Ce jour-là, je m'étais malheureusement résignée à passer le reste de ma soirée en compagnie de mon ex-belle famille. Charles Backes faisait un discours pour son mandat, ainsi qu'une conférence de presse sur les derniers événements s'étant produit à New-York et le programme de son parti et bien évidemment, mon père m'avait clairement fait comprendre que ma présence auprès de mon fiancé était requise. Oui, fiancé, puisque aux yeux de tous nous l'étions toujours. Je lâchais un petit soupir rien que d'y penser, redoutant cette mascarade plus que tout autre chose. Si seulement mon père n'était pas l'un des principaux investisseur de la campagne Backes, je serai déjà loin d'ici. La conférence se termina, et nous nous mettions tous en route pour la salle de réception où se déroulerait le dîner en l'honneur de Charles. Tout le gratin de l'Upper East serait présent sans aucun doute, et je savais qu'il faudrait faire bonne figure avec Gabriel. Je ne l'avais aperçu que de loin jusqu'à présent, débout à côté de son père comme d'habitude. Et tout ça m'agaçait au plus haut point, autant que ça me tordait le ventre. Au moment de sortir de la limousine, je sentais le stress monter. Je savais que les paparazzi seraient là, à m'attendre, prêt à nous submerger de questions Gabriel et moi. Mais surtout il serait là, lui. Prenant mon courage à deux mains, je plaquais un sourire golgate sur mon visage comme je savais si bien le faire et sorti de la limousine. Les flash fusèrent immédiatement dans tous les sens alors que je voyais Gabriel, juste là, en train de m'attendre avec son air serein qu'il savait si bien prendre en toute circonstances. Je me dirigeais vers lui avec assurance, bien qu'au fond de moi j'avais cette part d’appréhension à l'idée qu'il puisse me mettre un vent devant tout le monde. Nous ne nous étions pas encore revu depuis l'accord que nous avions passés, et c'était censé être le premier round de notre belle mascarade ce soir. Allait-il jouer le jeu ? Je souris en le regardant et j'étais persuadée que la presse n'y verrait que du feu. Mais l'absence d'étincelle dans mes yeux devait être évidente pour Gabriel.

Quand Gabriel m'attira à lui en posant une main contre ma taille, je failli laisser échapper un soupir de soulagement. Parce que oui, j'avais vraiment eu cette appréhension à l'idée qu'il puisse m'envoyer balader sous les yeux de tous alors que nous avions passé un accord. Je restais néanmoins tendue intérieurement, surtout quand nous arrivions dans les photographes qui nous bombardaient de questions. Je me sentais presque acculée pour le coup, bouffée par ces gens qui semblaient prêt à tout pour nous arracher la vérité. Non, nous n'étions plus fiancés. Non Gabriel ne m'avait pas pardonné, puisque c'était la guerre froide entre nous depuis un mois.. C'était le bordel le plus complet, et devoir faire semblant devant tout ces gens n'aidait vraiment pas. Je ne répondais rien, me contentant de sourire comme on me l'avait si bien appris sans ciller devant les flash, en refoulant toutes ces émotions qui m'envahissaient. Mais lorsque Gabriel déposa ses lèvres sur mon front dans un geste tendre.. j'avais juste envie de pleurer. Parce que tout ça ne signifiait rien, alors que nous avions tant partagé. Je surmontais les quelques secondes qui restaient avec difficulté et lorsque nous passions les portes de la salle de réception, j'en profitais pour me défaire discrètement de l'étreinte de mon ex. J'attrapais la première coupe de champagne que je voyais sur le plateau d'un serveur, et buvais une longue gorgée sans me soucier des réflexions qu'on pourrait faire, évitant le regard de celui qui se tenait juste à côté de moi.

Toute cette mascarade me rendait folle. Même si je ne laissais rien paraître, c'était un véritable tsunami au fond de moi. A vrai dire.. j'avais du mal à rester aussi proche de Gabriel. Je pensais que ça ne me ferait rien de le revoir, que toute la rancoeur que j'avais vis à vis de lui reviendrait naturellement et m'aiderait à le mépriser. Sauf qu'en plus de tout ça, il y avait la culpabilité. Ce sentiment qui me disait que j'avais déclenché l'étincelle qui avait définitivement fait péter notre couple. Et d'un autre côté, il m'arrivait de ne pas regretter, de me dire qu'il l'avait cherché. C'était tellement compliqué. Il alla chercher un verre au bar, et je n'avais même pas besoin de regarder pour savoir qu'il avait demandé un whisky. Je le connaissais si bien.. si bien oui, que ça faisait mal. Quelques minutes plus tard, nous étions invités à nous mettre à table et bien évidemment, je me retrouvais à côté de mon pseudo fiancé, face à mon père et mon beau-père qui nous tenaient à l'oeil comme des chiens de garde. Si j'avais pu, je me serai enfuie le plus vite possible d'ici. Gabriel tira ma chaise tel un gentleman, et je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'il jouait la comédie à merveille. Si je pouvais je tirerais la chaise tellement loin que tu tomberais à terre devant toute la foule lâcha-t-il entre ses dents, si bien que je fus la seule à l'entendre. Charmant commentai-je sur le même ton, m'essayant à ses côtés le sourire collé au lèvres. Fais attention de ne pas t'étouffer avec la nourriture, ça serait tellement dommage ajoutai-je avec ironie, avant de lever me verre avec les autres à la santé de Charles Backes.