You’re a kite dancing in a hurricane.
Le bruit de cette pluie battante qui venait s’écraser contre les vitres de cette chambre d’hôpital était totalement masqué par les cris du nouveau né. La mère avait souffert, elle avait poussé, elle avait crié, elle avait tout donné pour que la vie lui donne ce fils en retour. La pâleur et la froideur de ses murs d’un blanc pale n’y pouvait rien, aujourd’hui, la famille Carstairs était la plus heureuse de toutes, cela pouvait se lire sur leurs visages. La jeune femme relâchait l’étreinte sur la main de son mari. Elle l’avait serré si fort pendant l’accouchement qu’il n’avait désormais plus aucune sensation avec, mais il s’en foutait. Il avait un fils, un petit garçon qu’il allait aimer de tout son cœur, de tout son être. La peur et la douleur de la mise au monde avaient fait place au soulagement et à l’enthousiasme. La vie allait lentement reprendre son cours, ou plutôt donner à cette famille un nouveau départ. Sur la longue et sinueuse route qu’était la vie, c’était un virage à cent quatre-vingt degrés qu’il allait falloir négocier. Une nouvelle arrivée dans le foyer et toutes les habitudes, tout le quotidien allaient se retrouver bouleversé. Mais c’était un défi qu’ils étaient prêts à relever, ils avaient toujours aimé les challenges et celui-ci était probablement le plus beau que la vie pouvait leur offrir. Vivant avec passion, avec amour, ils étaient persuadés que ce bébé était la seule chose qui leur manquait pour être pleinement heureux. Un souffle d’air chaud, quelques larmes, un baiser sur son front plissé. Il était là, bien vivant, blottit dans ses bras, ne demandant qu’une seule chose. Vivre. Vivre une vie que ses parents espéraient bien remplie, que ce soit d’aventures ou même de joie. Alors bien sûr, ça n’allait sûrement pas être facile tous les jours, cela faisait une bouche de plus à nourrir dans le foyer, mais les parents Carstairs s’étaient jurés de faire tout ce qu’ils pouvaient pour rendre cet enfant heureux. Luckaël, le père, était chef de la police. Il était d’ailleurs encore plus heureux que cet enfant soit un garçon, cela lui ferait quelqu’un pour reprendre la relève il serait trop vieux du moins c'est ce qu'il espérait au fond de son cœur. Thea, la mère, travaillait comme vendeuse dans un magasin de prêt-à-porter. Les revenus de la famille étaient modestes, ils en avaient bien conscience, mais pour eux, l’amour valait bien plus que toute forme de richesse, un enfant élevé dans l’amour ne pouvait qu’être heureux et c’est comme ça qu’ils comptaient élever leur fils, fils qu’ils avaient décidé de prénommer Timothy.
Plus les années passaient, plus les disputes se multipliaient, sous les yeux impuissants du bambin, voyant ses parents se déchirer.
« Pourquoi maman pleure ? » -
« C'est de ta faute. » Il portait, à quatre ans, tout le poids de l'échec de leur mariage. Puis, le jour de son anniversaire, pour ses cinq ans, sa mère prépara un gâteau mais, préféra attendre que son père rentre pour y toucher. Mais, il ne revint pas, durant quatre mois, il ne revint pas. Lorsqu'il disait travailler tard, il allait voir une autre femme. Lorsqu'il retourna à la maison, c'était seulement pour déposer les papiers du divorce qu'était censé signer la mère du bambin mais, il fut chassé par un lancer d'assiettes.
« Tu sais, Timothy, maintenant, c'est juste toi et moi. Ton père ne désire pas notre bonheur alors, montrons-lui qu'on n'a pas besoin de lui. » « Ce 'est pas si mal que ça, en fait. Je sens qu'on va s'y plaire, qu'est-ce que tu en penses ? » Voilà les paroles de Mme Carstairs envers son unique fils sauf, que de son côté il vint à souffler, prêt à lui cracher tout un amas d'horreurs au visage mais, une nouvelle fois encore il se retenait pour éviter de la blesser.
« Ouais, pour les psychopathes je suis sûre, que c'est parfait. » Annota-t-il en jetant un bref coup d’œil au reste de la pièce, forcé de constater que cet endroit n'était pas à son gout. Timothy n'avait qu'une seule envie, prendre mes jambes à son cou et déguerpir aussi vite que possible.
« Ne sois pas aussi mauvais tu veux. » Il se retourna. Il n'avait absolument rien d'autre à rajouter. Une fois encore, il n'allait pas au bout de ce qu'il avançait. En réalité, peu importe ses propos, c'était bien trop tard. Il ne pourrait aucunement remonter le temps. Les problèmes familiaux venait entièrement de sa faute, du moins, ce que Timothy pensait depuis qu'il été né. En même temps, c'est son père qui lui avait mis ses âneries en tête. Et, à force de les entendre chaque jour avant le départ de son père, il le pensait réellement. Voilà pourquoi aujourd'hui, il se retrouvait à l'opposer de sa ville natale, dans une maison qui n'a jamais été la sienne et, qui ne le saura jamais.
« Tu crois sincèrement que ça, me fait plaisir de te voir réagir ainsi ? » Il haussa les épaules, accompagnant d'un bref mouvement de tête. Timothy ne souhaitait pas la vexer ni même la pousser dans ses derniers retranchements mais, s'était-elle seulement posée la question de savoir si oui ou non, cet endroit allait correspondre à son fils ? Quelle importance, après tout.
« Tu sais, ce n'est pas parce que je suis fiancée à toi que je suis dans l'obligation de te porter dans mon cœur, loin de là même. » Cracha-t-elle avant de lui claquer la porte au nez, la rage au ventre. C'était toujours la même histoire, toujours les mêmes remarques amers et horrifiantes et même si avec le temps elle avait fini par ce forger une petite carapace, ça ne faisait que l'affecter un peu plus à chaque instant. Elle le détestait, tout simplement. Se laissant glisser le long du mur, la jeune demoiselle prenait sa tête entre ses doigts avant d'étouffer un lourd soupire, complètement lassée de cette vie. S'en était trop, beaucoup trop. Elle resta ainsi durant de longues minutes, espérant pouvoir échapper à ce calvaire ou même se réveiller d'un affreux mauvais rêve mais, en vain.
« Ma dulcinée ? » Un surnom qu'il lui adressait à merveille dès qu'ils étaient en dispute où en guerre mais, surtout un surnom que la jeune femme n'appréciait guère pas. De petits coups retentirent derrière et presque automatiquement, la jolie se releva, peu certaine de vouloir lui faire face.
« Je n'ai pas envie de te voir Timothy. » Marmonna-t-elle, la voix tremblante.
« S'il te plait ... » Il semblait toujours aussi froid, si peu déterminé lui aussi à face face à la jeune femme mais, ce fût plus fort qu'elle et elle se résigna finalement à lui ouvrir, n'osant pas affronter son regard.
« Tu vas vraiment m'en vouloir pour une connerie de ce genre ? » Il se passa une main dans les cheveux, ne sachant que faire ni quoi dire d'autre. Puisqu'au final, il savait pertinemment qu'il n'arrêtait pas de la faire souffrir mais, c'était tout simplement en cause des parents de la jeune fiancée. Puisqu'ils les avaient forcées à se marier ensemble alors que la jeune femme et le jeune homme n'avait absolument pas envie.
« Je t'en veux pas Timothy. Pour tout dire, je me balance complètement de tes conneries, comme tu le dis si bien. Mais, pour être franche j'en ai marre de cette vie. J'en ai marre de devoir faire comme si tout était parfait, de devoir prétendre être amoureuse de to .. d'un homme comme toi. Évidemment, tu ne peux pas comprendre, tu ne comprendras même jamais puisque toi, t'arrive à jouer les hommes libres, t'arrive à faire tout ce que n'importe quel mec célibataire ferait. Mais, tu sais ce qui m'insupporte le plus ? » Cracha-t-elle au jeune homme avec une telle haine que cela en devait glaciale cet instant précis.
« C'est toi, tout simplement. Tu es un être abject, méprisable et ... tu me rends complètement malade, voilà. Devoir vivre sous le même toit que ta petite personne, c'est le cauchemar assuré, tu n'avais pas encore capté ? » Puis, incapable de se retenir, elle éclata en sanglot. Passant une main sur ses yeux mouillés, elle étouffa quelques sanglots avant de continuer.
« Quand mon père m'a dit que je n'avais pas le choix, que c'était ma destinée et que je me devais d'épouser cet homme dont il ne cessait de me parler, en l'occurrence toi, j'ai eu cette impression qu'on me coupait les ailes, qu'on me privait de ma liberté, en quelque sorte. Seulement, je suis resté forte, je me suis dis que ça ne pouvait être si horrible que ce que je pouvais penser, je me suis même surprise à penser que ça pourrait être bien, que je pourrais finir par céder et tomber amoureuse, causant ainsi le bonheur de tous. Puis t'es arrivé et tu as tout foiré. » Sa voix tremblotait à nouveau et, elle peinait à rester calme. Face à elle, le jeune homme n'avait toujours pas bougé d'un poil, ses prunelles toujours posées sur la jolie. En vingt-huit ans de vie, jamais on ne lui avait parlé ainsi ou du moins, jamais ça ne l'avait autant atteint. Hochant lourdement la tête, il prenait une profonde inspiration puis, se ravisa, ne sachant que dire.
« Va-t-en. File au bar retrouver l'une de tes bimbos, va prendre un coup avec tes potes je ne sais pas mais, dégage. » Timothy ne l'écouta pas pour autant, restant debout, le regard toujours rivé sur elle.
« Reagan ... Ça ne fait pas plus mon bonheur mais, tu vas devoir t'y faire. » C'est tout ce qu'il arriva à dire avant de lui tourner les talons, tout autant déboussolé que sa fiancée. Ce n'était pas faux. D'ici quelques mois, ils allaient faire vœux de s'aimer et de se chérir jusqu'à la fin des temps, ils allaient s'unir l'un à l'autre, se marier et se promettre l'éternel amour. Que des foutaises, d'horribles promesses mensongères.