New York appartient à ceux qui sont prêt à croquer la pomme empoisonnée. Sauf que dans cette histoire, vous devez être la princesse passagère ainsi que la vengeresse sorcière. Vous êtes victime et bourreau dans ce monde et rien ne prépare à vivre à New York avec tout ce que cela implique. Quand on est enfant, tout est plus ou moins similaire que dans beaucoup de pays européens, mais une fois adolescent, tout change et il faut se faire une place. Tout le monde cherche et désire sa place au sein de cette micro société qui se crée au collège.

Mon père biologique est suédois d’origine, un archéologue de renommé international qui tomba éperdument amoureux de la fille d’un de ses clients. Elle était d’une impulsivité arrogante qui lui donnait cet air rebelle si plaisant aux yeux de ses soupirants. Naturellement, elle fut charmée par la sagesse de son aimé, âgé de huit ans de plus qu’elle. Ils se fiancèrent, se marièrent et peu de temps plus tard, je vins à naître dans les meilleurs circonstances. Je leur donnai espoir de construire une famille convenable malgré les absences répétées de mon père biologique dont le travail représentait un engagement non négociable.

Il fallut attendre mes quatorze ans pour que le divorce soit officiellement prononcé, que des années de disputes eurent raison de leur mariage ainsi que l’amant de ma chère mère. Elle finit par se marier peu de temps après avec ce dernier, faisant table rase de son passé en tant qu’épouse de mon père. Ce qui compliquait notre relation ne fut pas ce changement violent qui bousculait mon quotidien, mes habitudes et repères mais bel et bien une volonté d’être franc avec mes parents et leur avouer mon homosexualité que je savais inévitable. Lorsque j’eus dix-huit ans, je me suis confessé en étant persuadé que cela ne poserait pas de problèmes mais cela était sans compter l’homophobie dissimulée de mon beau-père. Et celle que je pensais ouverte d’esprit me déçue aussi ce moment là. Ma mère ne prit pas ma défense mais bel et bien celle de son mari. Selon lui, « tu peux aimer qui tu veux mais tu ne peux pas être une trainée ». J’étais homosexuel donc je devais coucher avec n’importe quel homme. Leur regard changea, celui de ma mère changea et il ne me fallut qu’une seule journée pour faire mes affaires en douce et partir chez mon père biologique. Une soirée à tout expliquer et, aussi compréhensif que possible, il m’accepta dans son immense immeuble le temps de me remettre sur pied. Il promis de m’aider à trouver un appartement, ce qu’il fit. Depuis, je n’ai qu’une famille : mon père biologique, mon vrai père.

D’un naturel franc, j’appris à mes dépends qu’il ne fallait pas que je laisse les rumeurs ou les mots durs me blesser mais entrainé dans des milieux aisés, poussé dans des établissements de riches puisque je l’étais, je dus apprendre, malgré moi, à être sur mes gardes, à devoir manipuler et faire ce qu’il fallait pour me protéger. Alors, lorsque les premières rumeurs concernant mon homosexualité furent exposés sur le net, j’acceptai la vérité et cela me transforma. Je devenais de moins en moins agréable et même, j’attirais de plus en plus les foules. Un contre-aimant qui agit comme un aimant, c’était exactement l’ironie de la situation. En cherchant à m’éloigner de ce monde, il m’avait rattrapé. Et bien vite, je devins l’homosexuel le plus apprécié et le plus craint. Je construisis mon cercle, je me laissais aller à mes sarcasmes et je m’armais, comme toujours. Si vous connaissez Gossip Girl, j’étais en haut des marches pour vous donner une idée.

En parallèle à cette vie de série, je continue à faire de l’escrime, sport initié depuis aussi loin que je m’en souvienne. C’était l’activité que je faisais qui rendait mon père aussi fier qu’un coq. Et je ne cesse de tenter d’accroître sa fierté à mon égard. De l’autre côté, je suis devenu populaire sur Vine en peu de temps. Cela fait maintenant trois ans que je suis dessus et que je passe doucement mais surement à la plateforme YouTube qui me correspond davantage.

Ma vie est mouvementée mais elle est digne d’être vécue. Parfois, je me perds entre qui je suis et la personne que je désire être. Et par moments, je déteste qui je suis, je regrette de ne pas être moins populaire. Je sais que Vine m’a aidé dans ma popularité, et on me répète que je suis beau, que ma famille est riche de tous les côtés et que j’ai de la chance mais il m’arrive de m’isoler et de penser que je serai heureux avec quelqu’un à mes côtés. Quelqu’un avec qui partager l’argent que je dépense à amplifier ma ruée vers la renommée.