elle est où maman ? Tu poses ton regard sur la petite fille, haute comme trois pommes, dont le regard est empreint d'inquiétude. Pour être franc, tu ignores quoi répondre, à cette question. Tu es censé expliquer à un enfant, ton enfant, que la vie est cruelle. Qu'elle vient de perdre sa maman dans un malheureux accident de voiture et qu'un retour en arrière est impossible. Tu te racles la gorge, dans une tentative désespérée, de trouver le courage d'expliquer le pourquoi du comment. La vérité est que tu es meurtri, par cette nouvelle, parce qu'elle vient de perdre sa mère et que tu viens de perdre ta bien-aimée. Tu poses, successivement, ton regard sur tes enfants. L'ainée de huit ans et la petite dernière de quatre ans. au paradis, mon coeur ... Tu voudrais pouvoir prendre leur peine, à cet instant précis. Lorsqu'elles s'effondrent de chagrin. Tu voudrais oublier cette lueur dans leur regard. L'incompréhension de la vie. Tu ne peux pas, malheureusement. Impuissant, tu dois subir ce déferlement de tristesse. Tu dois être fort, seulement. Parce que tes enfants ont besoin, à cet instant, d'un pilier. Tu subis, ton chagrin, silencieusement. Parce que tu dois prioriser une détresse beaucoup plus immense que la tienne. Le chagrin d'un coeur d'enfant.

Les journées passent et tu as l'impression que ton monde est au ralenti. Tu peines encore à comprendre le pourquoi du comment. Car, à la base, ton métier rendait ton existence beaucoup plus précaire que la sienne. Tu te souviens, vous aviez déjà parler de la possibilité que tu ne reviennes pas sain et sauf à la maison, parce que ton métier est hautement dangereux. Seulement, vous n'aviez jamais parlé de l'éventualité que ce soit elle que tu devrais enterrer et pleurer. Tu tentes, du mieux que tu peux, de gérer la situation. De jongler avec le chagrin de tes enfants et cette colère que tu ressens, au fond de ton coeur. Tu es seul. en cours.