Il la regarde allongée là, sans un mot. Il observe sa poitrine qui se soulève à intervalles réguliers, et il se laisse bercer par cette cadence qu'il commence à connaître par coeur. Ses doigts se perdent dans sa longue chevelure blonde, et il sent son parfum qui doucement l'enivre. Elle est belle, tout simplement, ou tout du moins aux yeux de Bellamy l'est-elle. Il l'a rencontrée il y a un mois, c'est une nouvelle chirurgienne, qui a rejoint la mission humanitaire pour la première fois. Pleine de fougue, d'envie de changer le monde, et cette même vision humaniste qu'elle semble partager avec Bell. Il a craqué immédiatement face à son assurance, celle que lui semble incapable de posséder, face à son charme, son charisme, à tout ce qui fait d'elle, qui elle est. Il aimerait dire que c'est lui qui lui a fait du charme, mais ce serait mentir. Bellamy ne sait pas charmer, il ne sait pas draguer. Non, Bellamy ne sait que regarder du coin de l'oeil, discrètement, de peur de les faire fuir. Alors il s'est contenté de se laisser approcher, et puis un soir, avec un verre dans le nez, il a osé une tentative d'approche. Mais à voir la miss, même un mouvement d'un millimètre lui aurait suffi pour qu'elle lui saute au cou. Cinq mois se sont écoulés, cinq mois à s'aimer, à se faire l'amour, à rire et à vivre de cette passion brûlante qui leur monte à la tête. A force de me regarder comme ça, tu vas finir par m'user... Souffle-t-elle amusée, les yeux encore tout endormis, avant de se tourner vers lui et de déposer un baiser sur sa bouche. Il rigole entre ses lèvres avant qu'elle ne se détache à contre-coeur de son corps. C'est dommage que ma mission se termine dans trois semaines... J'aime bien être à tes cotés. Bellamy n'est pas certain de comprendre le choix de ses mots. Et son air interrogateur semble faire réagir sa belle, qui soudainement se redresse dans le lit qu'ils partagent. Elle se racle la gorge, cherche ses mots l'espace d'un instant, qui semble être une éternité pour Bell, qui craint de plus en plus d'avoir de plus amples informations. J'veux dire que, j'ai beaucoup aimé ces moments passés avec toi. Mais tu sais que je vais rentrer chez moi, en Californie. Et que je ne reviendrai plus en Afrique. Je dois terminer ma résidence là-bas. Elle parle calmement, comme si elle avait peur que ses mots ne puissent blesser le brun. Mais c'est un peu tard. En grand rêveur qu'il est, il n'a pas pensé une seconde que tout ceci ne mènerait à rien. Que tout se finirait comme ça, aussi facilement, sans qu'elle ne décide de se battre, sans qu'elle ne veuille faire quoi que ce soit pour eux. Ok. La réponse est succincte, en même temps, il ne sait pas trop quoi dire. De son coté, la blonde semble mal à l'aise face à sa réaction. Et lorsqu'il se lève et se rhabille, elle ne sait quoi dire. Le silence se fait pesant, presque malsain, avant que Bellamy ne prenne à nouveau la parole. Il vaut mieux qu'on arrête là alors. Bon retour chez toi. Se content-il de dire avant de sortir de sa chambre. Il ne lui adressera plus la parole pendant les trois semaines suivantes, jusqu'à son départ. Il ne savait juste pas quoi lui dire. Elle lui avait brisé le coeur.


Parfois, il se demande s'il a fait le bon choix. S'il n'aurait pas mieux fait de rentrer chez lui. Mais c'est un peu tard, huit mois se sont écoulés depuis le terrible accident d'avion de ses parents. Morts, tous les deux, laissant derrière eux deux orphelins. Il se souviendra toujours de cet appel, et de la voix brisée de sa soeur lui annonçant la terrible nouvelle. Et puis son silence à lui. Sa décision de ne pas rentrer, laissant la pauvre cadette Nash affronter tout ça seule. Bellamy se sent lâche aujourd'hui, même si à l'époque, il pensait que c'était la meilleure décision, pour lui, pour se protéger. Pour une fois qu'il a été égoïste, c'était vraiment le mauvais moment ! Aujourd'hui, la brune refuse de lui parler. Et il ne l'en blâme pas, il regrette juste. Parfois, il lui envoie un message, dans l'espoir de recevoir ne serait-ce qu'un mot pour réponse. Même une insulte lui suffirait. Mais le silence se fait de plus en plus dur, et Bell rongé par le remord ne sait plus quoi faire. Mais la réponse va le frapper en pleine face, sans prévenir, sortie de nulle part, violente. Sous la forme d'un autre appel téléphonique, la voix est tout aussi brisée, mais plus la même. Bellamy ? C'est Anna. La meilleure amie de sa soeur, étrange qu'elle l'appelle. Le coeur du brun se serre, soudainement épris de panique. La suite mais bien trop long à venir, pourtant il est incapable de parler. Peut être qu'il a trop peur de la réponse. Pauvre petit Bellamy tétanisé par la peur de ce qui va lui être dit. C'est ta soeur. Elle est malade. J'veux dire gravement malade. Le temps s'arrête, Bellamy tombe, incapable de tenir debout, ses genoux lâchant sous son poids. Il peine à articuler ses mots pour lui demander ce qu'elle a, mais elle comprend quand même. Un cancer. Le mot est lâché, pareil à une bombe. Bellamy ne sait pas comment prendre la chose. Mais y a-t-il vraiment une manière de prendre la chose ? Apprendre que sa soeur est mourante est quelque chose que personne ne devrait connaître. Pourtant les faits sont là, et Bellamy n'a plus qu'à faire avec ! Je rentre. A l'autre bout du fil, elle ne dit pas il était temps, mais elle le pense si fort, que Bell le comprend. Il ne l'en blâme pas, tous doivent penser pareil à New York, lui-même le pense... Il ne lui faudra alors pas plus de trois jours pour mettre un terme à son contrat, et à se retrouver dans l'avion qui le ramène chez lui. Il ne peut pas vivre chez sa cadette, qui refuse toujours de lui parler, alors il va chez sa meilleure amie, en espérant qu'avec le temps, il pourra réparer sa relation qu'il a gâché avec sa soeur.