« Désolé mais ça va pas être possible entre nous, te méprends pas hein, cette nuit avec toi était sympa mais... t'es trop collante en fait » avouais-je en soupirant à la femme en face de moi qui, les larmes aux yeux, baissa le visage, murmura un faible « ok » et s'en alla doucement. Ouais je voulais bien coucher avec elle mais de là à sortir ensemble... Fallait pas abuser, il y avait des limites. Enfouissant mes mains dans mes poches je me tournais pour continuer ma route. Ceci était mon quotidien, séduire des femmes, coucher avec et aller dire gentiment d'aller se faire foutre à celles qui commençaient à trop s'attacher. Que vouliez vous que je fasse avec celles là ? Que je sorte avec toutes et leur fasse encore plus de mal ? Non, croyez moi, mieux valait s'arrêter là, ne faire couler que quelques larmes et éviter un traumatisme. Continuant à marcher la tête baissée, je ne vis pas la personne devant moi et me heurtais donc à elle. « Pu... » commençais-je à jurer avant de relever le regard et de reconnaître Erin. Ma grimace se transforma en grand sourire devant cette magnifique créature qui symbolisait l'espoir que tout irait mieux un jour. Ma douleur était partie grâce à elle, parce qu'elle n'avait pas renoncé à moi, pas comme la plupart de mes anciens amis. Erin avait toujours répondu présente lorsque j'avais eu besoin de parler, croyant vraiment en moi, dans ses yeux j'avais l'impression d'apercevoir un avenir meilleur, non seulement pour moi, mais pour le monde entier. Que mon rêve d'être écrivain se réaliserait, que mon livre toucherait plus d'une personne, qu'enfin je servirai à quelque chose sur cette Terre. Ouais, je voyais tout cela simplement en la regardant. Voilà pourquoi avec elle je me montrais si gentil, si compatissant, si... parfait. L'ancien moi réapparaissait doucement à chacune de nos rencontres et c'était donc tout naturellement que je lui demandais : « Je t'avais pas vu ! Tu vas bien ? »

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Et voilà qu'Erin commençait son heure morale, essayant encore et toujours de me remettre dans le droit chemin, de revoir celui qu'elle avait une fois connu. Malheureusement pour elle le gamin qui avait peur de parler, qui restait dans son coin sans rien dire le temps du dîner, ce gosse qui avait peur de tout, même de tenir tête était parti, définitivement. Le ramener était impossible, alors, quand elle m'engueula à moitié je levais juste les yeux au ciel, d'un air exaspéré. « T'aurais préféré quoi ? Que je lui mente, qu'on sorte ensemble, que je la trompe et que notre histoire misérable se finisse dans des cris et des larmes ? » demandais-je sur un ton ironique, tentant de lui faire comprendre qu'être dur était pour le mieux. Oui, comme ça elle se dirait que j'étais un connard qui ne méritait pas son amour, elle pourrait se consoler en pensant que jamais ça n'aurait marché entre nous au lieu de se donner corps et âme dans une relation perdue d'avance. « J'préférais faire ça vite et ne pas perdre de temps, plutôt que de la prendre dans un café et qu'elle me fasse une scène digne d'un film dramatique ok ? Faut que tu t'en remettes c'est pas la fin du monde ! » En effet, c'était loin d'être un désastre, je l'avais juste dit que c'était pas possible entre nous merde !

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