu vois ? ». Je ne parle pas durant quelques secondes. Les secondes durent aussi longtemps que des minutes et les minutes ressemblent à une éternité. Une vie toute entière est passée avant que je ne me décide enfin à lui répondre. « Je nous trouve encore trop jeunes pour être parents. Je sais pas, on est bien tous les deux là non ? ». Elle me tourne de nouveau le dos. Mais cette fois, c’est parce que je l’ai contrariée et non pas parce qu’elle vient de se réveillée et qu’elle a dormit dans cette position. Je me sens mal car je lui ai fait du mal en réagissant ainsi. Mais je ne veux pas me montrer faux avec elle. Je veux qu’elle sache les choses comme je les ressens, comme je les vois. Et actuellement, je ne me vois pas être père tout de suite. Ce serait tellement rapide. On est marié déjà. C’est une grande étape que nous avons franchi. Après, je ne dis pas non plus que nous n’aurons jamais un petit nous, comme le dit si bien mais, pas tout de suite. Je passe mes mains sur mon visage tout en soupirant et là, je l’entends me dire quelque chose d’assez blessant. Je sais qu’elle dit ça sous le coup de la déception, de la colère, mais moi aussi, je finis par être blessé. « Peut-être qu’on a finalement pas les mêmes envies… ». Il lui suffit d’une simple réponse pour remettre toute notre relation en question. Notre mariage qu’elle trouvait parfait jusqu’ici. Tout ça parce que je ne suis pas prêt à être père pour le moment. Parce qu’on a les mêmes envies, mais pas au même moment. Je me lève du lit et sors en claquant la porte de la chambre. La porte de la maison également et je m’appuie contre celle-ci. Puis tout devient noir. Je vois les phares d’une voiture me foncer droit dessus et la voix de ma femme. Ma femme qui hurle.

Je me réveil en sueur. Ce n’était qu’un rêve. Un cauchemar… Bien qu’il soit issu de ce que j’ai vécu. Je me repasse cette scène en boucle dans ma tête. Chaque nuit ou du moins, la majeure partie du temps. Je ne sais pas combien de temps je tiendrai, mais je n’en peux plus.