Je ne savais pas ce que je faisais, qui j'étais, je n'étais plus conscient que d'une chose : cette soirée je n'allais pas la passer seul. Son image me hantait, elle que j'avais aimé et qui m'avait trahi, mon cœur se serrait, honteux de s'être fait avoir ainsi. Et pourtant. Pourtant je rêvais de revivre une expérience comme celle-ci, quelque chose d'aussi fort, qui me ferait vibrer, un amour sincère, une relation dans laquelle je me donnerai à cœur perdu. Cette chance m'avait été donné mais reprise par ma peur de souffrir. Cette peur incessante qui me hantait, me pourrissait la vie chaque jour, ne m'apportait que souffrance, une douleur que je redemandais encore et encore. Ce soir, j'allais encore en baver, mon cœur allait encore se serrer car j'avais invité la femme qui avait su m'offrir une nouvelle vision de l'amour. Une femme que j'avais lamentablement quitté pour la retrouver après, désespérée, attendant un bébé,et, pour une fois, j'avais pris mon courage à deux mains et avais décidé de rester. Pour elle, pour moi, pour peut-être avoir une chance de me rattraper. On sonna à la porte, interrompant mon flot de pensée, machinalement j'allais ouvrir, voyant ainsi apparaître une silhouette familière, celle de Vegas. « T'es venue » murmurais-je, surpris qu'elle se tienne là devant moi, qu'elle ait répondu à mon appel. En la voyant, j'oubliais tout, mon ex qui m'avait trompé, mon père qui était mort par ma faute, il n'y avait plus qu'elle qui comptait. Des sentiments longtemps enfouis, que je pensais oubliés, refirent doucement surface, me forçant ainsi à me braquer. Je ne souffrirais pas à nouveau, pas à cause de Vegas. Fronçant les sourcils, je me décalais pour la laisser entrer avant de refermer la porte derrière elle. « Fais comme chez toi, tu connais bien l'endroit après tout ! » lui dis-je, tentant d'être naturel mais sa simple présence me perturbait, me fragilisait, tel un gosse qui avait peur de faire une connerie, de trop se laisser aller et de tout détruire autour de lui.

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Les bêtises c'étaient mon truc, mon domaine, si une couronne devait être remise, je la gagnerai sans hésitations et avec beaucoup de fierté. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il m'avait fallu des années pour en arriver là, pour réussir à cacher mes sentiments, à les nier, à ne plus souffrir à cause de la connerie de l'Homme. Mais certaines personnes réussissaient à briser cette carapace, à me faire souffrir malgré tout. Vegas était l'une d'elle, m'ayant rencontré au lycée, elle savait qui j'étais vraiment, ce qui m'était arrivé et comprenait sûrement mes réactions parfois disproportionnées. « Parce que j'ai pas droit de juste vouloir te voir ? » demandais-je, l'air faussement amusé, tentant d'être le connard habituel mais je ne pouvais pas, pas avec elle. Pourtant, ce n'était pas faute d'essayer. M'asseyant à côté d'elle, je passais un bras autour de ses épaules et, rapprochant mes lèvres de son oreille, murmurais doucement : « Tu sais bien que je ne peux pas me passer de toi, t'es ma drogue ». Je déconnais, totalement mais on s'en foutait, j'étais comme ça avec Vegas, un gosse de cinq ans qui faisait n'importe quoi dans l'espoir qu'on le remarque, qu'on l'engueule ou, au contraire, qu'on le prenne dans ses bras. « Tu penses vraiment que je t'aurais appelé pour manger des cookies ? » lançais-je sur un ton surpris avant de lâcher un petit rire. Décidément, cette femme était vraiment étrange.

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Tout à coup, sans prévenir, elle tourne son visage vers le mien, apparemment surprise de ma révélation, enfin ma pauvre blague plutôt. Résultat ? Je n'avais pas eu le temps de décaler mon visage, permettant donc à son nez de cogner le mien violemment, instinctivement je me reculais, posant une main sur mon visage. Putain ce que ça faisait mal ! Malheureusement, Vegas semblait plus souffrir que moi, des gouttes de sang tombant de ses narines coloriées maintenant en rouge. Paniquée, la jeune femme femme n'arrêtait pas de crier, observant son sang sur le sol, telle une enfant qui saignait du nez pour la première fois et, moi, en bon pote qui la regardait, hallucinant de son manque de réflexes. « Bouge pas, je vais te chercher de quoi arrêter ça! » lui ordonnais-je, me levant aussi vite que possible afin d'aller chercher la boîte derrière. Sortant un mouchoir, je le mis carrément sur son nez, craignant qu'elle ne soit pas assez lucide pour comprendre quoi faire avec. A l'aide de mon pouce, je bouchais donc avec le mouchoir la narine qui saignait, haussant son visage avec mon autre main, restant dans cette position quelques minutes, le temps qu'un caillot se forme. « Tu vois ? Plus rien, c'était pas si terrible ! » la rassurais-je un sourire aux lèvres avant d'éclater de rire, repensant à sa réaction. Une véritable enfant, aucun sang froid et tout ça juste pour quelques gouttes qui étaient tombées ! Ouais ça avait été n'importe quoi, un spectacle hilarant et bon sang ce que j'avais besoin de rire ces temps ci ! « Je savais que je te déstabilisais mais au point qu'un truc comme ça arrive... » plaisantais-je, riant encore quelque peu. Cette femme était un cas, imprévisible, sauvage mais putain qu'est ce que j'aimais ça.

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