Je suis surexcité comme si c'était le matin de Noël alors qu'on est loin d'être en décembre. La raison de ma joie c'est parce que Papa nous a offert à ma soeur jumelle et moi l'opportunité d'aller voir un match de football pour de vrai. C'est une première pour moi et j'attends ce moment depuis trop longtemps pour ne pas exprimer mon bonheur. Le football américain c'est notre truc à Papa, Oliana et moi. Il nous a transmis cette passion depuis qu'on est tout petits. « Mamaaaan ! » Je dévale les escaliers et me rue vers ma génitrice. J'avais déjà enfilé mon maillot des Quantico Football, l'équipe de la ville. Du haut de mes 1m35, on peut dire que c'était un peu grand pour moi mais c'est pas grave. Oliana qui patientait sur le canapé me regardait comme si j'étais un extraterrestre. « Papa arrive ? Il est où ? Est-ce que tu peux l'appeler ? » Je suis un gosse qui ne manque pas d'énergie... Ma mère acquiesce de la tête et tente de me calmer. Elle a l'habitude avec moi puisque je suis une pile électrique depuis toujours. J'ai même été diagnostiqué hyperactif à la naissance. « Evan, tu pourrais cesser de sautiller à droite à gauche pour moi ? Tu me donnes le tourni. » J'échappe un rire en l'entendant et fais un signe de tête. Elle se relève - puisqu'elle s'était mis à ma hauteur - et appelle mon très cher père. Je la suis et elle me laisse le téléphone. « Papa ! Tu viens vite ? On va être en retard au match sinon ! » - « Je suis là dans dix minutes mon fils. J'ai été un peu retenu pour finir les papiers d'adoption de Cameron. T'en fais pas, on sera même en avance ! Allez je raccroche, à tout de suite ! » Cameron. Toujours Cameron. Il n'a que ce prénom à la bouche depuis que son père est parti combattre je ne sais où et qu'on a dû l'accueillir. Je lève les yeux au ciel, légèrement agacé. Si je manque ce match à cause de ce garçon dont j'ai peur qui prenne ma place, ça ne fera qu'accentuer ma jalousie un peu plus envers lui. Surtout que ça ne passe pas depuis qu'il est là. Je ne l'aime pas et j'ai jamais tenter de le connaitre. Jusqu'à ce que le temps passe et qu'on grandisse...

Je crois que je n'ai jamais été aussi heureux. J'ai beau réfléchir, non, je n'ai pas le souvenir d'avoir un jour ressenti ça jusqu'à ce que je ne la rencontre. Je profitais des beaux jours d'été sous le soleil des Hamptons avec ma petite-amie. Ou dirait-je plutôt ma fiancée. Au bout de 5 ans de relation - la seule que j'ai eu d'ailleurs - il était temps que je saute le pas ! Je n'en doute pas une seconde, elle est celle qui me faut, celle avec qui j'allais finir mes jours. Pourtant, j'étais loin de m'imaginer que tout allait basculer en un soir. Nous étions à une fête privée, il y avait du monde et j'avais perdu Lena de vue. Assez surprenant étant donné qu'en temps normal, on ne se quitte pas d'une semelle. J'étais à l'extérieur à discuter avec un ami, ne me souciant pas de ce que ma fiancée faisait puisque je lui accorde ma confiance les yeux fermés. Il commençait à se faire tard mais j'étais bien trop pris dans ma discussion pour partir. Du coup, j'attrape mon téléphone et lui envoie un message pour lui prévenir. "Si tu me cherches je suis dehors sur la plage avec Matthew. Je sais pas pour combien de temps on a encore, tu le connais, alors si t'es fatiguée, rentre avant. Je t'aime." Deux heures plus tard, on arrive à la fin de notre débat sur la meilleure équipe de football. "Je pense que tu dors déjà mais j'arrive mon bébé." Épuisé, je n'ai qu'une envie c'est de me réfugier dans mon lit et de m'endormir aux côtés de ma cher et tendre. Seulement, alors que j'ouvre la porte de notre chambre, je vois un inconnu torse et Lena qui sort de la salle de bain, qu'une serviette recouvrant son corps. Je reste un instant immobile pensant être dans un piège, une sorte d'hallucination. J'ai fais de suite demi-tour, j'ignore où je vais comme ça, mais je pars d'ici. Je n'ai pas besoin d'en voir plus que ce j'ai vu. J'avais compris et c'était d'avance impossible de me raisonner. « Evan, attends ! » Je l'entendais crier mon prénom, me supplier de ralentir pour qu'elle ait une chance de me rattraper. Je ne veux pas de son explication. Tout était clair. Je n'avais même plus envie de voir sa tête. Entendre sa voix. Je me sens blessé, trahi. Elle est plus très loin derrière moi et parvient à attraper mon bras pour m'empêcher d'aller plus loin. Je suis curieux d'écouter ce qu'elle a à me dire alors je reste. « Sache juste que je t'aime plus que tout. Je n'ai jamais aimé quelqu'un autant que toi, n'en doute jamais s'il te plaît. » Ses mots me brisent le cœur. Si c'était le cas, elle m'aurait jamais infliger ça. Je comprends pas, je suis dans le flou. Qu'est-ce qui cloche chez moi ? Pourquoi elle est aller voir ailleurs ? « Arrête de parler. Je ne veux plus entendre quoi que ce soit de toi. Je pensais que t'étais mon âme soeur mais je me suis trompé. Tu peux finir ta partie de galipette ça m'est égal, c'est fini Lena. » Plus jamais depuis ce soir j'ai donné ma confiance à qui que ce soit. Je me suis fait avoir une fois, il n'y aura pas de deuxième.

Je ne l'ai jamais voulu, c'est même la chose que je craignais le plus en servant pour mon pays mais le destin en a décidé autrement. Ma blessure au genou me coûte une suspension et mon retour à la Grosse Pomme et j'ignore encore de quel façon je vais annoncer ça à ma famille. Enfin mes soeurs, puisque je ne parle plus avec mes parents depuis qu'Oliana et moi sommes partis de la maison. Même si quitter l'Afghanistan me frustre, une part de moi est tout de même contente de revenir aux sources. Je l'admettrai pas parce que ce n'est pas mon genre, mais je suis incapable de rester loin d'elles trop longtemps. Ni de Cameron d'ailleurs. J'avais mes résultats d'une consultation faite à l'hôpital dès mon arrivée à récupérer et je ne m'attendais pas à des retrouvailles pareils. « Surprise ! » Il était de dos et je n'avais pas encore vu son visage effondré. Je n'avais aucune idée de ce qu'il se passait là tout de suite. Jusqu'à ce qu'il se tourne vers moi, les yeux bien trempés et la figure amoché de bleus et d’égratignures. Il n'a pas fallu longtemps pour que l'inquiétude ne s'empare de moi. « Evan. » Sa voix est faible et j'ai le sentiment que la suite des événements va tout sauf me plaire. J'observe autour de moi, aucune trace d'Oliana. Ma pression monte mais j'essaye de la contenir. « Qu'est-ce qui s'est passé ? Où est ma soeur ? » Je vois que les mots peinent à sortir de sa bouche. En plus de ça, il tremble. Il tremble parce qu'il a peur sûrement. Mais est-ce qu'il y'a pas autre chose avec ça ? Comme de la culpabilité ? Je le connais suffisamment pour dire que c'est le cas. « On a eu un accident... J'aurais préféré qu'elle soit celle épargnée et pas moi... » J'ai pas eu le temps de réagir qu'un docteur nous rejoint. Vu la grimace qu'il fait, ça ne présage rien de bon et je ne me trompe jamais. « Mr Mackenzie. Votre femme a été sérieusement touchée notamment au niveau de son crâne. Elle a fait une commotion cérébrale et le risque d'amnésie est à 99% sûr... Je suis désolé. » Je suis dépité. Mon beau frère - et meilleur ami - aussi. J'ai la forte impression que le monde s'acharne sur moi. Ma blessure. Ensuite Oliana dans un état critique ? En quasiment en 48h. Sortez moi de ce cauchemar, pitié. « Tout ça c'est de ta faute Cameron. » C'est rude et peut-être trop excessif comme réaction, mais c'est plus fort que moi. Je ne supporte pas qu'on s'en prenne à ma famille et j'ai conclu de moi-même que la cause de l'accident avait un lien avec la carrière d'agent du fbi de mon beau-frère. Après tout, c'est bien connu, le FBI a des ennemis. Je regrette peu après de lui avoir dit une chose pareil. Rejeter toute la faute sur lui n'était pas juste. « Excuse-moi, j'aurais jamais dû te dire ça. C'est juste qu'elle est tout ce que j'ai. » - « Et t'es pas le seul. » Finalement, on se retrouve à faire une entreinte. Nous soutenir comme on l'a toujours fait. C'est ce dont on avait besoin. Et non se tirer dans le pied de l'autre, ce qui nous ressemble tellement pas. « On va traverser ça, j'en suis sûr. » Leur dire pour ma blessure assez sévère ce sera pour plus tard hein... Comparé à ce qu'ils vivent, ça n'a aucune importance.