J'entrouvre les yeux, qui se posent directement sur mon ma montre qui fonctionne une fois tous les mois, vieux croûton que je n'ai surement pas changé depuis des lustres, pas le temps. 15h30. Quoi déjà ? Qui a dis que la journée appartenait à ceux qui se lèvent tôt ? J'crois que j'allais encore démontrer le contraire, prouver au monde entier quand seulement quelques heures ma vie pouvait être intense. Mais le pied gauche au sol, ma journée allait être fameuse comme à chaque fois, ou du moins si elle était pourrie je pourrais prétexter que je m'étais levé du mauvais pied. Chopant mon portable au passage, direction la salle de bain, j'ôtais tous mes fringues une bonne douche ferait du bien. Regardant mes mails et sms rapidement, j'voyais qu'il fallait que j'aille voir une certaine Marlee, c'était quoi cette histoire ? Pour le job, un samedi après midi alors que je ne bossais pas, non surement pas ! Le sms était clôturé par un smiley magnifique qui voulait tout dire, j'pouvais presque imaginer October et Jamie à mes pieds, genoux à terre, comme si ils n'avaient plus d'autres choix ... ils devaient avoir sacrément confiance en moi, chose sur laquelle je n'aurais pas parier. Après tout comment je pouvais surveiller une jeune femme, alors que je n'avais moi même aucunes limites et que ma vie était un boomerang ou une bombe qui éclatait toutes les trente secondes, me faisant aller d'un endroit à un autre sans même savoir pourquoi mes talons changeaient de direction. Oui ma vie était décousue, imprévue ...

C'est plus de deux heures plus tard que je sortais de mon appartement de Soho pour rejoindre Brooklyn, à vélo c'était cool le vélo, j'allais transpirait comme un con, même si j'étais beau en toutes circonstances pour le coup c'était limite, mais écolo un jour, écolo toujours comme on dit.  Une fois arrivé devant la porte, je me présentais devant le perron et me mettait à taper sur la porte, à l'heure qu'il était tout le monde devait être debout. C'est le livreur de bonne humeur ... autant dire que le faire attendre menacerait cette bonne humeur ! Oui j'étais impatient, toujours en train de bouger et patienter était peut être l'une des choses que je détestais le plus au monde, pas parce que j'étais un prince juste parce que j'aimais tellement la vie que j'avais pas le temps d'attendre de la vivre.

Débauche. Je crois que c’est le mot qui me correspond le mieux. Je suis surement de ceux qui n’aiment pas vivre comme tout le monde, de ceux qui profitent, de ceux qui sortent, qui bougent, qui rêvent et n’ont aucunes limites. Ma vie était rythmée de soirées bien trop arrosées, de pétard bien trop consommés, de corps bien trop touchés, admirés, caressés. Et la nuit d’hier avait été semblable à tous les autres vendredi soir depuis des années. Un sms, une soirée, une bouteille, un mal de pieds horrible au réveil et cette ignoble barre au front, celle qui te prends quand tu as tombé une bouteille, celle qui te fait dire « plus jamais » mais qui réponds toujours présente les samedi matin qui suivent. Et c’est cette habituelle situation que je revivais ce matin. Hier soir, la soirée qui s’annonçait plutôt calme avait pris un tout autre tournant, alors que j’étais censée me reposer pour affronter ma journée de boulot du lendemain, un sms était venue me sortir du film que je regardais tranquillement avachie dans mon canapé. Et évidemment, les mots utilisés par  l’émetteur du textos avaient été choisi à la perfection : « alcool », « soirée », « changer les idées ». A croire que mes amis me connaissaient que trop bien et savaient comment me faire venir. Influençable ? Moi ? Mais non… Je m’étais préparée aussi vite que possible et m’était rendue à cette fameuse soirée, une très très bonne soirée.

16H30. La voisine du dessus fait encore des siennes et vient me sortir de mon sommeil si profond, ses talons aiguilles claquant sur le vieux parquet. Je lâche un grognement tout en passant mes mains sur mon visage et étire mon corps de tout son long. Machinalement, mon corps se tourne vers la table de chevet à ma droite pour attraper mon portable, j’appuie sur le bouton et tente d’ouvrir les yeux face à mon iPhone qui projette cette lumière horrible sur mon visage. Deux messages d’October. Que voulait-elle ? Elle devait sans aucun doute s’inquiéter encore une fois pour moi, ça m’agace et pourtant, au fond de moi je ressens comme un soulagement. Au moins quelqu’un s’inquiète. Je laisse tomber le téléphone sur la couette et tente de me lever mais mon corps me dit de rester couchée, j’essaie de me faire violence, c’est largement l’heure de sortir du lit. Alors je me lève et me traine jusqu’à la salle de bain ou je laisse tomber mes habits au sol et me réfugie sous l’eau chaude. Je soupire de plaisir, dieu que c’est bon, puis j’enfile mon habituelle tenue d’appartement : un short et un tee-shirt bien trop grand. L’appartement était vide, Nate et Ilhan ne semblent pas être là, je me dirige vers la cuisine et me fait couler un café tout en piochant une cigarette dans mon paquet posé sur le comptoir, je l’allume et attrape ma tasse pleine lorsque j’entends frapper à la porte. Bizarre. C'est le livreur de bonne humeur ... autant dire que le faire attendre menacerait cette bonne humeur ! Sur la pointe des pieds je regarde au travers du juda mais ne reconnait pas le visage du jeune homme qui se trouvait derrière. Ma main se pose sur la poignet et j’entrouvre la porte. Et à qui ai-je l’honneur ? je le regarde de haut en bas, mais son visage ne me dit vraiment rien.