25 décembre 1993. Y a la neige qui tombe un peu partout sur la ville faisant des rues un lieu d'émerveillement pour les plus petits. Pour les grands aux caractères d'enfant aussi. C'est beau à voir dans les yeux des gens, c'est Noël dans le monde. Puis y a les Carter qui paniquent. Qui gagnent les escalier dans une précipitation assez intense pour rejoindre la rue toujours aussi animés. New York, c'est la ville qui dort jamais.
Le travail a commencé qu'elle crie la jolie brune posant ses deux mains sur son ventre beaucoup trop arrondis. Le grand homme, lui, lève la main pour héler un taxi et aide la poupée a entrer dans celui ci.
On y sera bientôt, respire un grand coup. C'est beau de voir cet amour dans les yeux brillants du couple attendant l'évènement. Un bébé qui arrive bien trop tôt, qui n'était pas prévu et pourtant qui emplit leurs coeurs d'un amour bien plus fort que ce qu'ils auraient pu imaginer. Ils étaient jeunes les deux protagonistes. A peine la vingtaine et des rêves pleins les yeux. C'était le genre d'amour adolescent qui servait à alimenter les films pour les jeunes générations. Le genre d'amour qu'on croyait imbattable et au dessus de tout. Ils avaient défiés tout et n'importe quoi pour rester ensemble et le fruit de cette union se frayait un chemin pour voir à son tour le jour. La brune serrait sa main dans celle de l'homme qu'elle considérait comme son âme soeur fermant les yeux pour résister à la douleur. L'hôpital n'était plus bien loin, fallait tenir un peu. Rien qu'un peu. Juste assez pour qu'une horde de sage femme vienne jusqu'au parking pour la sortir d'ici. Juste assez pour qu'on l'emmène à temps dans une chambre à l'odeur trop peu familière. C'est le genre d'accouchement rapide comme ils diraient. A peine quelques heures de travail et les premiers pleurs du bébé résonnaient dans la pièce.
C'est une fille Moïra, on a une petite fille. Ils avaient voulu la garder la surprise. Jusqu'au bout. Et quand le minuscule petit être était déposé dans les bras de sa mère, elle ne pouvait retenir plus longtemps ses larmes.
Bonjour princesse. C'était beau, c'était présage d'une jolie petite vie sans anicroche. Et puis parfois, le destin s'en mêle.
PETITE CITATION
Elle a les yeux rougis, le visage un peu pâle et elle s'balance d'avant en arrière les genoux repliés sous son menton. Ça crie encore dans la maison. C'est une habitude maintenant. Au début c'était dans l'ombre, pour pas qu'elle entende la petite poupée et puis maintenant, personne le cache. Ça hurle pour tout, ça hurle pour rien. Et comme à chaque fois, elle attends dans un coin que la tempête s'calme. Elle a pas le choix, elle a à peine huit ans Siloë. Et elle entend ses parents s'déchirer chaque jour un peu plus parce que l'amour ça va, ça vient. Et puis maman, elle a fait quelque chose de mal. C'est pour ça que papa est aussi en colère, c'est pour ça que papa il est plus du tout le même. Elle est pas assez grande pour comprendre les dommages d'un coeur brisé mais il n'est plus le grand homme du passé. Il a mal, il crie et parfois il boit. Juste un peu au début, beaucoup plus maintenant. Maman, ça la met hors d'elle et elle, la petite poupée, elle subit sans comprendre.
POSE CE VERRE RICK ! qu'elle hurle encore une fois alors qu'un rire mauvais sors de la bouche de ce mari blessé. Et ça continue pendant des heures tout ça, les pleurs, les plaintes. Loë, elle pleure en silence et puis elle sort de sa cachette pour rejoindre les parents qu'elle ne reconnait plus. Elle ouvre grand les yeux tortillant cette peluche qu'elle trimballe depuis sa naissance.
Sors de là Loë qu'il lui dit bien trop brusquement. Mais elle bouge pas la petite, elle reste dans l'embrasure de la porte alors qu'il se lèvre dérapant pour la première fois. La fois de trop. Elle prend un coup et tombe par terre la petite poupée, mais elle pleure pas. Elle comprend pas ce qu'il vient de se passer mais maman vient à son secours la prenant dans ses bras pour la reconduire jusqu'à la chambre.
C'est rien princesse, tout vas s'arranger qu'elle lui murmure doucement. Tout vas s'arranger il paraît. Elle y croit Siloë. Elle a encore l'innocence d'une enfant alors oui, elle y croit. Tout iras bien, tout iras mieux demain. Si seulement c'était vrai..
PETITE CITATION
Les gens faisaient souvent des promesses qu'ils ne pouvaient pas tenir. Comme cette nuit là. Rien ne s'arrangeait, c'était faux. C'était toujours les même problèmes, les même dispute. Et dans tout ça, elle avait grandit Loë. C'était plus vraiment une enfant. Elle était en chemin vers le monde adulte, elle avait seize ans. Et comme tout les matins, avant de rejoindre le bus qui l'emmènerait en cours, papa avait pété les plombs. Comme tout les matins, elle avait prit un coup parce qu'il sentait encore le whisky à plein nez et qu'elle avait trop de bruit dans la maisonnée. Si il était vigilant au début, maintenant, il frappait au visage alors Siloë, elle attisait les regards, elle soulevait les questions. Les excuses, ça marchait pendant un temps mais plus personne y croyait. Tout le monde savait très bien ce qui s'passait le soir venu. Tout le monde savait à quel point elle en souffrait. Mais personne faisait rien et elle souhaitait chaque jour pouvoir sortir de ce cauchemar. Les traits tirés, elle affrontait la journée encore une fois dans la plus parfaite des solitudes. Elle avait pas tellement d'amis Loë. Personne sauf lui, Louis. Et il venait prendre place à ses côtés passant sa main sur sa joue l'air dépité.
Encore ce matin ? Elle haussait les épaules la petite poupée préférant garder le silence.
Un jour, on s'échappera toi et moi. On partira loin de tout ça. Le regard brillant elle le regardait. Son meilleur ami, son seul soutien. Le seul sur qui elle ne déversait pas sa colère. Et finalement elle chuchotait.
Je t'aime Louis. Pour l'espoir qu'il faisait naître chez elle, pour le repos qu'il lui donnait. Peut être qu'elle aurait abandonné s'il n'avait pas été là pour l'aider. Peut être bien ouais.
Demande ton émancipation. T'as rien à y perdre Blue. Demande là. Encore une fois elle haussait les épaules esquissant un faible sourire avant de se lever.
J'dois y aller.